Cybersécurité : Thales, Airbus et Orange, trois acteurs historiques en France (INVESTIR)

Les questions de cybersécurité gagnent en importance et en visibilité dans nos économies de plus en plus digitalisées. La question n’est toutefois pas complètement nouvelle, et on trouve à la cote trois acteurs venus « naturellement » à la cybersécurité : Thales, Airbus et Orange.

Par Delphine Tillaux

Publié le 30 août 2023 à 17:36  Mis à jour le 31 août 2023 à 10:42
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C’est un grand coup d’accélérateur qu’a mis Thales dans le domaine cet été, en rachetant l’australien Tesserent et surtout le californien Imperva. Deux opérations à plus de 3 milliards d’euros au total. De quoi taire les rumeurs sur un rachat des activités d’Atoset, surtout, faire entrer Thales dans le top 5 mondial du secteur. Les activités de cybersécurité du groupe, héritées en partie de son mariage avec Gemalto, devraient ainsi passer de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires à 2 milliards en 2024 dans le civil, auxquels s’ajoutent environ 400 millions d’euros dans le domaine militaire (cyberdéfense).

L’activité est à forte croissance et affiche une belle rentabilité. Sur le marché de la cybersécurité, le groupe fournit principalement les produits, équipements ou logiciels, « les médicaments », avec d’importantes barrières à l’entrée, quand les services consistent dans « la rédaction de l’ordonnance », selon Patrice Caine, le PDG de Thales. Il se positionne sur la protection des données et des applications et, pour une partie, sur des services de gestion des identités et des accès. Il opère six centres de supervision de cybersécurité dans le monde pour détecter et intervenir. Le groupe protège à la fois les entreprises privées et les Etats, et les réseaux de données sensibles ou« classifiées ». Son haut niveau de technologie l’amène parfois dans des champs encore surprenants, comme la cryptographie post-quantique, « capable de résister aux attaques des futurs ordinateurs quantiques, extrêmement puissants ».

Lutte informatique d’influence

Airbus s’est, lui, positionné principalement sur les services et les projets en cybersécurité, à l’exception d’une de ses filiales, Stormshield (400 personnes), connue pour ses équipements et logiciels. Le groupe européen a réorganisé l’an dernier ses activités de cybersécurité et réalisé de petites acquisitions. Des discussions avaient été entamées avec Atos en début d’année mais ontété abandonnées, selon la presse.

Outre la protection des activités du constructeur lui-même, Airbus se positionne sur les servicesauprès des opérateurs d’importance vitale (OIV), des industriels exploitant ou utilisant des infrastuctures jugées indispensables à la vie du pays. Logique, compte tenu de l’ADN du groupe, qui dispose, dans chacun des pays Airbus (France, Allemagne, Espagne et Royaume-Uni), de centres opérationnels de sécurité (SOC) pour soutenir ses clients. En outre, du fait de sa présence sur les marchés institutionnels, la division Airbus Defense and Space est présente sur les grands projets dans la défense et le spatial. Elle s’est lancée récemment dans la lutte informatique d’influence (L2I), ou information warfare :« les opérations militaires conduites dans la couche informationnelle du cyberespace », (selon le ministère des Armées). Autrement dit, quand la Russie tente d’influencer une élection présidentielle. Airbus Defence and Space coordonnera ainsi le projet européen de « boîte à outils pour la guerre cybernétique et informatique » (EUCINF).

Attaque par la supply chain

Orange Cyberdéfense, qui n’a rien à voir avec le domaine militaire, est la filiale de l’opérateur historiquedédiée à la cybersécurité. Elle est aussi positionnée sur les services, devenant intégrateur si besoin. Ses ventes ont été multipliées par 4 en cinq ans et devraient avoir dépassé le milliard d’euros cette année, avec 3.200 collaborateurs. « La cybersécurité est clairement identifiée comme un relais de croissance pour Orange, qui investit donc pour continuer à développer ses activités, de façon organique et par croissance externe », explique Laurent Célérier, vice-président exécutif Europe centrale et affaires internationales d’Orange Cyberdéfense. La filiale se situe dans le top 10 mondial. Au départ franco-française, elle s’est aussi développée en Europe, en Chine, aux Etats-Unis, pour soutenir ses clients.

Si l’on trouve parmi ces derniers « près de 100 % des sociétés du Cac 40et beaucoup de grands comptes des secteurs manufacturier et bancaire, nous descendons jusqu’à l’entreprise unipersonnelle », assure Laurent Célérier, rappelant que « les attaques par lasupply chain, via les petites entreprises, clientes ou fournisseurs, sont de plus en plus nombreuses ». Voire par le biais des utilisateurs finaux. Ce dernier maillon de la chaîne était même en cause dans 80 % des incidents traités par Orange Cyberdéfense l’an dernier. Dans cette bataille, les forces de vente de sa maison mère sont cruciales, tout comme son réseau international, qui permet de capter la menace avec un temps d’avance. « La cybersécurité est avant tout une question de confiance, et celle-ci vient de la proximité », considère le dirigeant : la filiale dispose de dix-huit SOC, quatorze cyberSOC et huit computer emergency response teams dans le monde permettant d’analyser 80 milliards d’événements chaque jour.

Notre favorite

Le groupe de haute technologie Thales a une longueur d’avance dans le domaine.

Objectif : 165 €.

https://investir.lesechos.fr/marches-indices/enquetes/cybersecurite-thales-airbus-et-orange-trois-acteurs-historiques-en-france-1973861

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