Vous seriez en droit de me dire « oh encore un énième portrait de Kretinsky, votre blog en a déjà publié 2 ou 3 ». Certes. Sauf que celui-ci est totalement actualisé et date d’hier et que le patrimoine de Kretinsky depuis le dernier portrait d’il y a 6 mois a gonflé de manière surréaliste ! C’est donc un nouvel éclairage sur le dossier Atos; éclairage que certains trouveront comme un frein à la reprise d’Atos et que d’autres considèreront comme un appétit insatiable.
Montée au capital de la Fnac qui en fait l’actionnaire de contrôle avec 29.9%, montée au capital de Métro, prise de participation dans Sainsburry’s, transfert des clefs de Editis, puis de Casino, et tout récemment 20% du capital de Thyssen Krup branche acier acheté sur le marché et discussions en cours pour une AK réservée pour monter à 50/50% avec Thyssen. Je rappelle que ThyssenKrupps était un peu le GE (General Electrics) de l’Allemagne, un conglomérat centenaire qui a flirté avec le 3ème Reich en devant LE plus gros pilier de l’industrie de guerre, s’est très vite remis de ses cendres après-guerre, il faut savoir que les avions ciblaient les centre ville beaucoup plus facile à viser et que les industries étant en périphéries ont été moins abimées par les bombardements. Thyssen, c’était l’acier, la chimie, le plastique, les ascenseurs…
Or tout comme GE, le conglomérat à force de grossir s’est un peu dispersé. L’activité ascenseur a été revendue en 2020 à Adavant, Civen et RAG pour désendetter le groupe. Certains pôles comme la branche des aciers inoxydables, ont été cédés à des concurrents et Kretinsky est en discussion avec la branche acier traditionnels (old school un jour, old school toujours), un concurrent d’Arcelor Mittal pour monter à 50%.
Toujours le même principe, des industries anciennes, un peu has been, comme dans les exemples cités, des investissements dans le retail brick and mortal shops comme disent nos amis américains.
Le but de cet article est d’avoir vos opinions (sur le forum SVP) sur : est-ce que cet investissement et les 30% restant avenir, amenuisent l’avenir du deal Atos, ou au contraire, cet argent qui coule à flots, montre que la capacité d’investissement de Kretinsky est énorme et seul le prix d’achat compte.
J’avais d’ailleurs demandé à l’automne à une de mes sources « Est-ce que tu sais si K a un plan B si le deal TFCo capote ? » et ma source m’avait répondu en rigolant « il passera à autre chose, des deals comme ça on lui en propose 10 par ans ». J’avais trouvé ma source un poil présomptueuse, un leader européen de l’infogérance, on a pas ça tous les jours en ligne de mire, mais force est de constater qu’il avait entièrement raison.
Comme je l’avais dit dans un article ou sur le forum, il aurait pu mettre les 500M€ demandés par Atos, ça n’était pas un problème de capacité financière, mais ça lui grillait tous ses deals futurs, lorsqu’il dira, « c’est à prendre ou à laisser », cela aurait voulu dire que ce n’était plus le cas s’il avait baissé sa culotte devant Atos.
Cela me fait de plus en plus penser qu’il va dire à Hélène Bourbouloux, « je mets 1.5Md€ pour 99.5% du capital, seul, avec CGI ou avec Bain, tous les créanciers récupèrent 30% de leur créance pour les créanciers court terme avec extension et 25% pour les créanciers long terme avec échéance conservée, et « c’est à prendre ou à laisser et je veux la réponse sous huit jours. »
Pour TFCo il a été plus patient que de nature, car c’est vrai qu’au prix demandé en Aout, il faisait quand même un très bon deal. Les risques étaient limités, il pouvait y laisser maximum 700/800M€ si projet échouait à 5 ans. Là en plus des 1.5Md€ il devra remettre 1 Md€ derrière, donc plus question de plaisanter.
Je ne pense pas d’ailleurs qu’il proposera une montée des créanciers au capital. Car si doit mettre du compte courant, ce sera compliqué s’il n’a que 50.05%. De plus, cette fois-ci, deux noms en plus de Marc De La Charrière, son french business partner sont annoncés,
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Daniel Kretinsky, 48 ans, milliardaire des valeurs sûres et des causes perdues
Quelle est la méthode osée de Daniel Kretinsky, l’homme d’affaires tchèque qui devient un acteur de premier plan de l’économie européenne avec un empire allant de Casino à la Fnac en passant par Métro et maintenant ThyssenKrupp ?
Par Julien Dupont-Calbo, Gwénaëlle Barzic
Qui pour sauver ThyssenKrupp, le symbole déchu de la Ruhr ? Qui pour remettre sur pied les facteurs anglais de l’honorable Royal Mail ? Qui pour récupérer les lambeaux de l’empire Casino ? Daniel Kretinsky, Daniel Kretinsky et encore Daniel Kretinsky.
L’homme d’affaires tchèque, qui à 48 ans construit patiemment son royaume en allant crescendo sur la taille et la sensibilité de ses acquisitions, jusqu’à monter à bord de la légende de l’acier allemand , est désormais un acteur de premier plan de l’économie européenne.
C’est le fulgurant résultat d’une recette désormais rodée . Une méthode qui consiste à racheter ou prendre des parts au rabais de groupes aux abois dans les secteurs traditionnels, des groupes qui n’ont pas forcément un grand avenir mais dont on connaît les arcanes et qui peuvent encore générer des rentes appréciables. Plonger dans les dossiers les plus complexes et les plus sulfureux devient une habitude de la maison tchèque.
La tactique du terrain connu
« Notre philosophie est d’investir dans des services qui sont essentiels à la population avec une base d’actifs importante. C’est le cas de l’énergie, c’est aussi le cas de l’alimentation », expliquait l’intéressé aux « Echos » l’été dernier, lors de la grande bataille pour Casino.
« Sur le plan tactique, il est plus simple d’investir dans une industrie traditionnelle comme le commerce alimentaire que dans des nouvelles technologies dont il faut être expert. Dans le commerce, les modèles sont connus, les données partagées. Une lecture objective du marché est possible », abondait-il.
Milliardaire des bonnes affaires et des valeurs sûres, Daniel Kretinsky prend néanmoins au moins autant de risques que les « business angels » de la tech et des start-up. Le danger est simplement différent.
Parcours semé d’embûches
Le Tchèque a amassé ses premiers milliards au tournant des années 2010 en prenant le contrôle – aux côtés de l’Etat slovaque – du gazoduc Eustream, un long tuyau traversant plusieurs pays, par lequel a historiquement transité le gaz russe vers l’Europe.
L’investissement a fait sa fortune – il fait aujourd’hui partie des 300 personnes les plus riches du monde avec près de 10 milliards de dollars en main – , il lui vaut aussi des ennuis. Car malgré son attachement affiché aux valeurs françaises et européennes, il n’arrive pas à se débarrasser des soupçons sur ses liens avec Moscou. Le robinet du gaz russe s’est en outre tari depuis l’invasion de l’Ukraine. La machine à cash a du plomb dans l’aile.
Mais en homme d’affaires avisé, il s’est rapidement diversifié. Souvent à contre-courant, il a jeté son dévolu sur des centrales à charbon et à gaz en déshérence dans l’Europe entière, y compris en France, des actifs décriés mais qui ont encore quelques milliards à donner.
Diversification à marche forcée
Avec son trésor issu du carbone, il tisse patiemment sa toile dans le reste de l’énergie, puis dans la distribution en Allemagne, avec Metro, en France, avec Casino et Fnac-Darty , aux Etats-Unis avec Foot Locker, et Sainsbury en Angleterre. Il se diversifie également un peu dans la logistique, et surtout dans les médias et l’édition : actionnaire de TF1 et de M6, propriétaire d’Editis mais aussi du magazine « Elle ».
Une frénésie d’acquisitions qui donne un peu le tournis, certains y cherchant encore la cohérence et la logique. D’autant qu’il s’est parfois retrouvé face à un mur : sa tentative d’OPA sur Metro a échoué, son offre toute récente sur Royal Mail a été rejetée et sa tentative d’implication dans l’explosif dossier Atos, dont les supercalculateurs servent à la dissuasion nucléaire, a déclenché une réaction épidermique d’une partie de la classe politique .
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RECIT – Bluff, trahisons et tableaux Excel : les dessous de la grande bataille de Casino
Mais l’homme apprend vite. A ses débuts en France, il s’est cassé les dents en investissant dans le journal des élites, « Le Monde », provoquant une levée de boucliers au sein de la rédaction et du Tout-Paris. Le Tchèque a finalement revendu ses parts.
Entretemps, il s’est constitué un réseau, recrutant des poissons pilotes comme Denis Olivennes pour entrouvrir les portes de l’establishment tricolore.
Courtois mais intraitable
La patience a payé. Dans les bonnes grâces de l’Elysée, l’entrepreneur multicasquette a coiffé au poteau le milliardaire Xavier Niel pour la reprise de Casino et s’est offert le numéro deux français de l’édition Editis (Robert Laffont, Nathan ou Plon) sans que cela suscite la polémique.
Désormais courtisé de toutes parts, l’entrepreneur n’en est pas moins redouté, sa courtoisie n’ayant d’égal que sa rudesse dans les affaires. Entouré de jeunes matheux aux heures de travail XXL, il passe chacune de ses cibles à la moulinette d’Excel et n’hésite pas à se montrer intraitable dans les affaires. Les créanciers de Casino s’en souviennent encore.
Gwénaëlle Barzic et Julien Dupont-Calbo
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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.
Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.
Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.
Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.