Tension extrême, rebondissement avec révélation de la présence d’un traître dans le camp de la direction, puis confusion sans nom. L’Assemblée générale d’Atos, qui s’est tenue hier salle Gaveau à Paris le 22 mai 2008, a tenu toutes ses promesses (lire Libération d’hier). L’enjeu concernait l’entrée au conseil de surveillance de représentants des fonds Pardus et Centaurus, qui contestent la stratégie de la direction. Finalement, le vote n’a pas eu lieu et la réunion a été ajournée après une annonce surprise. Le président du conseil de surveillance du fonds commun de placement des employés (FCPE) d’Atos, Gérard Guerguerian, par ailleurs directeur juridique de la société, venait d’annoncer devant une assemblée éberluée qu’il allait voter pour les fonds. Récit.
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Scrutateurs. Au départ, toutes les conditions étaient pourtant réunies pour une confrontation sereine. Au début de l’AG, Didier Cherpitel, le président du conseil de surveillance, fait monter les représentants des deux fonds à la tribune pour faire office de scrutateurs. Et s’explique sur les contacts pris entre la direction et les fonds depuis plusieurs mois, ainsi que les échecs à trouver un accord. Il laisse ensuite la parole à Bernard Oppetit, président de Centaurus, pour présenter sa position, et à Colette Neuville, présidente de l’Association des actionnaires minoritaires, candidate des fonds pour entrer au conseil de surveillance. Dans la salle, les actionnaires réagissent bruyamment. Mais sans débordement. Philippe Germond est longuement applaudi après avoir présenté son plan de redressement. Le nom de son prédécesseur, Bernard Bourigeaud, absent, mais candidat des fonds est, lui, hué. Beaucoup d’actionnaires reprochent à l’ancien patron d’Atos d’avoir laissé la société s’effondrer, puis d’être parti en touchant 4,5 millions d’euros.
Tout à coup, alors que la séance des questions-réponses est bien entamée, le patron du FCPE d’Atos, un micro à la main, monte à la tribune et annonce qu’il va lire une déclaration. «Il est normal que les fonds puissent nommer deux représentants au conseil de surveillance, défend-t-il. En revanche, la bataille médiatique menée par la direction n’a pas été bénéfique aux intérêts de la société.» Et Guerguerian de prendre la défense de l’ex-président Bourigeaud, dont il était proche : «Il est le meilleur rempart contre un démantèlement de la société.» Sa conclusion ? Son vote suivra les recommandations des fonds. Stupeur de Germond : «La position de monsieur Guerguerian est personnelle. Il n’a pas reçu de mandat pour voter en ce sens.» Le directeur financier de la société, aussi membre du FCPE, vient confirmer ses dires à la tribune. Guerguerian répond alors que son mandat n’était pas impératif. «Traître ! C’est un détournement de vote !» crient des salariés actionnaires d’Atos, tandis que la salle gronde. Germond demande alors une suspension de séance. Représentants des fonds et direction montent à la tribune pour discuter de la conduite à tenir.
Le désordre est total. Certains actionnaires crient. Guerguerian est directement pris à partie par des actionnaires furieux. Après dix minutes de conciliabules de part et d’autre, Germond déclare que l’AG est ajournée et sort immédiatement de la salle. «Il n’y a pas lieu de lever l’assemblée, c’est une mascarade», réagit Bernard Oppetit, qui appelle les gens à rester. Mais la salle se vide petit à petit.
«Basculer». Un peu plus tard, Germond décrypte ce qui vient de passer. «Ce n’était pas possible de laisser monsieur Guerguerian voter. Le FCPE représentait 5 % des droits de votes et pouvait faire basculer l’AG. Ce qui aurait ensuite entraîné des recours de salariés, et déstabilisé la société. Je m’engage en revanche à reconvoquer une nouvelle AG très bientôt dès que le conseil de surveillance du FCPE se sera réuni». Quant à l’avenir du directeur juridique d’Atos, il semble plutôt compromis. «Nous allons nous réunir pour tirer les enseignements de ce qui vient de se passer», conclut Germond.
https://www.liberation.fr/futurs/2008/05/23/l-assemblee-generale-d-atos-vire-a-la-foire-d-empoigne_72402/?redirected=1&redirected=1
POSTFACE
Est-ce que Bertrand Meunier irait jusqu’à faire pareil en cas de vote négatif si tous ses administrateurs étaient soit non élus soit révoqués et invoquerait comme son prédécesseur une déstabilisation de l’entreprise. Ce qui est amusant c’est qu’à l’époque Mr Meunier faisait partie de PAI, un des fonds partisants du départ de Mr Germond et c’est PAI qui est allé chercher Thierry Breton, que son nouveau pote (je rappelle qu’ils sont voisins en Corse) Jean-Pierre Mustier critique à tout va en lui faisant porter la responsabilité de la débacle pour dédouaner sont voisin Bertrand Meunier.
Je ne le pense pas et je ne le souhaite pas, mais je n’irai pas jusqu’à parier le contraire et à faire appel à des artifices juridiques en dernier recours. Plus que quelques jours pour savoir si Bertrand Meunier est un bon perdant et s’il aura préparé un petit speach des quelques minutes en cas de départ, puisque ce sera pour lui sa dernière apparition publique, je ne suis même pas sûr qu’il y ait une réunion du CA pour valider les votes à priori le fait de cloturer l’AG par le président de scéance la valide, il aura donc juste le droit de venir chercher ses affaires dans son bureau.