Article CAPITAL, publié le 18/12/2021.
Atos semble sous-évalué en Bourse et pourrait attirer des prédateurs, comme Orange et Thales, qui pourraient notamment convoiter son pôle cybersécurité.
2021 sera vraisemblablement une année à oublier pour Atos, l’action ayant fondu de moitié depuis le premier janvier, à l’heure où ces lignes sont écrites. Il faut dire que le géant français de la high-tech (cybersécurité, big data, infrastructures…) a connu une véritable descente aux enfers sur l’année, émaillée de déceptions à répétition. Pour autant, tout a un prix, et l’action est devenue très peu chère, de l’avis de nombreux intervenants. C’est aussi celui de Thomas Alzuyeta, gérant chez Kirao Asset Management, interrogé par Capital.
Si la société de gestion dit avoir longtemps préféré Capgemini à Atos, du fait notamment de ses activités jugées à plus forte valeur ajoutée (consulting, etc.), le grand écart entre les deux sociétés cotées sur le front des multiples de valorisation (leur degré de cherté en Bourse) milite actuellement en faveur d’Atos. “Atos est peu cher payé actuellement. La dynamique de croissance du chiffre d’affaires est moins forte qu’auparavant du fait d’une activité infrastructures (serveurs) sous pression (de nouveaux acteurs, comme Amazon, constituent une concurrence redoutable). Pour autant, la branche infrastructures, le principal problème du groupe, ne représente qu’un cinquième du chiffre d’affaires. Et le reste de l’activité devrait rester bien orienté. En particulier, il y a des activités représentant 2 à 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires (sur 11 milliards) qui sont très dynamiques”, souligne Thomas Alzuyeta.
Atos est sous-évalué en Bourse… et pourrait attirer des prédateurs
En supposant qu’Atos mette “2 milliards d’euros sur la table pour résoudre (par une restructuration, des cessions…) le problème constitué par le pôle infrastructures, le groupe se paierait ensuite 7 fois son résultat opérationnel attendu”, juge Thomas Alzuyeta. Dans ces conditions, un objectif théorique minimum de 60 euros (très supérieur au cours actuel de 36 euros, au 16 décembre) serait envisageable, selon lui. A cet égard, en cas d’OPA lancée sur Atos, un prédateur rentrerait rapidement dans ses frais, sur la base d’un prix d’offre de 50-60 euros, estime le gérant.
Orange et Thales intéressés par Atos ?
Orange ou Thales font figure d’acheteurs potentiels, car ils seraient vraisemblablement intéressés par le pôle cybersécurité (un créneau où ils sont eux-mêmes très en pointe) d’Atos. Un métier porteur. A tel point qu’Atos “réalise souvent des acquisitions dédiées à un multiple de 2 à 3 fois le chiffre d’affaires de la cible ! Un multiple qui conforte l’idée qu’Atos est globalement sous-évalué en Bourse, du fait de la grande valeur théorique de nombre de ses actifs… La partie cybersécurité d’Atos, qui représente de 15% à 20% du chiffre d’affaires, devrait sans doute valoir en théorie 15 fois le résultat opérationnel”, juge à cet égard Kirao Asset Management. “Orange pourrait par ailleurs convoiter les data centers du groupe”, ajoute le gérant.
Si certains acteurs français pourraient ainsi jeter leur dévolu sur Atos, Thomas Alzuyeta juge peu probable une offre d’achat émanant de fonds activistes étrangers, car le gouvernement verrait probablement une telle offensive d’un mauvais œil. De nombreuses activités d’Atos sont en effet jugées stratégiques par la France.
Un nouveau dirigeant attendu au tournant
Atos bénéficie par ailleurs d’une bonne santé financière, avec quasiment pas de dette financière. Un nouveau dirigeant arrivera en janvier. “Il devrait s’attaquer aux problèmes d’Atos et travailler à sa revalorisation en Bourse. Le travail de restructuration / cessions sur le pôle infrastructures devrait être un travail de longue haleine, mais il sera vraisemblablement apprécié des investisseurs en actions. Le nouveau dirigeant devrait être jugé au premier semestre sur sa volonté d’améliorer le profil d’activités d’Atos”, avertit Thomas Alzuyeta. Ainsi, si Atos constitue a priori une opportunité d’achat au niveau de cours actuel, le nouveau dirigeant est attendu au tournant par la communauté financière…