Atos : l’irruption d’un nouvel actionnaire rebat les cartes [LE MONDE]

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En achetant 9,98 % du capital du groupe d’informatique, la société de conseil Onepoint veut renégocier le projet de cession au magnat tchèque Daniel Kretinsky.

C’est une petite revanche pour David Layani. Snobé par la direction d’Atos en septembre 2022, malgré une proposition d’achat d’une valeur de 4,2 milliards d’euros, le fondateur de la société de conseil en technologies Onepoint s’est offert, un peu plus d’un an plus tard, moyennant à peine 50 millions d’euros, un pouvoir d’influence central.

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Publié le 03 novembre 2023 à 07h06, modifié le 03 novembre 2023 à 09h10

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Profitant de la chute de l’action du groupe d’informatique, M. Layani a opportunément acheté 9,98 % du capital sur le marché, pour s’imposer comme le premier actionnaire, avec lequel il faut forcément discuter. « Nous saluons l’arrivée de Onepoint et envisageons d’entamer un dialogue constructif avec elle », a déclaré Atos, mercredi 1er novembre, quelques heures après l’annonce de l’irruption de ce nouvel actionnaire.

Constructif, M. Layani assure l’être également. « Je veux soutenir la direction actuelle d’Atos », assure le dirigeant fondateur de Onepoint, rassuré par l’arrivée à la présidence du groupe de Jean-Pierre Mustier, mi-octobre. Il dit aussi « appuyer la cession de Tech Foundations [infogérance] car le groupe a besoin de concentrer ses forces sur ses autres activités dans la cybersécurité [Eviden] ». Mais, fort de son titre de premier actionnaire d’Atos, il souhaite que « le projet soit renégocié ».

Opposition grandissante

Le plan dévoilé par le groupe le 1er août prévoit de vendre Tech Foundations à Daniel Kretinsky pour 100 millions d’euros. L’homme d’affaires tchèque reprendrait à son compte 1,9 milliard d’euros de passif. Parallèlement, il apporterait 217,5 millions d’euros dans une augmentation de capital lancée par Eviden, ce qui lui donnerait 7,5 % du capital de cette société.

Les deux pans du projet ont soulevé une opposition grandissante ces trois derniers mois : des actionnaires minoritaires d’Atos jugent les conditions de la cession de Tech Foundations beaucoup trop avantageuses pour M. Kretinsky, Eviden conservant une grande partie de la dette. En outre, des élus, sénateurs et députés, s’inquiètent de l’entrée de cet actionnaire étranger au capital d’Eviden, dont une partie des activités sont sensibles pour la sécurité nationale.

M. Layani ne souhaite pas remettre en cause la logique du plan, mais il veut revoir ses conditions financières. Selon son raisonnement, si Tech Foundations était vendu plus cher à M. Kretinsky, l’argent supplémentaire permettrait à Eviden d’échapper à l’augmentation de capital. Cela apaiserait ainsi les reproches à la fois des actionnaires minoritaires et des élus. Sa proximité avec le président de la République, Emmanuel Macron, ou le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, pourrait aussi jouer favorablement. Silencieux, le gouvernement garde toutefois un œil attentif sur l’évolution du dossier. En plus de différents contrats avec les armées ou EDF, Atos participe, grâce à ses supercalculateurs, à la dissuasion nucléaire française.

Ces derniers jours, face à cette fronde, M. Kretinsky avait fait comprendre qu’il était prêt à renoncer à entrer au capital d’Eviden, d’autant que cet investissement répondait initialement à une demande de la direction d’Atos. Mais le magnat acceptera-t-il de débourser plus pour Tech Foundations, activité pour laquelle les acheteurs potentiels ne s’étaient pas bousculés au portillon ? Des contacts ont été établis entre M. Layani et M. Kretinsky afin de tenter de trouver un terrain d’entente.

« Accompagner la réorganisation de l’entreprise »

Selon nos informations, le patron de Onepoint aurait également commencé à discuter avec d’autres investisseurs potentiels. Car même si les conditions financières du plan avec M. Kretinsky venaient à être améliorées, Eviden aurait probablement besoin d’argent frais pour relancer son activité et réduire sa dette. Le groupe devra rembourser 500 millions d’euros d’obligations convertibles en novembre 2024, somme qu’il ne peut mobiliser à ce jour sans mettre ses finances davantage en danger.

S’il ne parvenait pas à ses fins, M. Layani serait-il disposé à monter au-dessus des 10 % du capital d’Atos, voire à lancer une offre publique d’achat (OPA) ? « L’idée est d’accompagner la réorganisation de l’entreprise. En fonction des échanges et de la réussite de ces prochaines étapes, c’est à ce moment-là que l’on pourra se poser d’autres questions. C’est un peu prématuré à ce stade de parler d’OPA ou d’acquisition », répond-il.

Pour son groupe, treize fois plus petit qu’Eviden en chiffre d’affaires (400 millions d’euros contre 5,3 milliards), une OPA serait une autre affaire. Même si l’action Atos a chuté de 30 % en un an, le groupe d’informatique vaut 700 millions d’euros en Bourse. Et il lui faudrait assumer 2,3 milliards d’euros de dette.

https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/11/03/atos-l-irruption-d-un-nouvel-actionnaire-rebat-les-cartes_6197988_3234.html

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