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Le groupe d’informatique, qui vient de finaliser son augmentation de capital, va payer 168 millions d’euros d’honoraires et de commissions.
Olivier Pinaud
Publié le 02 décembre 2024 à 16h56
Temps de lecture 2 min.
La restructuration financière d’Atos touche à sa fin. Le groupe d’informatique a annoncé, lundi 2 décembre, la conclusion de son augmentation de capital, dernier volet de la procédure de sauvegarde ouverte le 24 juillet.
Destinée à financer les besoins généraux du groupe, cette somme sera presque entièrement engloutie par les honoraires payés aux dizaines de conseils (avocats, banquiers, experts indépendants, consultants…) impliqués dans cette restructuration : selon la note d’opération publiée par Atos, ils s’élèvent à 168 millions d’euros pour l’année 2024, dont 138 millions restant à payer.
Restructuration financière
« Cette estimation inclut les frais des intermédiaires financiers, les frais juridiques et administratifs » pour « environ 130 millions d’euros », détaille le document. A cela s’ajoutent les « commissions diverses dues aux créanciers », banques et détenteurs d’obligations, « ayant participé à la négociation des termes de la restructuration financière » : ils toucheront 38 millions d’euros, répartis entre près de 23 millions de commissions « pour les diligences entreprises » et 15 millions pour avoir accepté de participer à l’accord.
Ces dépenses viennent en plus des 553 millions d’euros de frais payés par le groupe en deux ans et demi pour mettre en œuvre un plan de séparation juridique de ses activités qui n’a finalement jamais abouti.
Interrogé par Le Monde, Atos ne fait pas de commentaire sur le montant des dépenses liées à la restructuration financière, mais rappelle que « ces pratiques sont en ligne avec les standards du marché ». « Le montant n’est pas choquant et ressort dans la moyenne au regard des 2,8 milliards d’euros de dette supprimée ou convertie en actions et de l’apport d’argent frais de 1,6 milliard, le plus important jamais réalisé en France dans ce type d’opération », défend un des nombreux avocats impliqués dans le dossier Atos.
« Standards américains »
La somme payée par le groupe d’informatique confirme l’inflation récente des frais de restructuration financière. Dans les cas de Casino et d’Orpea, les deux autres grandes opérations de ces deux dernières années, les dépenses se chiffraient aussi en centaines de millions d’euros (132 millions pour la première, 118 millions pour la seconde), alors qu’en 2021 la restructuration financière de Vallourec n’avait coûté que 67 millions d’euros. Avec ses 24 milliards d’euros de dette en cours de renégociation, Altice France pourrait exploser les records.
« Les opérations deviennent plus complexes, avec de nombreux participants, et ont tendance à se faire aux standards américains », avec les frais d’avocats et de banquiers qui vont avec, explique le gérant d’un fonds d’investissement. Aux Etats-Unis, certaines opérations peuvent coûter plus de 500 millions de dollars (475 millions d’euros), poursuit-il.
Pour sa restructuration, Atos a mobilisé deux banques (Rothschild & Cie et Perella Weinberg Partners), le cabinet d’avocats Darrois Villey Maillot Brochier et deux experts financiers (Accuracy et Finexsi). Le conseil d’administration était lui-même conseillé par les avocats de Reinhart Marville Torre. En face, les créanciers avaient eux-mêmes deux banques (Messier & Associés et Ondra) et trois cabinets d’avocats (Ashurst, Gibson Dunn et Willkie Farr & Gallagher). Des noms que l’on retrouve dans toutes les dernières grandes restructurations financières.
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Si vous avez subi des pertes en tant qu’actionnaire ou ancien actionnaire d’Atos, ou en tant que porteur d’options donnant droit à des actions, sachez qu’une action en réparation est en cours de préparation. Des informations complémentaires sont disponibles sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires). Notre association tente, pour la première fois, de lancer une action groupée financée par des fonds spécialisés dans le financement de contentieux. Il s’agit d’une première en France dans un dossier où des manquements à la réglementation boursière et comptable sont suspectés. Et il s’agit aussi d’une chance pour les plaignants puisque cette action est sans aucune avance de fonds, ni aucun engagement financier, hormis en cas de victoire.
La France connaît un précédent significatif de financement de contentieux par des fonds spécialisés. Ce précédent fait suite au gel des avoirs du fonds H20, consécutif à une violation de la réglementation applicable aux gestionnaires de fonds d’actifs. Bien que ce précédent soit quelque peu différent du nôtre, les discussions avec les fonds initiées dès février avancent car il y a de l’intérêt pour pénétrer un nouveau marché en France. Ces discussions sont donc longues en raison de l’absence de précédents, mais elles progressent.
En résumé, que vous soyez actionnaire ou porteur d’options donnant droit à des actions, vous pouvez espérer recouvrer une partie de vos pertes et vous joindre à la cause sans qu’aucun versement de votre part ne soit nécessaire. La réussite de l’action dépendra du nombre de « pertes éligibles » que nous pourrons rassembler. Le caractère éligible ou non des pertes dépend de l’issue des investigations sur les comptes du groupe ces dernières années. Si vous n’êtes pas encore préinscrit sur le site de l’UPRA, il est encore temps de le faire. Un site web sera entièrement dédié à l’action, on espère courant automne.
Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€ minimum, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… qui vont se monter en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds de litige. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.