Atos : David Layani se retire, les créanciers seuls en lice, Daniel Kretinsky en embuscade [LE FIGARO]

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Walter Butler et Econocom, qui avaient permis à David Layani de financer son offre de reprise, se sont a priori retirés de la table des négociations. Les discussions se poursuivent avec les créanciers.

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Des rebondissements dignes d’une série Netflix, qui prêteraient à sourire si le sort de 100.000 salariés n’était pas en jeu. Mardi soir, à l’issue d’une réunion au sommet entre l’administratrice judiciaire d’Atos Hélène Bourbouloux, les créanciers ainsi que le consortium OnePoint mené par David Layani, Walter Butler et le groupe Econocom, ce dernier a éclaté. Selon nos informations, qu’Atos devrait confirmer ce matin, Walter Butler et Econocom ont quitté la table des négociations, laissant David Layani sans autres options que de retirer sa proposition.

Les négociations se poursuivent avec les autres créanciers pour le plan de sauvetage d’Atos, endetté à hauteur de 4,8 milliards d’euros. Toujours selon Le Figaro, le groupe d’informatique a reçu une lettre de Daniel Kretinsky dans laquelle ce dernier se dit toujours prêt à participer à la restructuration financière et se pose en solution auprès des créanciers. Mais la balle est désormais dans le camp des porteurs de dette, qui ont toujours dit pour un groupe représentant la moitié des créances d’Atos qu’ils étaient prêts à mener seule la restructuration.

La semaine du 24 juin avait été cochée par l’entreprise pour obtenir un accord de principe entre les protagonistes. D’accord, il n’y aura jamais eu. Ce mardi matin, confirmant les révélations du Figarole consortium Onepoint, Butler Industries et Econocom n’a pu que constater «que les conditions n’étaient pas réunies pour conclure un accord ouvrant la voie à une solution pérenne de restructuration financière et de mise en œuvre du projet One Atos». Atos a confirmé ce retrait, ajoutant néanmoins que les discussions se poursuivaient avec les créanciers, ces derniers ayant affirmé qu’ils pouvaient reprendre la part apportée par le consortium (175 millions d’euros). Depuis plusieurs jours déjà, l’entourage de David Layani mettait en avant des «négociations dures avec les créanciers».

Besoins de financement supplémentaires

Entre-temps, le camp des repreneurs choisi par Atos a eu accès à de nouveaux indicateurs financiers de l’entreprise. Selon eux, un besoin supplémentaire de plusieurs centaines de millions d’euros (entre 500 et 800) était nécessaire pour boucler le plan d’affaires à moyen-terme. Une thèse qui accréditerait la vision donnée il y a quelques semaines par les équipes de Daniel Kretinsky, candidat malheureux à la reprise d’Atos. Le milliardaire tchèque insistait sur le fait que l’activité se dégradait à un rythme très rapide, plus rapide même que ce que la société communiquait de façon publique.

Une chose est sûre, des lignes de fractures sont intervenues entre les différents protagonistes à la lumière de cette due diligence. David Layani et son consortium visaient 21% du capital à l’issue de la restructuration. Mais l’injection de capital supplémentaire nécessaire pour Atos aurait conduit à une dilution plus importante en dessous de laquelle la position du consortium devenait trop fragile. Atos, qui n’a pas répondu à nos sollicitations sur ce besoin d’argent frais supplémentaire, dément et assure de son côté «que l’activité du Groupe est en ligne avec le plan d’affaires qui a été présenté le 29 avril dernier.»

Un autre désaccord aurait opposé les deux camps quant aux taux d’intérêt prévus sur les financements intérimaires d’Atos. Ces fonds étaient censés apporter de la liquidité à Atos en attendant la fin de la restructuration. Certaines tranches de prêts étaient assorties de taux dépassant allègrement les 15%. « C’est au niveau d’une banque qui accorde un crédit à la consommation à un ménage surendetté, ils auraient été étouffés », s’époumone un observateur. D’un autre côté, la dégradation rapide de l’activité chez Atos et la remise en cause régulière de ses chiffres conduit nécessairement à une grosse prime de risque sur ce type d’emprunt.

Le rôle de Walter Butler

Quoi qu’il en soit, les négociations ont pris une mauvaise tournure dans le week-end, sans être complètement rompues. Dans le camp des créanciers, on souligne que la posture de négociation du consortium et notamment de Walter Butler, partenaire de David Layani, a fait empirer les choses. «C’est sa méthode depuis toujours, il signe un accord et veut tout renégocier, les conditions de l’accord, l’argent frais, en mettant le couteau sous la gorge et pensant qu’on ne peut pas faire sans lui», estime une source. Un autre connaisseur du dossier martèle lui aussi que Walter Butler a été le premier à claquer la porte des négociations, embarquant dans son sillage le groupe Econocom. Il estime que David Layani n’avait plus les moyens d’y aller avec ses propres moyens. Fadaises, répond-on dans le camp du consortium, «Le retrait est unanime. D’ailleurs, le projet était déjà entièrement financé sans Walter Butler et Econocom», raconte une source. Une chose est sûre. David Layani, qui avait mis près de 80 millions d’euros sur la table pour prendre 11% du capital d’Atos, va donc tout perdre à l’issue de la restructuration pour laquelle les actionnaires existants seront dilués jusqu’à 0,1% du capital.

Du côté d’Atos, on soutient que le calendrier de la restructuration reste inchangé. Seul le délai sur l’accord de principe initialement prévu cette semaine pourrait glisser. En effet, des détails restent à régler entre Atos et ses créanciers sur l’injection d’argent frais et le niveau d’augmentation de capital nécessaires. Atos espère ensuite obtenir un accord dit de «lock-up» durant la semaine du 8 juillet, et un accord définitif de restructuration avec procédure de sauvegarde accélérée à compter du 22 juillet, soit avant le début des Jeux Olympiques dont le groupe est partenaire. En interne, le directeur général Paul Saleh a pris soin de rassurer les troupes sur le plan de sauvetage proposé par les créanciers.

Un retour de Kretinsky ?

Mais un autre protagoniste du dossier, Daniel Kretinsky, espère encore jouer sa partition. Mardi soir, Atos a reçu une lettre émanant de sa holding EPEI dans laquelle le milliardaire tchèque se pose en solution de recours en cas de retrait du consortium OnePoint. Le fonds Attestor, qui était le partenaire de «DK» lors de sa première offre, n’est plus dans le paysage. Et Daniel Kretinsky fixe plusieurs conditions suspensives au dépôt d’une nouvelle offre révisée : un état des lieux complet et précis de la situation actuelle de la société et ses contrats ; des détails sur les cessions en cours (Worldgrid à Alten, le pôle des activités dites sensibles à l’État), quand elle se matérialiseront ainsi que la somme minimale qu’Atos peut récupérer ; la possibilité pour EPEI de discuter avec certains des clients majeurs du groupe pour les rassurer sur la trajectoire à long terme. L’homme d’affaires fait également un pas en direction des créanciers, leur offrant la possibilité d’acheter jusqu’à 49% du capital d’Atos.

Cette proposition devra être étudiée par le groupe de créanciers d’Atos détenant la moitié de la dette et mené par les fonds DE Shaw, Boussard & Gavaudan, Tresidor, Syqant, SPG, Fidera, Blackrock, AG2R La Mondiale. Ces derniers ont depuis 2 mois réservé un accueil plus que tiède au milliardaire tchèque, répétant qu’ils n’avaient pas besoin de lui ou de son argent pour reprendre Atos. Avec le retrait du consortium de Layani, ce groupe de créancier est plus proche que jamais de présider seul aux destinées de l’entreprise de Bezons. Paul Saleh, le directeur général du groupe, prépare les esprits en interne à cette éventualité. Selon nos informations, à l’occasion d’une conférence réunissant des top-managers du groupe ce mercredi, il a même écarté l’hypothèse d’un retour de Daniel Kretinsky dans le jeu.

L’inquiétude des clients

Le scénario d’une reprise d’Atos par les porteurs de dette n’est pas inédit dans l’histoire récente du capitalisme hexagonal. C’était le cas chez Vallourec, Bourbon ou Europcar, avec des fortunes diverses toutefois. Mais le groupe d’informatique pourra-t-il supporter cet attelage ? Au-delà de l’apurement de la dette et l’injection de nouvelles liquidités, Atos a plus que jamais besoin de rassurer ses clients, prestataires et salariés sur sa trajectoire à moyen-long terme. David Layani, qui ne disposait pas de poches profondes pour la reprise d’Atos, avait le mérite de proposer une vision industrielle. Ce plan dit «OneAtos» était soutenu par des syndicats, dont la CFE-CGC, majoritaire. Las, le camp des repreneurs sélectionnés le 11 juin par Atos a éclaté moins de deux semaines plus tard. Les porteurs de dette ont-ils prévu de sauver «OneAtos» ? Ont-ils déjà en tête le management qu’ils installeront à la tête du groupe pour remettre l’entreprise sur de bons rails ? L’alliance entre ces différents fonds, par nature préoccupés par le retour sur investissement à court terme à apporter à leurs propres investisseurs plutôt que la pérennité à long terme d’Atos, est-elle tenable sur le moyen terme ?

Autant de questions que se posent sans doute déjà les clients d’Atos ce mercredi, et qui n’est pas pour les rassurer. «Vu les besoins supplémentaires d’Atos, les taux d’intérêt exorbitants demandés par les créanciers qui vont étouffer l’entreprise, le groupe reviendra dans un an devant les tribunaux», assure un connaisseur du dossier. Un scénario qui serait celui du pire pour l’administratrice judiciaire Hélène Bourbouloux ainsi que le Comité Interministériel de Restructuration Industrielle, l’antenne de Bercy au chevet d’Atos depuis plusieurs mois. «L’offre du consortium OnePoint aurait dû être regardée pour ce qu’elle est. Depuis le début, elle est très faible en termes de liquidités», estime un banquier d’affaires, qui sous-entend que l’asymétrie entre le consortium de David Layani et les créanciers était intenable. «Cette histoire n’a pas été bien gérée», conclut-il.

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