COPYRIGHTS LES ECHOS-
Bercy a envoyé à Atos une lettre d’intention pour lui racheter ses systèmes utiles à la dissuasion, aux commandements des armées et aux services de renseignement. Reste à trouver un accord sur le prix et l’entrée d’industriels.
Par Anne Drif
L’Etat passe à la vitesse supérieure en pleine descente aux enfers d’Atos. Bercy devance les créanciers et repreneurs qui discutent de la restructuration du groupe et fait une offre sur les activités dites «souveraines» de l’ex-fleuron informatique. « Nous avons manifesté ce week-end notre intention d’acquérir ces activités, a annoncé Bruno Le Maire sur LCI. L’Etat agit depuis longtemps sur Atos. Il y a des activités souveraines qui doivent rester sous contrôle exclusivement français ».
L’Agence des participations de l’Etat a envoyé à Atos ce week-end une lettre pour lui proposer un rachat des supercalculateurs nécessaires à la dissuasion nucléaire (logés dans division Advanced Computing), ainsi que les systèmes critiques utiles au commandement du programme Scorpion de l’armée de terre, et aux connectivités du nouveau Rafale F4, (l’entité Mission Critical Systems). Une troisième division spécialisée dans les activités cyber stratégiques pourrait aussi entrer dans l’escarcelle de l’Etat.
Les actifs hérités de l’ex-Bull ont aussi une portée hautement sensible car ils servent les intérêts des services de renseignement en matière d’écoute, de communication et crypto-analyse.
Bercy avait déjà mis un pied dans la porte en prenant une action de préférence début avril. A ce stade, l’Etat n’évoque pas la nationalisation de force s’il ne trouve pas d’accord avec la direction d’Atos. Pour mettre la main sur ce périmètre d’environ 900 millions d’euros de revenus et mobilisant 4.000 personnes, Bercy a formulé une fourchette de prix, qu’il ne souhaite pas rendre publique. Selon des sources, ce périmètre équivaudrait à environ la moitié, voire 60 % de ce qu’Airbus visait, et pour lesquelles il envisageait de dépenser moins de 1,5 à 1,8 milliard d’euros.
Négociations avec des industriels
Dans un second temps ou en parallèle, l’Etat va ouvrir le capital de cette entité sensible à des industriels. Le cabinet de Bruno Le Maire n’a pas voulu préciser si Dassault et Thales étaient engagés dans des discussions. « Cela fait plusieurs semaines que des discussions sont lancées avec des acteurs », a indiqué le cabinet de Bruno Le Maire. L’entité Mission Critical Systems intéresserait notamment Thales, selon des sources. Le nom de Dassault est revenu ces derniers mois.
Si les négociations échouent, comme avec l’avionneur, le cabinet de Bruno Le Maire ne dit pas s’il passera en force sachant que les parlementaires poussent en ce sens depuis des mois. L’Etat a déjà envisagé d’entrer en minoritaire dans ces activités sensibles, mais le projet a échoué faute d’accord justement sur une valorisation.
A ce stade, l’Agence des participations de l’Etat dit vouloir mener des « due diligences » plus approfondies, en vue d’une remise d’offre qui ne pourrait n’être qu’indicative, début juin.
Mais c’est une course contre la montre pour Bercy chez Atos. Le géant du numérique doit encore préciser en début de semaine de combien encore il doit réduire ses 4,8 milliards d’euros de dette, à peine quinze jours après avoir annoncé qu’une réduction de moitié suffirait. Selon des sources, Atos pourrait avoir besoin d’aller au-delà des 60 % et d’accroître de 100 millions d’euros encore ses besoins d’argent frais.
Pas sûr que cela conforte les éventuels candidats: des hedges fund qui portent la moitié de la dette de la société, David Layani son premier actionnaire ou Daniel Kretinsky et le canadien CGI. D’autant qu’ils se voient là déjà privés d’une partie du périmètre par l’Etat à quelques jours de remettre leur offre.
Anne Drif et Nicolas Madelaine
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/letat-fait-une-offre-sur-les-activites-souveraines-datos-2091695
====
Restez automatiquement averti à chaque nouvel article du blog, au rythme maximal de 3 fois par semaine. Inscrivez-vous à notre NEWSLETTER. Cliquez ici. Vous pourrez vous désinscrire à tout moment. Nous utilisons un pluggin officiel WordPress agréé CNIL.
======
Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.
Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.
Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.
Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.