Le groupe informatique français lourdement endetté Atos, qui a présenté son cadre de refinancement à ses créanciers lundi, est à la recherche de 1,2 milliard d’euros et prévoit de convertir en actions près de la moitié de sa dette de 4,8 milliards d’euros.
Atos est à la recherche de 1,2 milliard d’euros et prévoit de convertir en actions près de la moitié de sa dette, (Crédits : STEPHANE MAHE)
.
Les créanciers devront s’asseoir sur leurs dettes. C’est ce qui leur a été indiqué ce lundi lors de la présentation par la direction d’Atos des paramètres du cadre de refinancement du groupe informatique qui veut restructurer sa dette d’ici à juillet.
Étranglé par une dette de colossale de près de 4,6 milliards d’euros, dont 3,65 milliards d’euros d’emprunts et d’obligations à rembourser ou refinancer d’ici fin 2025, Atos est à la recherche de 1,2 milliard d’euros et prévoit de convertir en actions près de la moitié de sa dette, a-t-il confirmé ce mardi avant l’ouverture de la Bourse de Paris, dans un communiqué. Le titre reculait de 3,51% à 2,23 euros à la Bourse de Paris mardi vers 10 heures (8 heures GMT), dans un marché en baisse de 0,42%.
L’Etat octroie un prêt de 50 millions d’euros
Les propositions des créanciers sont attendues le 26 avril. Un accord de principe avec un groupe de banques et l’Etat sur un financement intermédiaire de 450 millions d’euros, permettant de donner de l’air au groupe informatique jusqu’à la conclusion d’un accord de refinancement « d’ici juillet 2024 », a également été annoncé.
« L’État prend sa part dans ce financement qui permet de stabiliser la situation financière du groupe et de donner de la visibilité aux parties prenantes, à travers l’octroi d’un prêt de 50 millions d’euros, a indiqué le ministère de l’Economie, dans un communiqué distinct, également publié ce mardi matin. Ce prêt, qui sera octroyé aux entités qui portent notamment les activités de calcul haute-performance, s’accompagnera de l’émission, au profit de l’État, d’une action de préférence conférant un droit de regard renforcé de l’État sur ces actifs stratégiques. Il constitue ainsi une première étape dans la protection des activités stratégiques du groupe annoncée par le Ministre le 19 mars dernier. »
La piste d’un démantèlement toujours sur la table
En échange d’un prêt de 50 millions d’euros, l’Etat aura « une action de préférence » sur Bull SA, une partie de la filiale « big data » et sécurité (BDS) qui contrôle les activités sensibles et souveraines d’Atos (notamment des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire et des contrats avec l’armée française), a confirmé le directeur général d’Atos Paul Saleh, mardi, lors d’une conférence téléphonique.
Une bonne nouvelle pour le groupe à la recherche d’argent frais après l’échec ces dernières semaines de deux opérations de vente qui étaient censées renflouer les caisses : celle des activités historiques d’infogérance, Tech Foundations, au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et celle des activités de « big data » et sécurité, BDS, à Airbus). Début février, Atos avait indiqué disposer de 2,4 milliards d’euros de trésorerie. Un montant suffisant pour découvrir (ses) besoins de liquidités jusqu’à l’éventuelle obtention d’un accord global pour restructurer sa dette d’ici à juillet.
La piste d’un découpage de ses activités n’est toutefois pas enterrée. Daniel Kretinsky serait toujours intéressé, selon la Lettre, qui lui prête une alliance avec l’entreprise canadienne CGI. Quant au français Dassault Aviation, en partenariat avec le groupe de conseil en ingénierie Astek, il serait sur les rangs pour les activités BDS.
Le cadre de refinancement présenté aux créanciers rebat les cartes quant aux éventuels futurs repreneurs du groupe. « Nous allons prendre toutes les propositions d’ici le 26 avril et les examiner. Nous avons mis des paramètres très clairs de ce qu’on essaye d’obtenir », a déclaré Paul Saleh.
« Nous allons évaluer toutes les propositions et en discuter avec nos créanciers. Ce sont eux aussi qui vont revoir les points des uns et des autres. Quand on arrivera à une proposition » que ces derniers soutiennent, « on la présentera à notre conseil d’administration », a-t-il encore précis
Walter Butler se rallie à Onepoint
David Layani, premier actionnaire d’Atos à travers sa société Onepoint (11,4% du capital), lui, veut conserver tous les actifs du groupe. Il doit présenter son projet au conseil d’administration fin avril. Ce dimanche, il a reçu le soutien de la société d’investissement Butler Industries. Un ralliement salué par les investisseurs. Le titre d’Atos a en effet bondi de près de 19% à la Bourse de Paris lundi, clôturant à 2,31 euros. Une éclaircie alors que l’action a perdu près de 80% de sa valeur boursière en un an.
De son côté, l’Etat, s’engage à « garantir que les activités les plus stratégiques, sensibles d’Atos » (notamment des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire et des contrats avec l’armée française) restent « sous pavillon français », a réitéré le Premier ministre Gabriel Attal à l’Assemblée nationale mercredi dernier.
Restez automatiquement averti à chaque nouvel article du blog, au rythme maximal de 3 fois par semaine. Inscrivez-vous à notre NEWSLETTER. Cliquez ici. Vous pourrez vous désinscrire à tout moment. Nous utilisons un pluggin officiel WordPress agréé CNIL.
======
Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.
Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.
Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.
Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.