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Sauvetage ou casse industrielle ?
Alors qu’une assemblée générale d’Atos doit se tenir ce vendredi, le groupe informatique est à la croisée des chemins. Six créanciers apparaissent comme les grands gagnants du plan de sauvegarde accélérée adopté à l’automne sans que la continuation de l’activité ne soit réellement assurée, par manque de financements. Les salariés craignent un démantèlement. Malgré les communiqués rassurants de la direction, les mauvaises nouvelles s’accumulent, en particulier sur le front commercial. Dernière en date : l’annulation d’une commande de super calculateur par le groupe Dassault.
Par Marc Endeweld
Publié le 30/01/2025 à 19:00
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À la veille de l’assemblée générale d’Atos, qui doit se tenir vendredi 31 janvier, les esprits s’échauffent, notamment parmi les salariés. « Qui veut la peau du groupe ? », se demande ainsi, auprès de Marianne, un haut cadre du groupe informatique, particulièrement inquiet. Même son de cloche du côté des syndicats : le 10 décembre, la CGT Atos/Bull dénonçait dans un communiqué « les annonces toutes plus mensongères et trompeuses les unes que les autres sur le fait que l’entreprise serait sauvée » ainsi que « les créanciers et une petite élite à la tête du groupe [qui] mettent en place les conditions pour récupérer le peu qui reste dans les caisses », prédisant « la chute inévitable d’Atos ». Tous craignent un démantèlement du groupe.
En principe, le plan de sauvegarde accélérée validé par le tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine) le 24 octobre dernier visait à assurer la continuation de l’activité de l’entreprise. Mais dans les faits, c’est une autre histoire : « Théoriquement, on est dans une continuation, mais en pratique, ils liquident », s’énerve un très bon connaisseur du groupe. Un sentiment renforcé par le profil du nouveau patron, Philippe Salle, lui qui est passé entre autres par le cabinet de consultants McKinsey.
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De fait, beaucoup d’acteurs de la place parisienne s’étonnent que le tribunal de commerce de Nanterre comme le commissaire chargé de son exécution ne réagissent pas. Contactés par Marianne, ils n’ont pas répondu à nos questions. Dès octobre, le journaliste Matthieu Pechberty de BFM Business citait un négociateur impliqué dans la restructuration du groupe qui prédisait : « Atos ne passera pas 2025. Le groupe n’aura pas d’autre choix que d’être démantelé ».
RÉSERVES SUR LES COMPTES 2023 ET LIQUIDITÉS EN QUESTION
Face à cette situation critique, les pouvoirs publics sont aux abonnés absents. Contactés depuis une quinzaine de jours sur le dossier, Matignon, Bercy et Brienne n’ont toujours pas répondu aux questions de Marianne. « Dès qu’on peut, on se met dessus. Promis », nous a toutefois assuré un conseiller. Même silence du côté de l’Autorité des marchés financiers (AMF), chargée de contrôler la communication financière des groupes cotés, et qui ne souhaite même pas confirmer à Marianne si sa présidente Marie-Anne Barbat-Layani reste en situation de déport sur le dossier Atos, alors qu’elle en avait décidé ainsi début 2024 « pour des raisons d’homonymie » avec l’un des potentiels repreneurs d’actifs Atos, David Layani, le patron de Onepoint.
Cette apathie consterne Hervé Lescene, coprésident de l’Udaac (Union des actionnaires d’Atos en colère), qui ne mâche pas ses mots : « Les actionnaires ont été ruinés par des fausses informations comptables, une gouvernance incompétente avec la complicité des conseils, des commissaires aux comptes et des autorités de marchés. C’est le plus gros scandale financier de ces vingt dernières années ».
L’année dernière, les commissaires aux comptes avaient fini par apporter des réserves sur les comptes 2023 de la société. L’assemblée générale de cette fin janvier va devoir se prononcer sur la comptabilité du groupe sur cet exercice. Dans cette perspective, tout est bon pour rassurer. Ainsi, le 20 janvier, Atos a décidé d’annoncer une position de liquidité « bien supérieure au plan d’affaires », claironnant dans son communiqué financier un chiffre 2,191 milliards d’euros.
Or, sans la vente de la filiale Worldgrid en décembre (pour 240 millions d’euros), l’apport d’un crédit renouvelable (pour 440 millions d’euros), et les avances consenties pour les clients publics d’Atos (pour 319 millions d’euros) à la suite des pressions de Bercy (des réunions ont été organisées par le Comité interministériel de restructuration industrielle à ce sujet), la position de cash est identique à celle du troisième trimestre 2024, malgré l’injection considérable d’argent frais fin 2024 via une augmentation de capital et la levée d’une nouvelle dette, et alors même que les fournisseurs du groupe ne sont généralement payés que début janvier. Autant dire que le moteur Atos est pour l’instant au point mort.
De fait, plusieurs questions se posent au sujet du groupe. Premièrement, le financement immédiat des activités est incertain. Ensuite, la valeur des actifs de l’entreprise, qui dépend des flux futurs de cash, suscite les interrogations de nombreux analystes contactés par Marianne. Enfin, la solvabilité de la société, c’est-à-dire sa capacité à assurer du cash par ses activités pour rembourser sa dette, ne semble pas assurée. « Pour l’instant, le groupe n’a ni plan stratégique convaincant, ni équipe dirigeante constituée », pointe aussi un analyste. Des annonces devraient être faites lors de la prochaine AG concernant le top management de l’entreprise et son organisation : la nouvelle direction songerait à remettre en cause le découpage du groupe en deux entités, pourtant le grand chantier des précédents PDG, entérinant leur échec industriel et économique.
PERTES DE CONTRATS, BUSINESS PLAN IRRÉALISTE
Dans ce contexte financier très incertain pour Atos, le front commercial ne permet pas aux dirigeants de se réjouir. Le 27 septembre, l’ancien PDG, Jean-Pierre Mustier, a reconnu devant des actionnaires que certains contrats n’étaient pas renouvelés du fait de la situation financière d’Atos. De fait, les non-renouvellements ou les pertes de contrats se multiplient ces derniers mois : FedEx, les jeux Olympiques, Johnson & Johnson, Walt Disney, Bayer…
Autre déconvenue majeure : à l’automne, le ministère des Armées a choisi l’américain Hewlett-Packard, allié à Orange, pour son nouveau supercalculateur dédié à l’intelligence artificielle. Sur cet échec, plusieurs sources nous indiquent que le gouvernement a été jusqu’à demander à Jean-Pierre Mustier et la direction d’Atos de ne pas déposer de recours auprès du ministère. Interrogée sur ce point, la communication d’Atos nous dit ne pas vouloir faire « de commentaire sur des clients / relation spécifique avec des tiers ».
Pour ne rien arranger, selon nos informations, le groupe Dassault a également annulé ces dernières semaines la commande d’un supercalculateur auprès d’Atos. Contacté, Dassault ne nous a pas répondu. De son côté, Atos préfère faire à Marianne une réponse laconique : « Pas de commentaire sur des clients spécifiques ». Autre mauvaise nouvelle : l’actuel contrôle fiscal sur la division BDS (Big Data & Security, rassemblant en partie les activités de l’ancienne société Bull) est susceptible d’aggraver la situation financière du groupe.
Plus globalement, comme le groupe l’annonçait à l’automne, Atos a vu son carnet de commandes se réduire de 30 % sur un an. Au cours du troisième trimestre 2024, Atos a encore perdu de nombreux contrats. Et son activité s’est contractée (avec un chiffre d’affaires de 2,3 milliards sur ce trimestre), laissant penser que le groupe finira l’année 2024 sur une forte baisse de son chiffre d’affaires, aux alentours de 8,8 milliards d’euros, selon plusieurs analystes, alors même que les prévisions du groupe tablent sur un chiffre de 9,55 milliards d’euros pour 2025. Dans ces conditions, le business plan présenté le 2 septembre, sur lequel s’est fondé le plan de sauvegarde accélérée validé en octobre par le tribunal de commerce de Nanterre, est en réalité totalement irréaliste et déjà… obsolète.
Résultat, le plan de sauvegarde accélérée est incroyablement optimiste : ses hypothèses financières prévoient une croissance organique de 5 % en deux ans et une marge opérationnelle proche de 10 % en trois ans, des objectifs qui semblent inatteignables au vu de la réalité actuelle (2,4 % de marge prévue pour 2024 par le business plan, mais sûrement en dessous de 2 % finalement). À Marianne, la communication d’Atos fait dans la méthode Coué : « Le nouveau plan stratégique qui sera construit et mis en œuvre par Philippe Salle va permettre d’atteindre ces objectifs ».
VERS UNE NOUVELLE DÉPRÉCIATION DES ACTIFS ?
En réalité, la société est au cœur d’un cercle vicieux dont elle n’est pas près de sortir. On pourrait ainsi s’attendre à de nouvelles dépréciations d’actifs dans les prochains mois, alors qu’Atos en avait déjà effectué une l’été dernier. Car une bonne partie du bilan d’Atos est constituée d’actifs intangibles, comme le souligne un analyste interrogé par Marianne : « Ces 2 milliards d’actifs sont très difficiles à quantifier. Sur cette somme, on trouve 1,5 milliard d’euros de goodwill [la survaleur, N.D.L.R.], qui dépendent des flux de trésorerie futurs, et on s’attend que ceux-ci se retrouvent à un niveau beaucoup plus faible que lors de la dernière évaluation. Si les commissaires aux comptes les réévaluent à la baisse, on ne pourra échapper à une dépréciation ».
Autre problème : le reste des actifs d’Atos, c’est principalement de la créance client. Ainsi, au bilan du groupe Atos, les créances clients représentent environ 3 milliards d’euros (pour un chiffre d’affaires d’environ 10 milliards jusqu’à présent). Le modèle économique d’un groupe de services informatiques repose principalement sur la confiance entretenue avec les clients. Or, difficile de maintenir cette confiance quand tous les voyants sont au rouge.
Depuis cette fin d’année, les banques françaises ne soutiennent plus le groupe, en particulier BNP Paribas. Elles n’ont ni participé au plan de sauvegarde accélérée ni à l’augmentation de capital. « Comment Atos peut-il il développer ses activités commerciales sans le soutien des grandes banques françaises au quotidien ? Comment le groupe peut-il financer ses opérations courantes ? », s’étonne un analyste. Selon nos informations, seules les banques étrangères, Barclays, Deutsche Bank et ING continuent d’apporter leur soutien au groupe informatique. « Les créanciers bancaires qui ont soutenu le plan sont des banques de premier plan, qui ont consenti des efforts importants », se félicite Atos auprès de Marianne.
ÉCHEC DE L’AUGMENTATION DE CAPITAL
Dans le cadre du plan de sauvegarde accélérée, une augmentation de capital a été lancée en novembre avec un droit préférentiel de souscription pour les actionnaires. « Un succès », dit Atos à Marianne. Et pourtant, aux yeux du marché, l’augmentation de capital a été un échec, ne réussissant pas à convaincre les investisseurs. Sur les 233 millions d’euros attendus par la direction, seuls 68 millions d’euros sont venus du marché, dont 9 millions apportés par Philippe Salle, ce qui ne manque pas d’interroger les salariés du groupe : « Je ne crois pas une seule seconde que ces 9 millions soient issus de ses propres deniers », estime un haut cadre.
Pour augmenter ce chiffre ridicule de 68 millions d’euros – car rappelons qu’Atos représente encore environ 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires –, le groupe informatique a fait jouer une garantie auprès des créanciers participants au plan de sauvegarde accéléré leur demandant d’investir 75 millions d’euros dans le cadre de cette augmentation de capital. Les créanciers n’étaient pas ravis, mais difficile de faire autrement alors qu’aucune banque d’Atos n’a souhaité participer à cette opération, ce qui est pourtant une pratique habituelle. Alors, pour aboutir à l’objectif initial de 233 millions d’euros, la direction a décidé également de convertir 90 millions d’euros de dette en actions.
Une chose est sûre : cette opération n’était pas une bonne affaire pour les petits porteurs, qui ont déjà perdu 40 % en quelques jours. Autre élément qui interroge : prétextant de l’annonce le 25 novembre du début des négociations exclusives entre l’État et Atos au sujet d’un éventuel rachat des activités supercalculateur, l’augmentation de capital a été exceptionnellement interrompue durant près de deux jours, et finalement rallongée début décembre. « Du jamais vu dans l’histoire d’Euronext », constate un acteur de la place.
Certains actionnaires ont dénoncé auprès de l’AMF une communication opaque et des irrégularités de marché, mais l’institution de contrôle n’a pas réagi publiquement. Aujourd’hui, Atos se défend, tant sur ses engagements auprès du tribunal de commerce que sur sa communication financière : « Notre restructuration a été faite comme prévu et dans les délais, et la communication a été extrêmement transparente (…) Le tribunal a validé ce plan après un processus complexe, conduit par les plus grands experts de la place, et sous l’égide de la mandataire Hélène Bourbouloux. La finalisation de ce plan nous a permis d’ouvrir une nouvelle page dans un contexte de stabilité financière retrouvée ».
LA PRISE DE CONTRÔLE PAR SIX CRÉANCIERS OBLIGATAIRES
À la suite de l’augmentation de capital, l’autre partie du plan de restructuration d’Atos s’est traduite par une conversion massive de dettes en actions, à un prix extrêmement décoté, et à la hauteur de 2,9 milliards d’euros, permettant au groupe de réduire mécaniquement sa dette globale, qui se montait ces dernières années à plus de 5 milliards d’euros. Un fardeau impossible à assumer tant médiatiquement que techniquement. Mais cette opération a conduit les actionnaires qui n’ont pas participé au plan à être totalement dilués après l’émission de dizaines de milliards d’actions. Résultat, ce sont les six créanciers participant au plan, des fonds d’investissement, notamment des hedge funds anglo-américains qui, de fait, ont pris le contrôle de la société. Conseillés par les banquiers d’affaires Jean-Marie Messier (Messier Partners), et Jacques Le Pape (Ceres Partners), ces fonds espèrent tirer profit de leur opération en vendant des actifs d’Atos, bien qu’ils s’en défendent.
C’est l’un des effets pervers de la loi de 2014 qui a instauré cette procédure de sauvegarde accélérée : les créanciers se retrouvent en position de force car rien ne peut se faire sans eux. « En principe, dans cette procédure, on doit arbitrer entre l’intérêt de la société, sa survie, et les intérêts des créanciers, analyse un acteur de la place. Mais en pratique, comme sur le dossier Orpéa, les créanciers ont un gros poids car s’ils disent non, ça peut conduire à la faillite. Résultat, Hélène Bourbouloux, la mandataire judiciaire, a intérêt à se mettre les créanciers dans la poche pour que la conciliation soit facile. Mais elle va trop loin, elle privilégie les créanciers au détriment de l’entreprise. » Contactée par Marianne, Hélène Bourbouloux n’a pas répondu à nos questions.
Parmi les créanciers participant au plan d’Atos, on trouve d’ailleurs un des spécialistes du rachat de dette décotée, Boussard & Gavaudan, qu’on trouvait déjà dans le dossier Orpéa. Mais le principal fonds est américain, D.E. Shaw, un poids lourd new-yorkais des hedge funds qui gère plus de 100 milliards d’euros d’actifs de par le monde. On trouve aussi les fonds anglais Fidera et Tresidor, situés à Londres, et deux français : SPG, une filiale du groupe Crédit mutuel Arkéa, et Syquant. À eux six, ils disposent de 77 % du capital de l’entreprise.
Tout en contrôlant de fait Atos, ces créanciers ne sont pas présents à son conseil d’administration, et ne veulent surtout pas à avoir à endosser la responsabilité d’un tel contrôle, notamment concernant la continuation de l’activité. Ils ne se présentent donc pas comme solidaires, comme le confirme à Marianne un de leurs représentants : « Ils sont tous autonomes, ils n’ont pas vocation à gérer la boîte, il n’y a pas de pacte entre eux ».
« Qui est derrière les créanciers ? », s’inquiète de son côté Emmanuel Kilgus, secrétaire du syndicat CGT Atos. Car, selon plusieurs sources, D.E. Shaw serait en train de dépasser la barre des 10 % de capital de la société, ce qui devrait amener l’État à enclencher le contrôle des investissements étrangers dans des entreprises stratégiques. Interrogés notamment sur ce point, Matignon et Bercy n’ont pas répondu à Marianne.
Il y a pourtant urgence. Car après la vente de la filiale Worldgrid début décembre, d’autres cessions d’actifs sont attendues. Et il y a de grandes chances pour que les liquidités qui en soient retirées se retrouvent dans les poches des créanciers. Dans ce scénario, l’argent récupéré servirait ainsi à rembourser les créanciers plutôt qu’à investir dans le développement de la société. Les inquiétudes se portent notamment sur la création par la direction d’Atos de la structure « DutchCo » aux Pays-Bas, qui serait conçue pour faciliter les cessions d’actifs notamment en s’exonérant du contrôle administratif souverain de l’État. « Une restructuration juridique d’Atos se met en place pour mettre à l’abri tous les actifs restants, dans un empilement de holdings domiciliés au Pays-Bas », dénonce la CGT.
La direction d’Atos répond à Marianne que « les DutchCo sont un système de sécurité pour les créanciers qui apportent de la dette, c’est quelque chose d’assez standard dans ce genre de processus ». Et d’assurer : « Cette réorganisation d’ordre juridique n’a aucun impact fiscal… et elle n’est en aucun cas un moyen de contourner le contrôle d’investisseurs étrangers. »
UNE NOUVELLE DETTE QUI POSE QUESTION
En apparence, grâce à cette restructuration financière, Atos a réduit considérablement sa dette (de 5,7 milliards d’euros à 3,5). Le groupe peut se réjouir dans sa communication de ne plus avoir à supporter ce fardeau : « Nous avons du temps pour opérer la transformation de l’entreprise avec des premières maturités arrivant à échéance fin 2029 », répond ainsi Atos à Marianne. Mais si l’ancienne dette a été réduite par cette conversion massive en actions, le groupe informatique a également dû lever en décembre une nouvelle dette à la hauteur de 1,6 milliard d’euros en tout…
« Certes, cette nouvelle dette, c’est de l’injection de trésorerie, mais se pose toujours la question de la solvabilité de l’entreprise à moyen et long terme », souligne justement Matthieu Bailly, fondateur et dirigeant d’Octo AM, auteur de plusieurs notes d’analyse sur la dette d’Atos. « Là, on voit bien qu’ils s’endettent à long terme pour régler des échéances à court terme ». Et malheureusement, Atos s’endette désormais à des taux moyens supérieurs à ceux pratiqués antérieurement déjà élevés (10,5 % contre 9 %), et pouvant aller jusqu’à 13 % (à titre de comparaison, les taux d’intérêt de l’ancienne dette se situaient à 5,5 % en moyenne).
Des taux d’intérêt tels que chaque année les remboursements pourraient se monter à 300 millions d’euros (voire à 400 millions d’euros à terme). Guère étonnant car les agences de notation multiplient depuis un an les notes négatives à l’égard d’Atos. Le groupe est ainsi passé en ce mois de janvier à B- chez Standard & Poor’s, après avoir subi une très sérieuse alerte à CCC tout au long de l’année 2024… Des notes qui classent de fait la dette Atos dans la catégorie des junk bonds (obligations pourries en Français).
Auteur du blog Atos.Bourse et président de l’UPRA (Union pour la réparation des actionnaires) [Ndrl-blog: procès gratuit « no win no fees » financé par un fonds de contentieux, en phase finale de réalisation voir upra.fr], Marc Prily ne se fait aucune illusion sur l’avenir du groupe informatique : « Atos, c’est une histoire de mythes permanents. [Après la SCISSION en 2022] , en 2024, on invente le mythe « Atos est sauvé, plus de dette à rembourser avant 2029 ». Sauf que le problème n’est pas résolu, juste repoussé. Atos n’a pas la capacité de rembourser sa dette de 3,5 milliards d’euros même en 2029. Il faudrait pour cela qu’elle génère 700 millions de free cash flow [flux de trésorerie disponible, N.D.L.R.] par an et actuellement sur 2025 sa génération de free cash flow sera négative et sur 2026 au mieux à zéro. Donc, pour rembourser la dette il faudrait un miracle du Seigneur. »
Et Marc Prily d’annoncer : « Sachant que l’évaluation de Standard & Poor’s n’est pas basée seulement sur le montant de la dette, mais aussi et surtout sur sa capacité à rembourser et/ou refinancer sa dette, d’ici un an on va repasser en CCC, sauf à vendre la moitié de l’actif, mais la partie restante aura encore plus de mal à rembourser la dette restante ».
LES INCONNUES DES NÉGOCIATIONS AVEC L’ÉTAT
Dans ce contexte financier particulièrement incertain, les négociations avec l’État ne cessent d’être rallongées. Annoncé au printemps dernier par Bruno Le Maire à grand renfort de communication, le rachat des activités stratégiques d’Atos par l’État finit par ressembler à un serpent de mer après plusieurs mois de négociations. Après une première offre à 700 millions d’euros proposée en juin pour racheter l’ensemble de la division BDS, qu’Atos a déclinée à l’automne, l’État a donc annoncé son intention de racheter seulement les supercalculateurs, pour un montant compris entre 500 et 625 millions d’euros.
La cybersécurité du groupe n’est donc plus une priorité. Mais aucune annonce n’a été faite sur les grands programmes d’Atos pour les armées, notamment dans le domaine très sensible de la dissuasion nucléaire. « On ne sait pas si l’État continue de négocier avec Atos, et surtout quoi », se désole auprès de Marianne un militaire. Renseignement pris, l’APE (l’Agence des participations de l’État) à Bercy est toujours mandatée pour assurer le rachat de certaines activités stratégiques.
De son côté, Bpifrance (Banque publique d’investissement) renâcle toujours à racheter pour l’État. Et en interne du groupe informatique, la direction explique que les discussions sont toujours en cours. Certes, les soubresauts politiques depuis la dissolution n’ont rien arrangé, mais au moment où Donald Trump annonce des centaines de milliards de dollars dans l’Intelligence artificielle, la France et l’Europe regardent en silence la descente aux enfers de l’un des rares groupes européens qui pourraient jouer un rôle dans les infrastructures nécessaires au développement de l’IA.

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