Après le coup de théâtre de l’AK avortée, voici selon Les Echos un deuxième coup de théâtre.
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Seuls les supercalculateurs utiles à la dissuasion nucléaire vont passer sous giron public, pour un montant compris entre 500 et 625 millions d’euros. Les systèmes de commandement pour les forces armées et les écoutes sont mis officiellement aux enchères.
Par Anne Drif
Ultime rebondissement dans le sauvetage des actifs de défense et d’écoute d’Atos. En désaccord depuis des mois sur le prix des supercalculateurs utiles à la dissuasion nucléaire, les systèmes de communication pour l’armée de terre et les forces navales et les systèmes d’écoute pour les services de renseignement, Atos et l’Etat rebattent les cartes : seuls les supercalculateurs (logés dans Advanced Computing) passeront finalement sous giron public.
Le groupe informatique et Bercy ont annoncé ce lundi matin l’entrée en négociations exclusives pour la cession de l’activité Advanced Computing pour une valeur comprise entre 500 et 625 millions d’euros. L’Agence des participations de l’Etat, à la manoeuvre dans ces discussions, a jusqu’au 31 mai prochain pour sceller un accord sur le pôle qui emploie 2.500 personnes et génère 570 millions d’euros de chiffre d’affaires.
L’annonce faisait flamber le cours de Bourse d’Atos, en hausse de 110 % en fin de matinée, alors que la valeur, devenue très spéculative, ne vaut plus que quelques dizaines de centimes.
Satisfecit des deux parties
« C’est une bonne opération pour Atos car la valorisation est supérieure au montant implicite de la première offre non liante faite par l’Etat et ses partenaires », a réagi un proche du groupe, en référence aux 700 millions d’euros mis sur la table par les pouvoirs publics avant l’été pour la totalité des actifs sensibles.
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Satisfecit aussi très clair à Bercy. L’ouverture de ces discussions « constitue une première étape cruciale, non seulement pour le redressement et la restructuration du groupe, mais aussi pour la sécurisation de l’activité stratégique des supercalculateurs. Il est du rôle de l’Etat que de garantir, comme actionnaire lorsque cela le justifie, la pérennité et le développement des activités industrielles les plus stratégiques pour notre souveraineté », a déclaré le ministre de l’Economie, Antoine Armand, cité dans un communiqué.
Une phase d’audit approfondi va s’enclencher qui pourra donner lieu, ou non, à un complément de valeur pour atteindre le prix fort.
Mise aux enchères
Le reste, à savoir Mission Critical Systems (MCS) et la cybersécurité (Cybersecurity Products), est mis aux enchères auprès de groupes privés tricolores. Et c’est la grande surprise du processus.
« Leur cession sera menée par Atos dans le cadre d’un processus distinct et sur la base d’une liste d’acquéreurs possibles agréés par l’Etat », indique Bercy, tout en rappelant qu’il dispose d’une action de préférence dans ces activités. En clair, ne pourra pas candidater qui veut.
Si le ministère ne confirme pas de nom, ceux-ci font peu de doute. Ceux de Thales et Dassault sont évoqués sur le marché depuis le début de l’année. Du côté d’Atos, on estime d’ailleurs que les deux groupes de défense, en deuxième rideau derrière l’Etat dans les négociations et en voulant tirer la valorisation de l’ensemble des actifs vers le bas, empêchaient jusque-là les discussions d’aboutir avec Bercy.
Selon des sources, ils n’étaient pas intéressés par les supercalculateurs. Pour leur donner raison, le ministère des Armées vient d’ailleurs de confirmer le choix d’un tandem concurrent face à Atos alliant Orange et l’américain HP pour son nouveau supercalculateur IA. Sébastien Lecornu a même expliqué qu’il était prêt à aider Atos à devenir compétitif.
Candidats à l’affût
Thales va-t-il s’engouffrer dans la brèche ? Depuis le début des difficultés d’Atos, le géant tricolore qui a bataillé avec Airbus sur les actifs du géant informatique en déroute se dit intéressé par les systèmes de communication.
Récemment, le groupe a déclaré « ne pas s’interdire de regarder l’activité Mission Critical Systems (MCS) de défense et sécurité au sein de BDS ». Et ce sur un périmètre de 200 à 300 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit un tiers du total des actifs sensibles à vendre. Toutefois le groupe a réalisé une grosse acquisition entre-temps avec Imperva à 3,6 milliards d’euros. D’autres candidats pourront aussi jouer leur carte désormais : la force montante du secteur, ChapsVision, s’est dit clairement intéressée. Airbus sortira-t-il à nouveau du bois ?
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Ces marques d’intérêt pourraient susciter un peu d’intensité concurrentielle en faveur d’Atos et de ses créanciers, qui peuvent espérer une meilleure sortie par le haut, et surtout une rentrée de cash. Le géant informatique ne compte visiblement pas brader MCS et espère tirer plusieurs centaines de millions d’euros des systèmes de communication, qui ont généré 340 millions d’euros de revenus l’an dernier.
A ce stade, dans tous les cas, la sortie annoncée des supercalculateurs est une bonne nouvelle pour Atos : « Cette cession envisagée est positive sur le plan des liquidités du groupe, estime un proche du groupe. Son profil de risque diminue. » Au-delà de la question de sa compétitivité dans le marché, l’entité Advanced Computing exigeait des investissements constants, induisant une volatilité de la trésorerie et les supercalculateurs avaient peu de synergies avec le reste du groupe. Reste maintenant à passer le stade de l’offre « engageante » avec l’Etat.
Anne Drif
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/coup-de-theatre-dans-la-vente-des-actifs-strategiques-datos-a-letat-2133605
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La France connaît un précédent significatif de financement de contentieux par des fonds spécialisés. Ce précédent fait suite au gel des avoirs du fonds H20, consécutif à une violation de la réglementation applicable aux gestionnaires de fonds d’actifs. Bien que ce précédent soit quelque peu différent du nôtre, les discussions avec les fonds initiées dès février avancent car il y a de l’intérêt pour pénétrer un nouveau marché en France. Ces discussions sont donc longues en raison de l’absence de précédents, mais elles progressent.
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