La scission Atos prend l’eau de toute part. Le projet ne survivra probablement pas à l’AG (Brève-blog)

 

Plus je discute avec des cadres ou ex-cadres d’Atos, plus je me rends compte que au moment où on se rapproche (« virtuellement », car dans la réalité ça prend l’eau de partout) de la scission, plus en interne comme en externe on réalise que l’on va vers un naufrage et la tendance est à l’abandon pur et simple à terme de cette scission démente et une réorientation vers une opération de marketing, qui n’est pas idiote pour le coup.

Le devenir de EVIDEN apparait désormais plus clair. EVIDEN, de société indépendante, est habilement transformée, afin de ne pas perdre la face, en une MARQUE de Atos, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, sachant que la marque Atos est fortement identifiée « infrastructure », pourquoi pas renommer les autres activités sous l’enseigne EVIDEN by Atos. Là ça aurait du sens. En plus tout le monde s’y retrouve, si ça marche pas bien, il suffira de faire le contraire de mettre ATOS en gros et Eviden en petit.

Fanta par exemple est une marque de Coca-Cola, consolidé dans les comptes de Coca-cola. Ce qui est sûr, c’est que pour l’instant, la « vrai scission » a été, elle, mise en standby, comme nous l’avions recommandé au management d’Atos dans un courrier publié dans l’article SCISSION ATOS, Partie 2.

Cette scission déjà porte un faux nom, c’est un dépeçage d’Atos, car une fois les 30% d’Evidian vendu par New Atos pour couvrir ses besoins en cash, le groupe sera scindée en deux unités sans lien juridique, donc un dépeçage, je précise cela au cas où Mme Soleil78 lirait cet article.

La scission des contrats signés par Atos entre New Atos et Eviden tourne au casse tête. Les clients voient la chose d’un très mauvais oeil, surtout pour les contrats pluriannuels car cela revient à faire signer des avenants aux contrats où les clients vont se retrouver avec un prestataire surrendetté dont l’avenir est tout sauf assuré. A priori d’après mes dernière infos on a dépassé les 5% d’avenants signés, mais on est encore loin des 10%.

En effet d’après nos informations, de sources extrêmement sûres, émanant de l’interne et de l’externe, via des cadres supérieurs ayant quitté Atos ou des cadres Atos retraités, informations récemment confirmées sur France Culture par Marc Edenwel même s’il ne cite pas de pourcentage et reste très évasif, n’ayant probablement pas la même qualité de sourcing que nous 😀 , 70% des contrats de Cyber sont signés en accompagnement de ventes de contrats TFco. Le plus gros client de Cyber, c’est donc TFCo!! Et pour aller même plus loin, la Cyber n’arrive pas à s’exporter, 60% est vendue en France.

C’est très simple. Prenons l’exemple d’un  contrat TFCo avec 15% de Cyber pour la protection des serveurs. Comme TFCo fait 6Md€, 15% de 6 Md€ ça fait 900M€, pour 750M€ de Cyber en 2022 et plus de 800M€ prévu en 2023. Dans TFCo il n’y a pas que « du serveur », il y a aussi du service, donc mon calcul n’est pas totalement juste, mais si l’on par du raisonnement suivant 50% des contrats de TFCo incluent de la Cyber, pour environ 15%, cela fait 450M€ de Cyber, donc on arrive environ sur nos 70%.

Il y a donc peut de vente environ 300M€ à 350M€ de Cyber à des clients qui ne sont pas clients de TFCo. Et dans cela, il y a une grosse part de militaire (la DGA), dont des contrats avec Thalès et Airbus. Donc en enlevant TFCo, Thalès, Airbus et la DGA, ça fait très peu de ventes de Cyber. L’idée théorique, mais pas réalisable en pratique, de Meunier, Galbe et McKinsey, était de se dire « si Eviden est indépendant, ils seront plus motivés pour aller chercher des contrats ailleurs.

Mais ça, ça a un nom très précis, c’est : prendre ses désirs pour ses réalités. Le fameux : « avec un management adapté, une structure adapté, blabla, nous seront plus efficace ».

C’est du blabla de technocrate. La base de l’économie et je dirai même la base du capitalisme, c’est la croissance et donc c’est grossir. PSA a fusionné avec Fiat-Chrisler. PSA n’a pas scindé peugeot et Citroen. Heinz et Kraft food ont fusionné il y a 5 ans. Pourtant on pourrait être tenté de dire que le biscuit et le ketchup c’est pas l’accord parfait.

Les scissions réussies il y en a un nombre minime. ATT a séparé ses activités de hardware sous le nom Lucent. Finallement pour les actionnaires qui ont gardé leur action Lucent, ça a été fusionné avec Alcaltel  pour former Alcatel Lucent et rachété pour 3€ symbolique par action par Nokia. Donc perte totale de valeur pour l’actionnaire.

La scission la plus proche de Atos c’est IBM/Kyndryl, échec aussi. Je dirais pas échec totale, mais la somme des deux entités vaut la même chose que avant la scission.

Je ne vous cache pas que quand j’ai apris ça je suis tombé à la renverse. Comme quoi l’expression « y’a pas besoin d’avoir fait polytechnique pour… » pourrait aussi être formulé « même en ayant fait polytechnique, on peut faire d’énorme conneries, que ne ferait pas un chef d’entreprise d’une PME locale sorti d’une petite école de commerce ».

A la fin de l’année dernière sur tous les forums de France et de Navarre, on pouvait lire « vers mars quand on va se rapprocher de la scission, l’action Atos sera à 20€. soyons patients ». Mais plus la scission approche, plus le cours d’Atos se rapproche de son cours post annonce de la scission, à savoir 10€. Et dire que dans le DEU, Mr Meunier impute de façon presque diffamatoire la chute de 50% du cours de l’action au départ de Rodolphe Bermer.

Il y a longtemps que Belmer est parti et le cours fait toujours du sur-place. Il a juste repris 20% depuis l’annonce de la scission et du départ de Belmer. Donc on peut désormais avec le recul, chose que ne connait apparement pas Bertrand Meunier (le recul), attribuer la chute du cours à 10€ à la scission et le départ de Belmer comme simple catalyseur. C’est d’ailleurs très amusant de voir que les DEU de Thierry Breton faisaient 80 pages, là où ceux de Meunier font 480 pages. On est tellement noyé d’informations inutiles que personne n’a envie de le lire.

On pourra néanmoins remarquer dans ce DEU 2022, que Katrina Hopkins, élue face à Christian Beer, senior engineer, a été qualifiée dans le CA d’experte au niveau technique alors que son diplome est un Bachelor of Science (licence) de Psychologie. Sacrée autodidacte la petite Kat… Tout ce DEU n’est que mensonges et rammassis de fausses informations…

 

Si l’on parle en résultat normalisé (en enlevant les mensonges de Meunier) seuls 3 membres du CA ont des compétences technologiques. Elizabeth Tickman a été consultante Accenture pour Microsoft mais c’est un cabinet d’audit pas d’ingénieurie, quand à Astrid Stange elle a travaillé chez Axa et a utilisé comme tout le monde un PC, mais elle n’est en aucun cas experte en Cyber quantique 😀  Que d’idioties…

Quand à Viviek Bathina, il est expert en construction de tour/antennes GSM, et c’est l’opérateur qui installe ses antennes relais, donc la partie technologique n’est pas gérée par Vintage Towers sa société. Donc je le compte comme 0.5 car il faut un minimum de compréhension de la diffusion des ondes électromagnétiques, mais c’est pas du tout de l’informatique pure, ce qui fait réelement 2.5 administrateurs sur 14 avec des compétences technologiques. Après il faut pas être surpris que avec un CA batard on accouche d’une scission batarde…

Par contre ils sont 9 en compétences dirigeants, mais alors que en interne tout le monde savait que au bout de 7/8 mois Elie Girard ne faisait pas l’affaire. Il était critiqué comme aucun autre DG ne l’a jamais été chez Atos, et même à 9, ils ont mis un an avant de le virer!! Ce tableau nécessiterait un gros travail de requalification de tous ces messieurs-dames qui émargent par contre à 80 000€ en moyenne et notre premier ministre gagne plus avec ses deux réunions par mois que son salaire du Maire du Havre, pour dire la cash machine pour administateur qu’est Atos.

Avec « ça » on va pas aller très loin. Il va être temps de faire un peu de dégagisme à l’AG. Tous vos votes compteront.

Pour revenir à la scission, tous les institutionnels sont partis en courant, ne voulant pas récolter de cette action Evidian composée principalement de dette et qui deviendrait probablement la plus shortée de France si la scission allait à son terme.  En fait c’est même plus une question de stratégie. Le groupe Atos tel qu’il est aujourd’hui ne peut pas vivre splité, ou un scénario à la ORPEA en sera probablement l’aboutisssement. Car TFco ne peut pas vivre sans vendre de la Cyber pour ses serveurs et Cyber ne peut pas vivre sans les contrats apportés par TFco.

Atos est un cas d’école qui sera enseigné dans toutes les universités dans quelques années sur ce que la technocratie peut donner comme résultat, un président qui n’a jamais eu de fonctions éxécutives dans sa vie et prend la présidence d’un groupe CAC40, une DGA qui vient de l’eau potable et n’a jamais mis les pieds dans une ESN, même si elle est très charmante au demeurant, et un DG délégué qui est arrivé là par hasard dans les valises de Belmer. Enfin une Nathalie Sénéchault qui déclare dans une interview que la scission est l’expérience ultime de sa vie.

La bonne nouvelle, c’est que la scission est reportée, les avenants aux contrats en standby et se heurtent aux refus de clients et le spinoff ne sera pas avant novembre et cela laissera suffisament de temps au nouveau CA d’amender le projet. Mon courrier au Comex d’Atos a donc porté ses fruits, courrier dans lequel je demandais « une pause Kit-Kat » sur la scission. Personne n’est dupe, si TFCo qui n’intéresse personne car assimilé à activité en déclin (alors que dans un autre article j’avais expliqué que c’était pourtant l’ADN de Atos) a son propre Investor Day et bien avant Eviden, c’est évidemment que la question de la scission n’a pas encore été tranchée et vu qu’à priori une résolution visant à démettre Bertrand Meunier devrait être inscrite à l’ordre du jour (plus de nouvelles à ce sujet dans un autre article d’ici ce week-end), je pense que le board a sagement demandé à Meunier qu’il soit d’abord confirmé pour aller plus en avant.

Pour les abrutis de Boursorama qui ont écrit: « même moi je me serais pas permis d’écrire avec un ton péremptoire à Meunier », sont ridicule. Tout message argumenté est respecté. Ce qui n’est jamais accepté c’est la critique gratuite. Qu’on ait 10 actions ou 100 000 actions, on a le droit de dire à la direction qu’elle en prend une mauvaise [direction].

Voilà, c’était une petite mise en bouche avant LA SCISSION ATOS, Partie 3 qui a été retardé pour raisons personnelles.

 

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4 Comments on "La scission Atos prend l’eau de toute part. Le projet ne survivra probablement pas à l’AG (Brève-blog)"

  1. Gwenael | 26/05/2023 at 18:35 |

    Article intéressant dont je partage les vues.
    Accenture n’est cependant certainement pas un cabinet d’audit…

    • Map, Blog admin | 26/05/2023 at 21:21 |

      Auditeur en anglais veut dire « commissaires aux comptes » et on utilise maintenant courament le terme audit pour dire examen par les commissaires aux comptes, tels que « comptes audités ». Par extension ces cabinets d’expertise comptable et commissaires aux comptes font aussi du conseil et de l’audit. La part d’audit chez Accenture même si pas majoritaire doit être assez importante cependant.

  2. Gwenael | 27/05/2023 at 09:59 |

    Accenture n’est en aucune façon un commissaire aux comptes. Son ancêtre il y a 20+ ans (Andersen) avait une branche audit mais il y a scission pour éviter des conflits d’intérêts.
    https://www.accenture.com/fr-fr/about/company/france

    • Map, Blog admin | 27/05/2023 at 14:36 |

      Je n’ai pas dit que Andersen était un commissaire aux comptes pure player, même s’il a une branche commissaire aux compte, mais que historiquement toutes ces sociétés de conseils il y a 40 ans étaient des commissaires aux comptes qui ont petit à petit démarré des activités de conseil et d’audit qui représentent maintenant la plus gros part de leur activité.
      Son ancêtre n’était pas Andersen, mais Arthur Andersen et comme il y avait Andersen (je crois que c’était deux frères, à vérifier) et Arthur Andersen, ce dernier a décidé pour éviter toute confusion de se renommer Accenture et il a eu des préssentiment (ou des informations) car un an après éclatait le scandale Enron pour lequel Andersen était commissaire aux comptes.

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