Pourquoi Daniel Kretinsky s’intéresse autant au groupe informatique Atos [LE MONDE]

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Le milliardaire tchèque tente, depuis deux ans, de s’emparer de l’entreprise française. Pas seulement pour faire un coup financier.

On connaissait son goût pour les centrales à charbon, les supermarchés ou la logistique. On a découvert son attirance pour l’informatique. Depuis l’été 2022, l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky se démène pour s’emparer d’Atos, le numéro deux français du secteur.

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Publié aujourd’hui à 04h45, modifié à 08h31

Temps de Lecture 4 min.

Sa première tentative a échoué en février, malgré sept mois de négociations soutenues. La restructuration de dette engagée par le groupe d’informatique en mars lui offre une seconde chance, en reproduisant le même schéma que pour Casino, tombé dans son escarcelle en début d’année.

Pourquoi dépenser tant d’énergie pour se lancer dans un nouveau métier, si différent de la production d’électricité ou de la grande distribution ? Le coup financier est osé, mais tentant.

Avec 600 millions d’euros de fonds propres, dont une partie apportée par la société d’investissement britannique Attestor, le même associé que dans l’acquisition de Casino, Daniel Kretinsky pourrait mettre la main sur une société réalisant plus de 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires et débarrassée de la quasi-totalité des 5 milliards d’euros de dette qui l’étouffent aujourd’hui. Il faudrait la réorganiser après des années d’errances financières, mais l’ancien avocat tchèque a bâti sa fortune sur la relance de cas désespérés.

Besoin de numérique

Au-delà du gain potentiel, Atos présente un autre attrait. « Nous nous intéressons à l’industrie des réseaux, au sens large. Pour nous, Atos s’inscrit dans cette logique », explique Jiri Novacek, l’un des principaux conseillers de Daniel Kretinsky, rencontré le 21 mai à Paris, dans les locaux de Weil, le cabinet d’avocats qui conseille l’homme d’affaires tchèque dans ce dossier.

A l’écouter, le groupe de services informatiques serait même le lien qui manquait entre Casino, Editis (les deux principales entreprises du milliardaire en France), le distributeur britannique Sainsbury’s, son homologue allemand Metro, le logisticien néerlandais PostNL et les dizaines d’actifs énergétiques (centrales, sites de stockage, gazoduc) détenus en Europe centrale, en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, aux Pays-Bas, en Irlande et en Suisse. Ces entreprises ont de plus en plus besoin de numérique : au total, le groupe tchèque dit dépenser 2 milliards d’euros dans des prestations informatiques chaque année.

Pour gérer cet empire hétéroclite, il a fallu « développer des capacités de supervision et d’exploitation d’infrastructures informatiques complexes, ainsi que de gestion de centres de données et de lignes de communication le long de nos réseaux de distribution d’énergie », développe EP Equity Investment (EPEI), le fonds d’investissement luxembourgeois de Daniel Kretinsky, dans son offre de restructuration de la dette d’Atos.

Différentes entreprises du groupe du milliardaire ont aussi « lancé plusieurs projets de construction de centres de données afin de tirer parti de l’intégration verticale avec les solutions de production d’énergie », les data centers étant très consommateurs d’électricité.

Souveraineté européenne

Le lien entre informatique et supermarchés n’est pas si incongru : avant même l’arrivée de Daniel Kretinsky à son capital, Casino avait développé, dès la fin des années 2010, une activité de centres de données dans les réserves inexploitées de ses magasins. Enfin, grâce à ses actifs énergétiques, Daniel Kretinsky pense pouvoir « fournir des solutions efficaces de décarbonisation (…) et un accès expert au marché de l’énergie afin d’optimiser les coûts d’approvisionnement » d’Atos.

Selon Jiri Novacek, l’intérêt de son patron pour Atos va même au-delà de ces seuls avantages économiques supposés. « L’Europe a mis en place des règles pour le numérique, mais tous les acteurs-clés de ce secteur ne sont pas Européens. C’est un dilemme. Nous jugeons important qu’un acteur européen comme nous vienne occuper cet espace réglementé et stratégique », soutient le bras droit de Daniel Kretinsky, reprenant l’argument de la défense de la souveraineté européenne affirmé à plusieurs reprises, ces dernières années, par l’homme d’affaires tchèque vis-à-vis des géants américains du numérique et des risques d’influences étrangères par le biais des réseaux sociaux.

En agrégeant la distribution, la logistique et l’informatique, le groupe pourrait presque ressembler à un petit Amazon. « Nous ne nous inspirons pas d’Amazon, et nous ne les copions certainement pas. Nous nous concentrons simplement sur les segments d’infrastructure et de réseaux qui fournissent des services essentiels aux citoyens et à l’industrie de l’Europe », répond Jiri Novacek.

Opération séduction

En drapant sa proposition pour Atos du drapeau européen, le milliardaire vise deux critiques qui lui sont régulièrement opposées : la sensibilité de certaines activités du groupe informatique français pour la sécurité nationale et l’origine de sa fortune, construite sur le gazoduc Eustream, racheté en 2013 au français GDF et à l’allemand E.ON, et par lequel arrive le gaz russe en Slovaquie.

Concernant la première, l’intervention du ministère de l’économie, prêt à racheter les trois activités les plus sensibles d’Atos, a levé l’essentiel des inquiétudes politiques, estime le camp du Tchèque. La revente, s’il venait à s’emparer de la société d’informatique, de Worldgrid, la filiale qui développe les systèmes de contrôle commande des six futurs EPR2 d’EDF, contribuerait aussi à rassurer l’Etat français.

Quant à la seconde critique, EPEI se présente, dans son offre, comme « une société européenne indépendante et autonome qui ne dépend pas d’investisseurs ou de prêteurs non européens et qui est constamment attachée aux valeurs européennes ». Une flèche décochée, entre les lignes, à David Layani, le concurrent de Daniel Kretinsky dans le dossier Atos, dont la société Onepoint est financée par le fonds américain Carlyle, bailleur de fonds historique, dans les années 1990, du complexe militaro-industriel des Etats-Unis.

Ces arguments marketing suffiront-ils à Daniel Kretinsky pour l’emporter ? Sa proposition d’effacer d’un coup 4 milliards d’euros de dette a irrité les créanciers. Comme l’a révélé La Tribune le 18 mai, une partie d’entre eux ont exprimé leur opposition à l’offre du Tchèque dans une lettre adressée à la conciliatrice, Hélène Bourbouloux, et au comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), qui dirigent la procédure. Ces dernières heures, le camp Kretinsky a laissé entendre qu’il serait prêt à ajuster certains éléments de sa proposition pour la rendre plus acceptable par les créanciers. S’il veut remporter Atos, l’homme d’affaires tchèque doit gagner leur accord, à une majorité des deux tiers.

https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/05/23/pourquoi-daniel-kretinsky-s-interesse-autant-a-atos_6234927_3234.html

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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.

Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.

Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.

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