Arnaud Montebourg : «Le gouvernement doit empêcher les fonds vautours de dépecer Atos» [LE FIGARO]

 

Avant-Propos blog : ça devient flatteur de voir que A. Montebourg, après BFM, reprend mot pour mot des vieux articles du blog, y compris des éléments de langage 🙂

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COPYRIGHTS LE FIGARO –

TRIBUNE – Le rachat par des fonds anglo-saxons d’1,9 milliard de dette d’Atos va conduire inévitablement à la liquidation de l’entreprise, alerte l’ancien ministre de l’Économie. Étant donné son importance stratégique, l’État doit tout faire pour préserver l’entreprise, estime-t-il.

La crise persistante depuis trois ans d’ATOS, acteur technologique majeur en France, représente un tournant dangereux pour la souveraineté numérique du pays et de l’Europe. Depuis plusieurs années, ATOS a joué un rôle central dans la cybersécurité, le calcul intensif et les services numériques. ATOS est depuis 20 ans un acteur clé de la transformation numérique en Europe. Avec une présence dans les domaines de la cybersécurité, des services de calcul intensif et des services numériques de pointe, l’entreprise a joué un rôle de premier plan dans des projets nationaux essentiels à la sécurité et à la compétitivité de la France, comme la gestion des infrastructures critiques et la défense ou le contrôle-commande nucléaire.

TRIBUNE – Le rachat par des fonds anglo-saxons d’1,9 milliard de dette d’Atos va conduire inévitablement à la liquidation de l’entreprise, alerte l’ancien ministre de l’Économie. Étant donné son importance stratégique, l’État doit tout faire pour préserver l’entreprise, estime-t-il.

La crise persistante depuis trois ans d’ATOS, acteur technologique majeur en France, représente un tournant dangereux pour la souveraineté numérique du pays et de l’Europe. Depuis plusieurs années, ATOS a joué un rôle central dans la cybersécurité, le calcul intensif et les services numériques. ATOS est depuis 20 ans un acteur clé de la transformation numérique en Europe. Avec une présence dans les domaines de la cybersécurité, des services de calcul intensif et des services numériques de pointe, l’entreprise a joué un rôle de premier plan dans des projets nationaux essentiels à la sécurité et à la compétitivité de la France, comme la gestion des infrastructures critiques et la défense ou le contrôle-commande nucléaire.

Un retour en arrière s’impose : ATOS a de tout temps poursuivi une stratégie d’acquisition pour croître et renforcer sa position dans des secteurs technologiques émergents. Cependant, cette politique d’acquisition rapide, bien qu’ambitieuse, a engendré des difficultés inattendues. En 2018, ATOS a notamment acquis Syntel, une importante entreprise américaine de services informatiques, pour environ 3,4 milliards de dollars. Cette acquisition visait à renforcer la présence d’ATOS sur le marché américain et à intégrer de nouvelles compétences en support informatique. Mais cette acquisition n’a pas permis de générer les synergies attendues, faute d’une intégration efficace dans les priorités industrielles de l’entreprise. ATOS s’est retrouvée avec des activités peu rentables, dépendantes de services de « Legacy IT » c’est-à-dire des services de support et de maintenance de systèmes informatiques vieillissants qu’il eût fallu faire évoluer vers des solutions cloud. Cette dépendance aux services de maintenance conventionnels dans un marché en transition rapide vers le cloud computing et l’intelligence artificielle, a rendu ATOS de plus en plus vulnérable face à la concurrence des géants du secteur comme Amazon Web Services, Microsoft, et Google, qui ont acquis, à force d’investissements, une forte avance dans les technologies de pointe et des ressources considérables pour innover.

Pour tenter de répondre à sa propre erreur, ATOS a annoncé subitement en 2023 une scission en deux entités distinctes : Tech Foundations, qui serait centrée sur les services informatiques traditionnels, et Eviden, orientée vers des domaines d’avenir tels que le cloud, la cybersécurité, et l’intelligence artificielle. Cette stratégie a été immédiatement critiquée pour son manque de vision à long terme et parce que surtout elle ne corrigeait pas les conséquences de 20 années de gestion calamiteuse dissimulée derrière une communication financière avantageuse mais infidèle.

La dette totale d’ATOS atteint désormais 4,6 milliards d’euros, dont 3,65 milliards seront exigibles d’ici fin 2025, créant une pression intense pour trouver rapidement des solutions de refinancement

La dette d’ATOS, estimée à 3,7 milliards d’euros, a été dans le cadre de ce plan, transférée intégralement à Eviden, compromettant – au vu et au su de tous – ses capacités d’investissement pour rivaliser avec les autres acteurs du marché. Cette scission aux buts purement financiers et sans intelligence industrielle, a été sans surprise soutenue par les banques créancières, tout comme malheureusement par l’État. Elle avait un objectif : réduire le fardeau financier en le faisant prendre en charge par la partie rentable pour sauver la partie vieillissante. De l’anti-stratégie ! Le rejet immédiat de cette solution par les actionnaires et le marché montra l’absurdité de ce premier plan. En divisant ATOS en deux entités, l’entreprise affaiblissait ses capacités d’investissement et augmentait encore la méfiance de ses actionnaires et de ses clients. Cette scission incapacitante n’a finalement pas été mise en œuvre au plan opérationnel et ATOS y a renoncé en comprenant tardivement que créer deux entités isolées diminuait les chances de survie individuelle de chacune d’entre elles dans un marché technologique archi-compétitif.

Résultat de ces errances : la dette totale d’ATOS atteint désormais 4,6 milliards d’euros, dont 3,65 milliards seront exigibles d’ici fin 2025, créant une pression intense pour trouver rapidement des solutions de refinancement !

Pour réduire dans l’urgence sa dette, ATOS a tenté de vendre certains actifs, notamment sa division Big Data et Sécurité (BDS) à Airbus, dans une transaction estimée entre 1,5 et 1,8 milliard d’euros. Cette vente visait à alléger considérablement le poids de la dette du groupe, tout en recentrant ATOS sur les activités porteuses cloud et cyber. Cependant, après un examen approfondi, Airbus a renoncé à cette acquisition, laissant ATOS dans une situation encore plus précaire et accroissant encore des inquiétudes sur la capacité de l’entreprise à trouver des alliés dans sa déconfiture.

Faut-il rappeler qu’ATOS emploie 100.000 salariés dans le monde et 13.500 en France ? Qu’elle est un acteur clé de la cybersécurité en France, car sa division BDS joue un rôle essentiel dans la protection d’infrastructures critiques en France, et que ses activités couvrent des secteurs aussi sensibles que la défense nationale, l’énergie et les télécommunications. La perte de cette unité ou son rachat par un acteur étranger affectera de façon lourde et grave l’indépendance technologique de la France et soumettra notre pays à des entreprises extérieures, exposant ainsi les infrastructures stratégiques françaises à des cybermenaces internationales. Dans un contexte géopolitique tendu, où les cyberattaques se multiplient, il est primordial pour la France de maintenir sous contrôle national les technologies de sécurité et de gestion de données utilisées par nos infrastructures critiques. Il revient à l’État et au gouvernement de garantir pour des raisons de souveraineté que les compétences d’ATOS restent sous contrôle national pour prévenir tout risque de dépendance vis-à-vis de puissances étrangères. Tel n’est pas le cas aujourd’hui, il convient donc de sonner l’alarme !

Le gouvernement aurait dû intervenir depuis longtemps, par des investissements directs et avisés, soit en facilitant des partenariats public-privé, soit en mettant sur la table des commandes de souveraineté, pour obtenir le changement d’une gouvernance défaillante et fautive

En plus de son rôle dans la cybersécurité, ATOS est un leader dans le domaine du calcul intensif, une technologie indispensable pour la simulation militaire et la dissuasion nucléaire. Les capacités de calcul intensif d’ATOS (Bull) permettent de modéliser des processus et scénarios complexes et de garantir l’efficacité et la modernisation des systèmes de défense sans recours à des tests nucléaires physiques. En cédant ces capacités à des intérêts étrangers, la France risquerait de perdre son indépendance militaire et technologique dans ce domaine.

Que faire alors ? La seule solution pour sauver ATOS aurait dû être depuis longtemps de procéder à un écrasement intégral des dettes, à tout le moins leur restructuration en convertissant une partie de celles-ci en actions ; une telle négociation avec les créanciers pouvait aboutir à un compromis favorable à la survie de l’entreprise en faisant baisser la pression des créanciers. Elle aurait certes entraîné une large dilution des actionnaires, mais elle aurait permis à ATOS de réduire les intérêts de sa dette et dégager des fonds pour ses priorités technologiques à forte valeur ajoutée. Une telle restructuration aurait surtout permis d’éloigner les concurrents et prédateurs financiers pour permettre à ATOS de réorienter ses activités vers des technologies d’avenir, celles dont la nation a un besoin souverain et criant.

Le gouvernement aurait dû intervenir depuis longtemps, par des investissements directs et avisés, soit en facilitant des partenariats public-privé, soit en mettant sur la table des commandes de souveraineté, pour obtenir le changement d’une gouvernance défaillante et fautive ainsi que la protection des actifs stratégiques. Il a préféré détourner le regard, comme il l’a fait sur le surendettement des comptes publics ; il a négligé cette entreprise et les intérêts stratégiques nationaux, en s’abritant derrière une doctrine obsolète et hypocrite de séparation des intérêts publics et privés. Il a ainsi commis une faute grave en abandonnant cette entreprise à la prédation de ses dirigeants et de ses créanciers. Ces derniers sont précisément les prêteurs qui ont permis et soutenu les errements stratégiques – y compris les tentatives de scission destructrices de valeur – de l’entreprise.

Les créanciers ont pourtant toujours un intérêt à soutenir un redressement industriel pour augmenter les chances de remboursement. Toutefois, pour garantir l’efficacité et la pertinence d’une telle restructuration, il était indispensable qu’un plan clair pour orienter les ressources vers des domaines à forte croissance soit produit, soutenu par une gouvernance solide, capable de restaurer la crédibilité de l’entreprise auprès de ses actionnaires et de ses clients. Un changement de la gouvernance – défaillante, instable et médiocre mais toujours en fonction – était une nécessité essentielle pour rétablir la confiance dans la stratégie d’entreprise d’ATOS. La nomination de dirigeants ayant une expertise dans les technologies émergentes, comme l’intelligence artificielle, le calcul intensif et le cloud, est aujourd’hui urgente pour repositionner l’entreprise dans les secteurs de croissance rapide. Rien de tout déjà n’a malheureusement été imposé par le Gouvernement qui disposait pourtant des leviers moyens d’action que procure toute situation de redressement judiciaire.

Mieux vaut ruiner les fonds vautour que de perdre ATOS et ses actifs stratégiques pour la nation !

Mais voici maintenant le pire : profitant de la vacance -volontaire ?- du pouvoir, les Hedge Funds et fonds activistes anglo-saxons viennent de racheter à la casse l’équivalent d’1,9 milliards de dette décotée d’ATOS que les banques créancières ont mise sur le marché pour réduire leur exposition : Davidson Kemper, D.E Shaw, Fidera, Tresidor, Boussard & Gavaudan, Syquant, Schelcher Prince, soutenus par deux seules banques, l’une anglaise, l’autre allemande (Deutsche Bank trading desk, Barclay’s trading desk), aucune banque française n’ayant voulu s’acoquiner à cette opération.

Ces fonds viennent de prendre le contrôle d’ATOS avec le soutien du tribunal de commerce de Nanterre sous la présentation d’un plan de sauvegarde qui n’est autre qu’un plan de défaisance et de perte majeure de souveraineté.

Le plan consiste à convertir en actions 2,9 milliards de dettes dont les Hedge Funds et fonds activistes cités viennent d’acquérir la majorité. Les voici donc à la tête d’ATOS, certainement pas pour redresser l’entreprise, mais pour la liquider pièce par pièce en valorisant leur investissement ! Le plan présenté comme une sauvegarde est en vérité un plan dissimulé de liquidation. Il consiste comme le prouvent les documents publics à transférer la totalité des actifs d’ATOS dans une holding financière en Hollande de droit luxembourgeois dans l’objectif d’échapper à la fiscalité sur les plus-values de cession des actifs et d’augmenter les gains des fonds vautours qui se paient invariablement sur la défaisance et la vente par appartement des actifs acquis à la décote. Pis encore, le transfert des actifs vers la Hollande a pour objectif de faire échapper la revente des morceaux d’ATOS au contrôle des investissements étrangers (décret du 14 mai 2014, dit « Décret Montebourg ») qui a pour objectif d’interdire la migration d’actifs stratégiques entre les mains d’entreprises étrangères.

Ce plan doit faire l’objet d’une riposte de nature patriotique de la part du gouvernement. Mieux vaut ruiner les fonds vautour que de perdre ATOS et ses actifs stratégiques pour la nation ! Le Parquet financier doit faire appel de la décision naïve et non informée du tribunal de Nanterre qui a approuvé ce plan de liquidation cachée. Et le ministère de La Défense doit choisir les supercalculateurs d’ATOS venus de Bull pour les armées, le renseignement et les industriels de la défense, capables de l’avis de tous d’améliorer les capacités électroniques et les algorithmes embarqués dans les systèmes de défense, plutôt que de faire travailler Hewlett Packard, des Américains obsolètes plaçant la Défense française sous le contrôle de fait de la Maison Blanche. Bref, une nouvelle fois branle-bas de combat pour la France !

https://www.lefigaro.fr/vox/economie/arnaud-montebourg-le-gouvernement-doit-empecher-les-fonds-vautours-de-depecer-atos-20241030

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Si vous avez subi des pertes en tant qu’actionnaire ou ancien actionnaire d’Atos, ou en tant que porteur d’options donnant droit à des actions, sachez qu’une action en réparation est en cours de préparation. Des informations complémentaires sont disponibles sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires). Notre association tente, pour la première fois, de lancer une action groupée financée par des fonds spécialisés dans le financement de contentieux. Il s’agit d’une première en France dans un dossier où des manquements à la réglementation boursière et comptable sont suspectés. Et il s’agit aussi d’une chance pour les plaignants puisque cette action est sans aucune avance de fonds, ni aucun engagement financier, hormis en cas de victoire.

La France connaît un précédent significatif de financement de contentieux par des fonds spécialisés. Ce précédent fait suite au gel des avoirs du fonds H20, consécutif à une violation de la réglementation applicable aux gestionnaires de fonds d’actifs. Bien que ce précédent soit quelque peu différent du nôtre, les discussions avec les fonds initiées dès février avancent car il y a de l’intérêt pour pénétrer un nouveau marché en France. Ces discussions sont donc longues en raison de l’absence de précédents, mais elles progressent.

En résumé, que vous soyez actionnaire ou porteur d’options donnant droit à des actions, vous pouvez espérer recouvrer une partie de vos pertes et vous joindre à la cause sans qu’aucun versement de votre part ne soit nécessaire. La réussite de l’action dépendra du nombre de « pertes éligibles » que nous pourrons rassembler. Le caractère éligible ou non des pertes dépend de l’issue des investigations sur les comptes du groupe ces dernières années. Si vous n’êtes pas encore préinscrit sur le site de l’UPRA, il est encore temps de le faire. Un site web sera entièrement dédié à l’action, on espère courant automne.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€ minimum, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… qui vont se monter en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds de litige. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

www.upra.fr