Avec Qaptiva, Atos passe la seconde dans l’informatique quantique (LMI)

Dans le giron d’Eviden, l’entité d’Atos en cours de scission regroupant les activités cybersécurité, cloud et HPC, le business lié à l’informatique quantique monte en puissance. Le successeur de Quantum Learning Machine, Qapitva, apporte des capacités d’émulation jusqu’à 41 qubits logiques.

Dominique Filippone , 

 

Une partie de l’équipe dirigeante en charge de l’informatique quantique d’Eviden : Cedric Bourrasset (responsable des activités AI, HPC et informatique quantique), Cyril Allouche (directeur R&D informatique quantique), et Eric Eppe (vice-président AI, HPC et informatique quantique). crédit : D.F.

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Alors que les incertitudes planent autour de la scission d’Atos – avec d’un côté Tech Foundations (services et digital workplace) et de l’autre Eviden (cybersécurité, cloud, supercalculateurs, IA…) – cette dernière entité se montre particulièrement confiante dans l’évolution de son business autour du HPC en général et de l’informatique quantique en particulier. « Nous sommes le premier fabricant HPC en Europe et le 3e dans le monde après HPE et Dell », a lancé Eric Eppe, vice-président AI, HPC et informatique quantique chez Eviden lors d’un point presse. « Nous sommes sur un marché bouillonnant et très prometteur en croissance de 22 % par an et qui atteindrait en 2040 76 Md$ ».

Intimement lié au HPC, l’informatique quantique est depuis quelques années au stade de l’expérimentation dans les entreprises, mais la situation tend à évoluer de façon significative. « Depuis 18/24 mois, on voit apparaitre des besoins et des clients qui se demandent à quelles applications le quantique va répondre », poursuit Eric Eppe. Parmi lesquels BMW pour de l’optimisation combinatoire de la chaine logistique, Total autour de la science des matériaux et la captation de CO2, ou encore dans la finance (cas non communiqué) pour optimiser les portefeuilles d’actifs. S’il est encore trop tôt pour parler d’informatique quantique en production (pas avant au moins 5 ans), la multiplication des projets constitue un bon indicateur pour Eviden qui prévoit une croissance supérieure à 10 % par an liée à cette activité, sans pour autant avancer – publiquement du moins – d’objectifs financiers.

Des QPU en mode as a service

Surfant sur cette prévision de tendance optimiste, Eviden lance un successeur à sa plateforme Quantum Learning Machine avec Qaptiva. Alors que QLM – et son dérivé MyQLM – était simplement taillé au départ pour de l’émulation de Qubit, aujourd’hui l’objectif d’Eviden est de brancher dessus une solution de calcul HPC ou cloud à la demande dans une optique d’intégration industrielle. « Aujourd’hui hoster et gérer des ordinateurs quantiques c’est très compliqué. L’accessibilité est un frein à cause d’un ticket d’entrée énorme, de la maintenance et du maintien en condition opérationnelle. L’idée avec Qaptiva est de proposer de l’informatique quantique as a service avec un environnement logiciel sur des instances HPC cloud public ou privé, en hostant des QPU pour de l’expérimentation ou en s’appuyant sur des partenaires hébergeurs », souligne Cedric Bourrasset  responsable des activités AI, HPC et informatique quantique chez Eviden.

L’informatique quantique as a service est un atout pour les entreprises selon Eviden qui met en avant des coûts bien moins élevés en mode as a service (de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers d’euros par an pour des QPU à la demande) contre un ticket d’entrée minimum de plusieurs millions d’euros pour l’acquisition d’une infrastructure d’informatique quantique. La société française n’est pas la seule sur le marché du quantique as a service, IBM ou plus récemment la start-up Pasqal proposent cet accès cloud.

Cohérence et stabilité plus élevée avec des qubits logiques

Prenant la forme d’une appliance couplée à un environnement de développement, Qaptiva regroupe un ensemble de technologies et de ressources (bibliothèques, connecteurs, émulateurs et compilateurs) servant à la programmation quantique. « Qaptiva fonctionne de manière agnostique sur n’importe quel hardware quantique », précise Eric Eppe. Et Cyril Allouche, directeur R&D informatique quantique chez Eviden de compléter : « Dès le départ nous avons eu une vision d’infrastructure convergée construit comme un framework d’intégration complet ».

« Nous simulons 3 des 9 paradigmes du quantique », avance Eric Eppe. « Une personne qui développe une application avec Qaptiva est sûr d’avoir des résultats valides avec nos 41 qubits logiques. On peut commencer à travailler sur de vrais problèmes, les simuler, et être sûrs que les résultats sont bons. Notre nombre de qubits est peut être moins élevé qu’ailleurs mais nous avons un niveau de cohérence et de stabilité plus élevé ».

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