David Layani, l’homme qui voulait avaler Atos (Challenges)

Candidat au rachat d’une partie du géant informatique français, le patron de Onepoint déploie une stratégie d’acquisitions agressive. Objectif: passer de 400 millions de chiffre d’affaires à 4 milliards. Rencontre.

 

La rencontre se déroule le vendredi 23 septembre, au siège parisien de OnePoint.

Par Gilles Fontaine le 09.10.2022 à 14h44 

Tout sourire et avenant, mais l’air un peu pressé quand même, David Layani nous accueille avec sa gueule de rocker et son parfait look de businessman branché. Le président-fondateur de Onepoint ne se voit pas comme un patron normal, et consacre beaucoup d’énergie et d’argent à façonner cette image décalée. Encore plus depuis qu’il s’est porté acquéreur le 27 septembre d’Evidian, branche du groupe Atos, numéro deux français des services du numérique. David contre Goliath en version numérique… Au-delà de l’image, voilà comment on se construit une réputation.

Tout sourire et avenant, mais l’air un peu pressé quand même, David Layani nous accueille avec sa gueule de rocker et son parfait look de businessman branché. Le président-fondateur de Onepoint ne se voit pas comme un patron normal, et consacre beaucoup d’énergie et d’argent à façonner cette image décalée. Encore plus depuis qu’il s’est porté acquéreur le 27 septembre d’Evidian, branche du groupe Atos, numéro deux français des services du numérique. David contre Goliath en version numérique… Au-delà de l’image, voilà comment on se construit une réputation.

Une table a été dressée pour le déjeuner au milieu d’une vaste salle polyvalente où se tiennent habituellement des conférences ou des séminaires de direction. Situé à deux pas du Trocadéro à Paris, l’immeuble, qui accueille depuis 2016 le siège social de Onepoint sur 4.000 mètres carrés, abritait autrefois un central téléphonique de France Télécom. « Chez nous, 1 euro investi dans le numérique correspond à 1 euro investi dans la pierre », proclame-t-il. Il a procédé de la même manière pour ses filiales-à-Nantes,-à-Toulouse-ou-à-Bordeaux, où il s’installera prochainement sur un campus de 30.000 mètres carrés avec bureaux, logements et école. « Nous cherchons toujours un lien avec l’histoire », explique le patron de 43 ans.

« Nous visons des acteurs historiques »

L’homme aime se décrire comme un autodidacte. Il s’est lancé dans l’industrie numérique en tant qu’assistant chez l’éditeur de logiciels américain EMC, « mais les gens qui y portaient l’innovation n’étaient pas très innovants ». Alors, en 2002, il fonde sa propre entreprise de conseil en transformation numérique. A contrepied de la stratégie des géants indiens du secteur, il mise sur le premium et concentre ses forces vives dans l’Hexagone. Le décollage est rapide et Onepoint multiplie les acquisitions, une demi-douzaine en l’espace de quinze ans.

Le groupe affiche aujourd’hui 400 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Nous visons 4 milliards dans dix ans », tranche David Layani. Son champ d’action est vaste. Il estime le marché du conseil dans le cloud computing à 800 milliards de dollars dans le monde, dont 40 milliards en France. Et décline froidement le nom de ses adversaires: Publicis, BCG, Capgemini, Accenture, McKinsey… Son objectif de croissance rapide passe par une stratégie d’acquisition agressive: « Nous visons des acteurs historiques », dit-il.

Ecosystèmes ouverts

Sa force repose sur son organisation. Pas de structure pyramidale, mais une hiérarchie plate, ramenée à trois niveaux. Pas de business unit, mais des écosystèmes ouverts auxquels les collaborateurs s’affilient librement, sur le modèle des réseaux sociaux. Dès 2011, David Layani a introduit un accord de télétravail dans l’entreprise. Une évidence pour des équipes qui, pour la plupart, fonctionnent dix jours par mois en mobilité. D’où l’importance des lieux où Onepoint a décidé d’ancrer sa présence: « Les gens ne veulent plus être seuls, mais travailler en équipe et en sécurité », énonce-t-il. Sa vision paternaliste est assumée. Le patron conserve 80% du capital, le reste étant détenu par le management. Mais pour changer de dimension, David Laya-ni sait qu’il devra faire évoluer sa structure capitalistique. « Et j’aurai aussi besoin que l’on parle de moi », lâche-t-il, comme une évidence, dans un sourire contraint.