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Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a fait savoir lundi, devant les députés, qu’une offre était « anormalement faible » et l’autre « anormalement forte » sur ce dossier. Mais que rien n’était encore décidé à ce stade, contrairement à de récentes informations.
Par Joséphine Boone
L’État préférera-t-il une entreprise américaine à un spécialiste français de l’informatique pour son supercalculateur d’IA militaire ? Lundi, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, auditionné par la commission de défense de l’Assemblée nationale dans le cadre du budget 2025, a affirmé que l’Etat n’avait pas encore tranché entre le groupe français en délicatesse Atos et le duo franco-américain Hewlett Packard Enterprise-Orange sur ce dossier particulièrement sensible. « Le marché est toujours en cours », a-t-il déclaré, invitant les parlementaires à « faire preuve de prudence, notamment sur toutes les approches de lobbies. »
Atos, d’un côté, et HPE-Orange, de l’autre, se sont positionnés pour développer cette infrastructure stratégique au mont Valérien, à Suresnes, qui doit devenir le « plus gros calculateur dédié à l’IA et classifié en Europe », comme l’avait indiqué le ministre aux « Echos » en mars dernier.
Deux offres très différentes
Selon les dernières informations, l’Etat avait pourtant porté sa préférence sur la proposition d’HPE et Orange. Certains parlementaires s’en étaient d’ailleurs émus. La semaine dernière, Olivier Marleix, le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, avait adressé un courrier au locataire de l’Hôtel de Brienne pour faire part de son incompréhension à propos du choix d’une société américaine, « a fortiori s’agissant d’un équipement qui a vocation à être protégé par le secret-défense ».
« Au fond, il y a deux offres. Une qui semble anormalement faible, et une autre dont on peut se poser la question si elle n’est pas anormalement forte », a indiqué Sébastien Lecornu devant les députés, sans préciser de quelles offres il parlait. « Les deux réponses sont très différentes sur le délai, le prix, la performance et le staff mobilisé », a ajouté le ministre. Il a demandé au contrôle général des Armées de réexaminer l’ensemble de la procédure sous six à quinze jours, « dans la forme et le fonds », pour voir « si tout cela a été fait dans les règles de l’art ».
L’offre conjointe d’HPE (fruit de la scission des branches PC et infrastructures/cloud du spécialiste de l’informatique HP) et Orange, d’un montant situé entre 100 et 200 millions d’euros, d’après « La Tribune », semble nettement plus étoffée que celle d’Atos, placé en procédure de sauvegarde accélérée en juillet. De quoi laisser penser que le spécialiste français de l’informatique n’est pas à la hauteur sur ce créneau stratégique des supercalculateurs d’IA.
Le dossier est particulièrement sensible pour le gouvernement, comme en témoigne l’intervention prudente du ministre. En parallèle de ce dossier, l’Etat français s’est en effet positionné pour racheter plusieurs activités stratégiques d’Atos, avec l’aide de Thales et de Dassault, dont les supercalculateurs pour la dissuasion nucléaire (logés dans Advanced Computing), les systèmes de commandement du programme Scorpion de l’armée de terre, de la navigation des forces navales et des réseaux de communication à bord du Rafale F4 (logés dans la MCS), ou encore la partie cybersécurité pour le renseignement (Cybersecurity Products).
Nouvel obstacle pour Atos
L’Etat veut éviter que ces activités ne passent sous contrôle étranger si Atos venait à être démantelé ou repris. Mais il n’est, pour l’heure, pas parvenu à se mettre d’accord avec le groupe sur la valeur des actifs. La dernière offre non engageante de l’Etat pour ces activités a été rejetée après six mois de négociations. Le ministère des Finances a néanmoins affirmé qu’il entendait « poursuivre les négociations » et qu’il demeurait « convaincu du bien-fondé de l’opération ».
Quoi qu’il en soit, ce dossier est une nouvelle épine dans le pied d’Atos, dont le plan de sauvegarde doit être présenté ce mardi devant le tribunal de Commerce de Nanterre, après que l’entreprise a trouvé un accord avec ses créanciers en juillet dernier pour restructurer près de 5 milliards d’euros de dette.
Face aux députés, Sébastien Lecornu a expliqué qu’« en matière d’IA, il n’y [avait] pas de souveraineté pour l’instant […] Notre premier sujet est de vite acquérir la capacité de puissance de calcul sur un supercalculateur classifié », qui sera déconnecté du réseau et accessible uniquement aux personnels habilités secret-défense. Il n’est donc pas exclu que le gouvernement penche, in fine, pour le duo franco-américain, sachant que c’est à Orange que reviendrait la charge de sécuriser les données sensibles.
« Nous avons besoin d’Atos […] Mais je ne mélange pas le marché d’un côté, et la question d’une montée en puissance d’une souveraineté française, parce qu’on joue gros là-dessus », a martelé Sébastien Lecornu.
Joséphine Boone
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/supercalculateur-des-armees-le-ministre-na-pas-encore-tranche-entre-le-francais-atos-et-lamericain-hp-2125259
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