Le fonds PEGASUS de Jean-Pierre Mustier va être mis en liquidation amiable et ses investisseurs remboursés de leur mise initiale, mais n’auront rien touché pendant deux ans. Avec 6% d’inflation cela fait 12% de perte…
Photo: Le bâtiment d’Euronext place de la Bourse («Beursplein», en néerlandais), à Amsterdam. Ce sont les Pays-Bas que les Spacs (Special Purpose Acquisition Companies) Pegasus Entertainment et Pegasus Europe ont choisi pour place de cotation. Sander Stoepker/Euronext.
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Fin de partie: le Spac de Jean-Pierre Mustier, soutenu notamment par Bernard Arnault, Tikehau Capital, n’a pas trouvé chaussure à son pied. Ses actionnaires vont donc être remboursés de leur mise initiale.
Faute d’avoir trouvé une entreprise à racheter dans le temps imparti, Pegasus Europe, le plus grand Spac du Vieux Continent qui avait levé près de 500 millions d’euros voilà deux ans, va être dissous [et Jean-Pierre Mustier recasé chez Atos]
Très à la mode en 2020 et 2021, les Spacs (Special Purpose Acquisition Companies) sont ces «coquilles vides», cotées en Bourse, dont le seul actif initial est du cash. Elles ont pour objectif de racheter une société non cotée. Une fois l’opération réalisée, le Spac fusionne avec sa cible, qui devient à son tour inscrite sur un marché boursier.
La mécanique du financement
Auparavant, le Spac doit lever des fonds. Dans le cas de Pegasus Europe, les quatre «sponsors», la société d’investissement parisienne Tikehau Capital, Financière Agache (le holding du patron de LVMH Bernard Arnault), et ses codirecteurs généraux Jean-Pierre Mustier (ancien des banques Société générale [patron de Jérome Kerviel] et UniCredit) et Diego De Giorgi (spécialiste des fusions-acquisitions passé par Bank of America Merrill Lynch et Goldman Sachs), avaient apporté ensemble 55 millions d’euros en 2021, sur un total de 484 millions de fonds levés.
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Lorsque le Spac fait ses premiers pas en Bourse, sa cible n’est évidemment pas connue. Seule son intention est publique. Pegasus Europe visait le secteur des services financiers au sens large comme les fintechs, la gestion d’actifs et les services à l’épargne, la banque privée ou encore le traitement des paiements.
Notons que Pegasus Europe aurait pu mobiliser davantage de fonds que les 484 millions d’euros levés initialement. Tikehau Capital et Financière Agache s’étaient en effet engagés à apporter 100 millions d’euros de plus à l’annonce de l’opération.
Les Spacs face à leur «date de péremption»
Autre particularité: le Spac ne dispose pas indéfiniment du cash que lui apportent ses actionnaires. Ses statuts comprennent un délai maximal pour réaliser l’opération – soit dans le jargon, se «dé-spacker» -: comme souvent, il était fixé chez Pegasus Europe à 24 mois après le règlement-livraison des actions introduites en Bourse, intervenu le 3 mai 2021. Peugasus devait donc réaliser une acquisition avant le 3 mai 2023.
Avant même d’atteindre cette date, et alors qu’un délai de grâce de six mois supplémentaires pouvait être demandé aux actionnaires, le Spac a jeté l’éponge en annonçant, le 21 mars dernier dans un document d’information réglementée, sa prochaine dissolution. La direction générale a donc recommandé au conseil d’administration, qui l’a unanimement approuvé, de dissoudre et de liquider Pegasus Europe. Ce qui sera au menu de l’assemblée générale qui se réunira le 2 mai prochain. En cas d’approbation, le cash apporté, soit environ 10€ par action, sera retourné aux actionnaires dans les jours qui suivront.