Le géant français des services numériques annonce le rachat de CS Group, entreprise d’ingénierie informatique au service de la défense, du spatial et des systèmes critiques. Sopra Steria prendra 75 % du capital en rachetant les titres, puis lancera une OPA sur le reste du flottant.
Par Thibault AZOULAY , Publié le 28 juil. 2022 à 16:58
Le groupe français de services informatiques Sopra Steria est entré en négociations exclusives pour l’acquisition de la majorité des parts de CS Group, société d’ingénierie informatique spécialisée dans les systèmes critiques pour la défense, l’aérospatial ou l’énergie nucléaire. L’opération, qui valorise CS Group à 282,5 millions d’euros, soit plus d’un an de chiffre d’affaires, vise à créer « un maître d’oeuvre de référence des services numériques et des systèmes critiques dans les secteurs sensibles », explique Sopra Steria. Le numéro deux français des services numériques précise mettre le nucléaire au centre de cette alliance.
De fait, les deux entreprises se connaissent bien et Sopra Seria soutient depuis de nombreuses années, l’essor de la PME CS Group, présidée par Yazid Sabeg et dirigée par Eric Blanc-Garin. CS Group fournit des systèmes d’information opérationnels de commandement pour l’armée, des systèmes de surveillance pour le spatial, des instruments de calcul pour la lutte antidrones, ou des programmes de simulation pour les essais nucléaires… Dernièrement CS Group, dont le chiffre d’affaires devrait approcher de 250 millions d’euros cette année, a remporté en partenariat avec Thales le marché gouvernemental de la lutte antidrones en vue de la Coupe du monde de rugby et des Jeux olympiques ainsi qu’un important marché toujours avec Thales pour l’entretien du système de Commandement et de Conduite des Opérations Aérospatiales (SCCOA) de l’Armée de l’air française.
Un projet dans la durée
Sopra Steria détient déjà 9,8 % des actions de CS Group et a donc conclu un accord avec les actionnaires de référence de CS Group, pour leur acheter leurs titres pour 11,50 euros par action, soit une prime de 75 % par rapport au cours des derniers mois. jours, et ainsi porter sa part à 75 % du capital. L’équipe de direction de CS Group, les sociétés CIRA Holding et les fondateurs du prestataire en cybersécurité Novidy’s ont respectivement consenti à des promesses de vente à hauteur de 29,73 %, 29,15 % et 6,38 % du capital de CS Group. Une fois en possession des 75 % du capital, Sopra Steria déposera un projet d’offre publique d’acquisition simplifiée au même prix. Sans doute au premier trimestre 2023, une fois toutes les étapes administratives franchies.
Pour CS Group, qui prévoyait de porter son chiffre d’affaires à 400 millions d’euros en 2024, l’appui de Sopra Steria lui permettra de franchir les étapes plus rapidement. « Sopra Steria est venu nous proposer de réaliser notre plan de développement beaucoup plus vite que prévu et de nous doter d’un projet encore plus ambitieux à 2028, nos deux entreprises ayant une culture familiale, de la stratégie et du temps long, nous avons dit oui, d’autant plus que nous avons beaucoup de clients en commun », résume pour les Echos Eric Blanc-Garin. CS Group renonce à son indépendance mais entre dans un groupe qui lui permettra de répondre à des marchés plus importants et sur des territoires plus diversifiés. « Si l’Europe de la défense progresse, nous pourrons plus facilement répondre à des appels d’offres en Allemagne, le gros marché de demain, avec Sopra Steria qui y compte 3.000 salariés, que seul », résume Eric Blanc-Garin. Avec les hausses budgétaires dans la défense, la relance de l’énergie nucléaire en France, et le développement du spatial, CS Group est sur des marchés porteurs. Ce que reflète la prime consentie par Sopra Steria.
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Profiter de la technologie de pointe de CS Group
De son côté Sopra Steria, qui s’est beaucoup développé ces dernières années dans les services informatiques pour les Armées et les services de sécurité intérieure, un secteur qui pèse désormais 500 millions sur les 4,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires du groupe, va diversifier et grandir sur nombre de ces métiers. Luttes antidrones, système d’entraînement au combat, gestion des données tactiques, surveillance maritime, désinformation et traitements d’images, sont autant de technologies de pointe développées par CS Group dont Sopra Steria compte bien profiter.
Ensemble, les deux entreprises vont immédiatement jouer parmi les nouveaux champions de la cyber sécurité avec 150 millions d’euros d’activité. Dans le spatial, Sopra Steria est absent mais mise sur un énorme développement avec le new space et l’exploitation des données spatiales. CS Group de son côté est un des principaux fournisseurs du commandement de l’Espace en France. Dans la défense, les deux entreprises additionneront leurs forces, mais Eric Blanc-Garin souligne aussi que le programme d’investissement nucléaire français ouvre des perspectives de contrats très importants.
Globalement, ni les autorités de concurrence, ni le gouvernement ne devraient s’opposer au mariage, les deux entreprises, qui sont des fournisseurs importants des armées françaises, étant contrôlées par des Français. Sopra Steria en a profité pour communiquer ses résultats annuels. La société a enregistré au premier semestre un chiffre d’affaires en croissance de 9,3 %, à 2,5 milliards d’euros, pour un bénéfice net de 112 millions d’euros (+32 % sur un an). Sopra Steria n’a pas besoin de s’endetter davantage pour réaliser cette opération et souligne que l’acquisition sera « relutive » dès la première année, d’autant plus que CS Group apporte 364 millions d’euros de déficits fiscaux reportables.
Thibault Azoulay avec A.B.
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