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C’est à l’évidence une bonne nouvelle pour Atos, même si l’entreprise n’est pas encore sortie de l’ornière. Vendredi soir, alors qu’était attendu par la direction du groupe informatique français le dépôt des offres de reprise du groupe venant d’investisseurs tiers, une partie des créanciers bancaires et obligataires de l’entreprise ont trouvé un accord oral visant à financer un plan de sauvetage et desserrer ainsi le cordon de 4,9 milliards d’euros de dette qui l’asphyxie. « Les détails ne sont pas signés, mais il n’y a plus de possibilité de jouer la division entre les uns et les autres. Ce n’est que le début, les conseils vont discuter donc il y a encore pas mal de boulot», estime un porteur de dette. Mais si tout le monde est raisonnable, le pire est peut-être passé pour Atos».
À défaut d’être un cas inédit, il est rare que ces deux types de créanciers s’entendent sur ce type de dossier sensible. « Les banquiers essayent d’écraser tout le monde dans ce type de cas», note la source citée plus haut. Autrement dit, d’obtenir des privilèges sur la restructuration financière. Dans le cas d’Atos cependant, la structure de la dette et le fait que les créanciers étaient tous dits « pari passu», autrement dit traités à l’identique dans le cadre de la restructuration financière, les ont conduit à faire cause commune. « Ne pas se mettre d’accord, ne pas supporter une des offres de reprise en sautant par-dessus bord signait l’arrêt de mort d’Atos. S’allier était la seule solution logique», insiste encore notre porteur de dette.
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Le moment est important, mais pas décisif. Cet accord, oral, a été passé vendredi soir à l’initiative des comités de pilotage des deux camps. Selon deux sources, l’accord n’en couvrirait pas moins plus de la moitié des 4,9 milliards de dette d’Atos. Or, dans une procédure de sauvegarde accélérée, les procédures de restructuration doivent être votées aux deux tiers par les créanciers. Ayant dépassé la minorité de blocage, ce groupe s’estime désormais en position de force pour négocier la suite des événements.
Un plan de sauvetage à détailler
La première étape constituera la quantification du besoin financier pour sauver Atos. Selon le conseil d’un des créanciers, ce groupe aurait manifesté son intention d’apporter jusqu’à 1,2 milliard d’euros d’argent frais à Atos, et d’écraser une partie des 4,9 milliards de dette dans une proportion qui reste à déterminer. Pour rappel, il y a une semaine tout juste, Atos avait demandé à ses créanciers près de 1,7 milliard d’euros d’argent frais et la réduction de 3,2 milliards d’euros de dette pour assurer sa pérennité. « Il y a encore un travail à faire de chiffrage par la direction. À nos yeux, les données ne sont pas encore assez précises», estime-t-on dans le camp des créanciers. Selon ce qui sera demandé, des divergences pourraient poindre entre les banques et les obligataires. Et il n’est par rare dans ce type de dossier que les allégeances changent de main.
Puis viendra dans un second temps le choix d’un actionnaire de référence. « Il faut un partenaire industriel pour gérer le dossier. On a bien vu à quoi pouvaient mener les errances managériales chez Atos depuis 24 mois», indique une source bien informée des négociations. Le concours de beauté devrait démarrer entre les différents porteurs d’offre dont les deux principaux : David Layani et Daniel Kretinsky. Le premier, est le plus gros détenteur d’actions du groupe avec 11% du capital et candidat déclaré pour devenir son actionnaire de référence (au-dessus de 30%). Daniel Kretinsky, qui avait été éconduit de son projet de reprise d’une des entités d’Atos, TechFoundations, n’a jamais perdu son intérêt pour Atos devrait lui aussi être de la partie. La décision de l’État de récupérer les actifs stratégiques du point de vue de la souveraineté, que le milliardaire tchèque n’aurait pas pu récupérer, rend le dossier plus lisible pour lui.
Concours de beauté
L’accord oral entre créancier bancaire et obligataire passé vendredi soir devrait a priori leur conférer un rôle d’arbitre dans le concours de beauté qui s’ouvre. Certains d’entre eux fixent d’ailleurs déjà les règles : en premier lieu, la nécessité de conserver le « caractère intégré du groupe». « Cela permet de garder la boîte française, de rassurer les employés sur le fait qu’elle ne soit pas découpée en 45 morceaux, mais aussi les clients», souligne un porteur de dette. À l’évidence, l’autre dimension qui sera prise en compte concerne la valorisation donnée par les repreneurs potentiels aux actions nées de la conversion de la dette contre capital suite à la restructuration financière et qui ont vocation à être cédées par les créanciers.
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La partie est donc loin d’être jouée. L’administratrice judiciaire Hélène Bourbouloux aura son mot à dire, son mandat étant de défendre autant que possible l’intérêt supérieur de l’entreprise. Il ne fait en revanche plus guère de doute sur le fait que les actionnaires existants, d’Atos, seront très fortement dilués. « S’ils conservent 1% du capital à l’issue de la restructuration, ce sera déjà énorme», insiste un bon connaisseur du dossier.