MAIS LE CA FAIT OBSTACLE. (Voir article blog)
La société de gestion d’actifs Sycomore AM, actionnaire minoritaire, a déposé une résolution en ce sens lors de l’assemblée générale, le 28 juin. Le groupe d’informatique craint une déstabilisation.
La tension monte chez Atos à l’approche de son assemblée générale du 28 juin. Lors de cette réunion, la société de gestion d’actifs Sycomore AM, actionnaire minoritaire du groupe d’informatique, prévoit de déposer quatre résolutions dissidentes. L’une d’entre elles demande la révocation du président du conseil d’administration Bertrand Meunier, à ce poste depuis novembre 2019 et jugé comme le premier responsable des difficultés actuelles de la société.
L’investisseur souhaite également le départ de deux autres administrateurs, Aminata Niane et Vernon Sankey, ainsi que le rétablissement d’un poste d’administrateur référent, supprimé en décembre 2020, et dont la mission est d’assurer le dialogue avec les actionnaires.
Candidats pertinents
Pour Sycomore, seule une refonte du conseil d’administration d’Atos permettra de redonner une stratégie « à nouveau clairement définie » et une « rentabilité dans la moyenne du secteur ». L’actionnaire avait trouvé deux candidats en mesure, selon lui, de renforcer le conseil. Ces deux personnes, dont l’actionnaire refuse de donner les noms, ont été auditionnées par le comité des nominations, présidé par Bertrand Meunier, et auquel participe encore l’ancien premier ministre Edouard Philippe, administrateur d’Atos jusqu’à l’assemblée générale du 28 juin. Mais ces deux profils n’ont pas été retenus par la société, ce qui a convaincu Sycomore de donner le pouvoir de décision aux actionnaires de la société lors de l’assemblée générale.
« Ces deux candidats se sont retirés d’eux-mêmes », rétorque un proche d’Atos, sans vouloir divulguer leur identité. L’une d’entre elles était en conflit d’intérêts potentiel. Selon nos informations, il s’agissait d’Emilie Sidiqian, la directrice générale en France du groupe de logiciels américain Salesforce. Le second candidat était Christopher Guérin, directeur général du câblier français Nexans.
Les résolutions de Sycomore « ne sont pas nouvelles et aucune alternative n’a été soumise pour remplacer les administrateurs visés », regrette la direction d’Atos, qui craint une déstabilisation de sa gouvernance. Elle s’étonne que la société de gestion ne propose aucun nom pour remplacer Bertrand Meunier si celui-ci venait à être débarqué. « Le conseil actuel compte des personnes qualifiées en mesure de prendre la présidence de façon intérimaire. Puis, une fois le climat apaisé, il sera temps de trouver le meilleur président », a expliqué Cyril Charlot lors d’une conférence téléphonique. L’investisseur dit avoir des contacts avec des candidats pertinents.
Atos, qui affirme avoir eu un « dialogue constant et constructif » avec Sycomore, s’étonne toutefois que cet actionnaire « ne tienne pas compte du plan de transformation stratégique engagé il y a un an, dont les progrès sont très significatifs ». Lancé en juin 2022, il vise à séparer Eviden (société initialement baptisée Evidian), qui réunit ses activités dans la cybersécurité et les supercalculateurs, de celles dans l’informatique traditionnelle (infogérance). Le groupe espère toujours aboutir courant juillet même si ses projets ont été contrariés par l’abandon, fin mars, des discussions avec Airbus pour lui vendre un peu moins de 30 % d’Eviden. La direction de Sycomore dit être agnostique envers ce plan mais souhaiterait plus de détails sur ses conséquences financières.
Caractère sensible
Dans ce contexte, Atos dit avoir besoin de « stabilité, sérénité et vision stratégique ». C’est pourquoi, il rappelle avoir annoncé, le 17 mai, l’arrivée à son conseil d’administration de Jean-Pierre Mustier et de Laurent Collet-Billon. Le premier, ancien directeur général de la banque italienne UniCredit, était le patron des activités de banque d’investissement de la Société générale au moment de l’affaire Kerviel. Il est proche de Bertrand Meunier qui l’a convaincu de rejoindre le conseil.
Le second nouvel administrateur est l’ancien délégué général pour l’armement. Un profil qui illustre le caractère sensible d’Atos dont plusieurs de ses activités, logées principalement chez Eviden, sont liées à la défense nationale. Atos a aussi cherché en 2022 à faire monter à son conseil Cédric O, l’ancien secrétaire d’Etat chargé du numérique, mais la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique s’est opposée à cette nomination en raison de potentiels conflits d’intérêts. Décision qu’a contestée Cédric O devant le Conseil d’Etat.
Sycomore détient un peu plus de 1 % du capital, ce qui lui donne le droit, selon les seuils légaux, de déposer des résolutions en assemblée générale. Mais il devra convaincre de nombreux autres actionnaires pour atteindre la majorité de 50 % nécessaire pour faire passer la révocation du président. La société de gestion se dit en mesure de pouvoir déjà rassembler 4 % à 5 % du capital.