Atos s’allie au cloud d’ Amazon pour dessiner un avenir à son infogérance (Les Echos)

Atos s'associe à AWS

Atos va proposer de façon préférentielle les services d’informatiques en ligne d’Amazon Web Services à 800 de ses clients les plus importants. Une alliance contre-nature pour redresser une activité plombée par le… cloud.

3.000 salariés d’Atos seront formés aux dernières technologies AWS et obtiendront près de 20.000 certifications. (AFP)

Par Florian Dèbes  . Publié le 30 nov. 2022 à 19:05

 

Amazon fera partie du futur d’Atos. Le groupe technologique français en difficulté et en voie de se scinder en deux vient de conclure un partenariat avec le numéro un mondial de l’informatique en ligne. L’annonce vient d’être officialisée à Las Vegas où la filiale Amazon Web Services du champion américain tient sa conférence annuelle cette semaine.

Présent sur place, le directeur général du groupe de Bezons, Nourdine Bihmane, voit dans cet accord de coopération « une étape industrielle importante » dans le plan de transformation des activités infogérances d’Atos, c’est-à-dire la gestion et l’optimisation des serveurs informatiques des clients. Contrairement au projet pour l’autre branche du groupe destinée à être côtée en Bourse et à enregistrer de fortes croissances dans la cybersécurité et l’analyse de données, Atos espère un retour à la croissance et 5 % de marge opérationnelle en 2026 pour l’infogérance.

Partenaire préférentiel

Concrètement, l’accord prévoit qu’Atos propose de façon préférentielle les services cloud d’AWS à 800 de ses clients les plus importants. « C’est un peu risqué dans la mesure où les clients aiment bien avoir le choix mais c’est habile pour Atos qui montre ainsi qu’il revient dans le jeu malgré les turbulences du moment », réagit à chaud Lyonel Rouäst, le président en Europe du cabinet d’analystes ISG.

Les deux groupes n’indiquent pas le volume de chiffre d’affaires qui pourrait naître de ce travail mutuel. En contrepartie, AWS apportera une solution à deux problèmes criant d’Atos.

D’une part, 3.000 salariés d’Atos seront formés aux dernières technologies AWS et obtiendront près de 20.000 certifications. Atos estime la valeur de ce geste à 30 millions d’euros au vu du prix-catalogue de ces formations.

D’autre part, AWS s’engage à utiliser les centres de données aujourd’hui sous-utilisés d’Atos quand ces propres capacités ne suffisent plus à servir tous ses clients. Une soixantaine de salariés du groupe américain seront dédiés à ce partenariat en Europe.

Expert-tiers

Pour relever la tête, s’allier à l’entreprise qui a fait le succès du « cloud computing » a tout d’un paradoxe. De fait, les déboires des infogéreurs comme Atos ou ses rivaux IBM et DxC ont commencé depuis que leurs clients préfèrent louer des serveurs dans le cloud plutôt que de demander aux infogérants de paramétrer leurs propres serveurs.

« Jusqu’ici, les acteurs du cloud étaient vus comme nos ennemis mais ils sont devenus une réalité chez nos clients » préfère aujourd’hui retenir Nourdine Bihmane. En clair, Atos entend se renouveler en se présentant comme un expert tiers entre son client et les technologies parfois complexes à maîtriser d’Amazon Web Services. Surtout au moment où de nombreux clients se plaignent d’une envolée de leur facture en raison de surconsommation imprévue.

Accord non-exclusif

« La relation avec Amazon Web Services s’est approfondie ces 18 derniers mois », rembobine Nourdine Bihmane. Les deux groupes travaillent ensemble depuis 2012 mais un coup de froid s’était fait sentir lorsque, en 2018, Atos avait commencé à se rapprocher de Google Cloud. Cette fois, le partenariat prévu pour durer cinq ans n’est pas exclusif. Atos pourra donc aussi diriger ses clients vers Microsoft, Google ou un autre dans une approche multi-cloud.

Ce partenariat risque par ailleurs de renforcer les rumeurs prêtant à Atos et Amazon l’intention de bâtir une offre commune de cloud souverain et de confiance comparable à celle des attelages Google/Thales ou Capgemini/Orange/Microsoft pour l’hébergement des données stratégiques. Des rumeurs qui n’ont jamais été démenties.

Florian Dèbes

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