Atos : l’Etat et les hedge funds en désaccord sur le prix de vente des systèmes de défense [LES ECHOS]

Avant-propos blog :

C’est amusant la différence de savoir-faire entre des industriels et des financiers.

Daniel Kretinsky avait conditionné la signature du Lock-Up à la signature en parallèle de la vente des actifs souverains, pour éviter ce qui arrive maintenant, à savoir un désaccord sur le prix avec l’état une fois le Lock-Up signé; ce qui voudrait dire qu’en cas de désaccord, il pourrait manquer des voix, tout le monde au sein des créanciers n’ayant pas envie de garder cet actif et le plan de sauvegarde pourrait le cas échéant être abandonné et retour à la case départ, avec cette fois-ci une sauvegarde classique, plus protectrice pour la société, mais plus effrayante pour les clients.

C’est entre autre ce que j’ai dis dans mon article « Et maintenant » partie 1 ou partie 2, que la majorité est tellement faible et en plus c’est une majorité sur les 2/3 des voix exprimées et non sur la totalité des créanciers (selon une source bien informée), qu’en cas de changement de certaines conditions, des créanciers  pourraient refuser de signer le plan de sauvegarde. Et on voit qu’il y a déjà du grabuge. Les Fonds vautours menacent même de ne plus vendre les actifs souveraines, alors que je rappelle que selon la seul personne qui avait compris le dossier Atos, Mr Kretinsky, la vente des actifs souverains étaient nécessaires pour rembourser IF1 et IF2, les 800 millions de crédits dits intérimaires, point assez sensible car fonds prêtés au taux de 15%.

Donc OK, même pas peur, on fait du chantage à l’état, « si pas 900M€ on vend plus » donc ma question c’est comment vous remboursez les prêts intérimaires puisque si vous utilisez les 1650M€ il ne vous restera plus assez, et comment vous financer la restructuration de 150M€ des HPC prévue dans le business plan du 14 juin 2022 et toujours pas réalisés ??

 

L’inexpérience des Hedge-Funds se fait déjà voir, puisqu’ils y sont allés à l’aveugle, ils ont signé d’abord et s’aperçoivent après avoir signé que le prix de l’état ne leur convient pas; et ce au moment même où l’était a fait un aussi fait un profit warning sur le déficit 2024 et cherche des moyens de faire des économies.

Donc la jolie jeune femme représente les fonds vautours attirés par la caisse de l’État, et Francis Blanche, c’est le comptable du trésor public, avisé et près de ses sous,  qui ne veut pas « qu’on touche au Grisbi s….pe ».

Enfin on notera que les infos Des Echos reprennent ce que le blog vous a annoncé il y a 10 jours, à savoir des désaccords avec l’état et le fait que cela peut poser un problème pour les liquidités du S2 puisque les Hedge-Funds avaient demandé un acompte de 150M€ à la signature et un acompte de 150M€ en octobre de cette année. Le mot « Exclusif « en titre veut probablement dire « exclusif hors médias alternatifs ».

En ce qui concerne Atos, niveau incompétence, il y aura sérieusement photo au finish entre les M&M’s, Meunier et Mustier.

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EXCLUSIF

Les créanciers d’Atos, appelés à devenir les principaux actionnaires, jugent trop faible le chèque offert par Bercy pour les supercalculateurs de la dissuasion nucléaire et les systèmes liés aux commandements des armées et services de renseignement.

Par Anne Drif

Publié le 8 sept. 2024 à 12:58 | Mis à jour le 8 sept. 2024 à 16:02
Discordes au sommet dans le sauvetage d’Atos. À peine les créanciers ont-ils été accueillis comme la providence cet été , que des nouvelles dissensions apparaissent. Cette fois à haut niveau, avec l’Etat, selon nos informations : le chèque de 700 millions d’euros proposé par Bercy pour mettre la main sur les systèmes utiles à la dissuasion nucléaire, aux commandements des armées et aux services de renseignement n’est pas assez élevé, accusent les hedge funds qui s’apprêtent à prendre le contrôle du groupe de 99.000 salariés avec les autres créanciers.

« La phase est assez critique », reconnaît une partie au dossier. « Chez les créanciers, on veut un juste prix de marché, une vraie valeur. Pour l’instant, les pouvoirs publics n’arrivent pas à convaincre. On entend le point de vue de l’Etat visant à protéger les actifs souverains, mais cela ne peut pas se faire à n’importe quelle valeur, considère un proche des discussions. Derrière, il y a des intérêts privés qui veulent se faire une bonne affaire sur le dos des prêteurs. » Une position sur laquelle le groupe Atos, qui n’a pas voulu commenter comme les autres parties prenantes, serait assez aligné.

« Les créanciers sont plus gourmands, ils ont une vue supérieure sur la valeur. Mais la récente révision du plan d’affaires d’Atos n’est pas de nature à relever le prix articulé par l’Etat », rétorque-t-on. A Bercy, personne n’a voulu réagir. Mais la division Big Data & sécurité (BDS) où sont logés les actifs souverains a aussi vu ses perspectives financières révisées à la baisse.

Au centre de la discorde ? Les supercalculateurs employés pour la dissuasion nucléaire (logés dans Advanced Computing), les systèmes utiles au commandement du programme Scorpion de l’armée de terre, à la navigation des forces navales et à la sécurisation des réseaux de communication à bord du nouveau Rafale F4 (logés dans Mission Critical Systems, MCS) ainsi que les systèmes d’écoutes d’Avantix. Et pour couronner l’ensemble, la cybersécurité qui sert les services de renseignement (logés dans Cybersecurity Products). Un pôle qui mobilise 4.000 personnes et génère plus de 900 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Pas de prix, pas de vente

De la part des futurs actionnaires d’Atos, ce n’est pas qu’une posture de négociation, même si leur « préférence est de céder au bon prix », font-ils savoir. « Si un prix d’acquisition sur les actifs sensibles de BDS reflétant une pleine valeur de marché et en ligne avec l’intérêt de la société n’est pas trouvé, Atos mettra fin au processus de vente avec l’État et gardera les actifs sensibles », stipule l’accord de restructuration financière du 30 juin signé entre la société, les hedge funds et les banques. Ces actifs seront alors gérés en vue de protéger les intérêts souverains de l’État, ajoutait-il.

Or l’horloge tourne. Le même accord prévoit que l’État paie 150 millions d’euros en avance de son prix, et à nouveau 150 millions d’euros au plus tard au 30 septembre…

Mi-juin alors qu’Atos était en pleine tourmente, Bercy avait offert son prix le plus bas possible, 700 millions d’euros sur une fourchette annoncée qui grimpait jusqu’à un milliard d’euros . Un prix décevant, avait d’emblée reproché l’entrepreneur David Layani , vainqueur de la bataille pour la reprise d’Atos avant de faire faux bond.

Airbus qui s’intéressait aussi au périmètre était visiblement prêt à mieux le valoriser au départ. Le pôle en jeu équivaut à environ 60 % des actifs qui intéressaient l’avionneur. Or Airbus avait ouvert des discussions autour de 1,5 à 1,8 milliard d’euros pour la totalité. Cela revient au haut de fourchette de Bercy. Mais, à son tour, Airbus avait renoncé à aller plus loin.

Dans le même temps, la dernière révision des objectifs financiers d’Atos accroît la pression sur le groupe et les créanciers en décalant les perspectives de récupérer leur mise.

Remboursement de la dette

Et elle durcit les négociations. La vente des actifs souverains, comme celle des logiciels pour les centrales nucléaires pour 270 millions d’euros, doivent servir « en priorité » au remboursement de la dette moyennant un minimum de liquidité en 2026, selon l’accord du 30 juin. Et en face, la dissolution et le vide gouvernemental ont ajouté aux crispations.

Derrière le rideau, Thales et potentiellement Dassault, principaux partenaires de l’Etat intéressés par le dossier, scrutent les négociations. A ce stade, le groupe dirigé par Patrice Caine s’est dit prêt à examiner une des entités du pôle en discussion, Mission Critical Systems. Celle-ci pèserait 200 à 300 millions de revenus annuels sur l’ensemble du portefeuille de BDS, estimé à 1,5 milliard d’euros. Soit moins d’un tiers de ce que l’État envisage de reprendre.

S’il n’y a toujours pas d’accord sur le prix, plusieurs schémas exploratoires sont toutefois déjà étudiés entre les membres du consortium, selon des sources. Une des pistes serait que l’Etat soit majoritaire sur les actifs hérités de l’ancien Bull, les supercalculateurs. L’actionnaire de référence des actifs liés à la défense comme MCS serait, lui, privé.

Anne Drif

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/atos-letat-et-les-hedge-funds-en-desaccord-sur-le-prix-de-vente-des-systemes-de-defense-2117568

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POSTFACE-BLOG

À noter : selon nos informations, l’effectif d’Atos n’est pas de 99 000 personnes, mais entre 91 000 et 89 500. Mais compte tenu d’un nombre important de départs ces 3 derniers moins, on ne peut exclure qu’il soit légèrement en dessous.

Le dernier chiffre communiqué par Atos est de 91 611 au 30 juin. Néanmoins, ce chiffre incluait des personnes en fin de préavis et donc le départ était déjà programmé, et je parle bien-entendu de réductions d’effectifs, pas de la classique rotation de personnel propre aux ESN.

À noter : selon nos informations, le CA de MCS (Mission critical services) est entre 150M€ et 180M€. Le CA mention de 250M€ est celui de la cyber dite « produit », qui inclut des activités autres que MCS, même s’il s’agit de subtilités.

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Si vous avez subi des pertes en tant qu’actionnaire ou ancien actionnaire d’Atos, ou en tant que porteur d’options donnant droit à des actions, sachez qu’une action en réparation est en cours de préparation. Des informations complémentaires sont disponibles sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires). Notre association tente, pour la première fois, de lancer une action groupée financée par des fonds spécialisés dans le financement de contentieux. Il s’agit d’une première en France dans un dossier où des manquements à la réglementation boursière et comptable sont suspectés. Et il s’agit aussi d’une chance pour les plaignants puisque cette action est sans aucune avance de fonds, ni aucun engagement financier, hormis en cas de victoire.

La France connaît un précédent significatif de financement de contentieux par des fonds spécialisés. Ce précédent fait suite au gel des avoirs du fonds H20, consécutif à une violation de la réglementation applicable aux gestionnaires de fonds d’actifs. Bien que ce précédent soit quelque peu différent du nôtre, les discussions avec les fonds initiées dès février avancent car il y a de l’intérêt pour pénétrer un nouveau marché en France. Ces discussions sont donc longues en raison de l’absence de précédents, mais elles progressent.

En résumé, que vous soyez actionnaire ou porteur d’options donnant droit à des actions, vous pouvez espérer recouvrer une partie de vos pertes et vous joindre à la cause sans qu’aucun versement de votre part ne soit nécessaire. La réussite de l’action dépendra du nombre de « pertes éligibles » que nous pourrons rassembler. Le caractère éligible ou non des pertes dépend de l’issue des investigations sur les comptes du groupe ces dernières années. Si vous n’êtes pas encore préinscrit sur le site de l’UPRA, il est encore temps de le faire. Un site web sera entièrement dédié à l’action, on espère courant automne.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€ minimum, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… qui vont se monter en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds de litige. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

www.upra.fr