Le départ de Philippe Germond, en poste depuis à peine un peu plus d’un an, apparaît comme un coup d’Etat après plusieurs mois de conflit sur la stratégie du groupe qui a opposé sa direction aux fonds d’investissement Pardus et Centaurus, jusqu’à un accord intervenu fin mai.
“Ce n’est pas un problème de stratégie, c’est un problème de personne. Les séquelles de la bataille du printemps n’étaient pas effacées”, a estimé une source proche du dossier. “Il n’y avait pas de confiance entre le management et le conseil. Il fallait tourner la page”.
Selon une autre source proche du dossier, des discussions avaient débuté il y a un mois avec Thierry Breton sans que Philippe Germond, en désaccord sur la nouvelle stratégie, soit au courant.
“Ce qui est très encourageant, c’est que tous les actionnaires et le conseil d’administration ont la même vision”, a dit cette source. “Maintenant qu’il y a une nouvelle stratégie, il faut l’accélérer, focaliser le groupe sur les activités rentables et vendre celles qui sont à faibles marges”.
Atos Origin avait annoncé le 31 octobre des cessions d’actifs de 250 à 500 millions d’euros, notamment en Asie et en Amérique du Sud, dans le cadre d’un plan stratégique visant à se recentrer sur ses offres distinctives.
Le titre s’adjuge 5,53% à 19,09 euros vers 10h10, après un pic à 20,48 euros. Il accuse une baisse de 46% depuis le début de l’année, avec une capitalisation de 1,3 milliard.
Oddo Securities a relevé sa recommandation d’”accumuler” à “achat” avec un objectif de cours maintenu à 28 euros.
“La nomination de Thierry Breton pourrait susciter un engouement boursier pour la nouvelle stratégie qu´elle annonce, un rappel de l´efficience de la nouvelle gouvernance d´Atos Origin et les qualités et les atouts de Thierry Breton eu égard à la problématique Atos Origin”, explique l’intermédiaire.
“Par ailleurs, le titre Atos Origin nous paraît offrir une configuration plus favorable (profit warning 2008 derrière nous et annonces à venir qui devraient plaire au marché)”.
Le 31 octobre, Atos Origin s’était déclaré confiant dans sa capacité à générer une croissance organique positive en 2009, en comptant sur les deux tiers récurrents de son chiffre d’affaires et la bonne tenue de son carnet de commandes.
RETOUR DE THIERRY BRETON
Thierry Breton, qui fut ministre des Finances entre 2005 et 2007 après avoir dirigé Thomson et France Télécom, avait récemment été pressenti pour la présidence non exécutive d’Alcatel-Lucent, finalement confiée à Philippe Camus.
“Atos, c’est petit, mais s’il vient, c’est qu’il y a encore du développement à faire”, a déclaré l’une des sources.” Il n’est pas là pour démanteler la société”, a-t-elle ajouté en réponse à des rumeurs récurrentes en ce sens.
Pour CM-CIC, l’arrivée de Thierry Breton pose surtout un certain nombre de questions. “Combien de temps va-t-il lui falloir pour analyser la situation et prendre les premières décisions stratégiques, et quel sera l’impact de ce délai sur la réactivité du groupe en période de ralentissement de la demande ?”, s’interroge l’intermédiaire dans une note.
“Thierry Breton est-il mandaté pour poursuivre le développement d’Atos Wordline ou pour céder cette filiale ainsi que les actifs dits non stratégiques ?”, poursuit-il.
Atos a fait savoir le 31 octobre qu’il comptait faire d’Atos Worldline le leader européen dans les services de transactions électroniques d’ici à trois ans, avec un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros, contre 800 millions actuellement, et une marge opérationnelle supérieure à 15%.
Pour y parvenir, Atos avait dit compter sur la croissance organique d’Atos Wordline, des contrats d’externalisation et quelques acquisitions-clés, comme celle du spécialiste italien de paiements électroniques SIA-SSB, pour laquelle il avait confirmé avoir été présélectionné.
Le groupe avait rejeté fin septembre une offre du fonds de capital investissement britannique Candover sur Atos Worldline, évaluée par la presse à 1,6 milliard d’euros.
Interrogé sur un intérêt pour des actifs d’Atos, Paul Hermelin, directeur général de Capgemini, remarque dans un entretien publié lundi dans La Tribune que les pays où son groupe cherche à se renforcer “ne correspondent pas exactement au spectre géographique d’Atos”.
Avec la contribution de Dominique Vidalon. Edité par Pascale Denis
https://www.reuters.com/article/ofrbs-france-atos-bourse-20081117-idFRPAE4AG0BE20081117