La réorganisation ratée d’Atos a coûté 300 millions d’euros (La Lettre A)

Réorganisation rattée à Atos

Arrivé il y a quatre mois, le PDG d’Atos Rodolphe Belmer a dû abandonner le plan Spring, très contesté en interne, avant d’en ébaucher un nouveau. Ce projet de réorganisation a coûté près de 300 millions d’euros en trois ans. L’entreprise de services du numérique reste une manne pour les cabinets de conseil comme McKinsey, très présents depuis l’ère Thierry Breton.

Edition du 18/05/2022 Lecture 2 minutes

Selon nos informations, le plan Spring de reformatage mondial du groupe Atos a coûté plus de 180 millions d’euros et 120 millions d’euros supplémentaires ont été consacrés au plan de réorganisation de l’activité en Allemagne. Au total, l’addition est donc montée jusqu’à 300 millions d’euros de dépenses avant que Spring ne soit subitement jeté à la poubelle début 2022. Ce projet de réorganisation a suscité l’incompréhension des collaborateurs du groupe, obligeant le nouveau directeur général Rodolphe Belmer à faire machine arrière (LLA du 12/04/22).

En interne, le rôle des cabinets de conseil dans ce ratage  – qui ont toujours eu un rôle prégnant auprès des PDG d’Atos Thierry Breton puis de son successeur Elie Girard – pose question. D’autant que depuis l’arrivée de Rodolphe Belmer, il y a trois mois, ces consultants restent toujours très en cour. Le cabinet McKinsey n’a pas directement inspiré Spring, mais il était très présent ces dix dernières années sur ces questions (LLA du 06/03/20). Les dirigeants d’Atos font aussi appel aux autres cabinets des Big Five, comme EY, Deloitte, KPMG et PwC.

Forte tension avant l’annonce du nouveau plan

En son temps, Thierry Breton avait pris l’habitude de s’enfermer deux jours par mois avec les consultants du cabinet McKinsey pour plancher sur différents scénarios stratégiques concernant le pilotage du groupe. Ces consultants ont gardé leur influence auprès d’Elie Girard, dauphin de Breton intronisé à la direction générale en 2019, qui s’est efforcé d’exécuter le plan Spring avant d’être évincé brutalement fin 2021.

Début avril, le rapport annuel d’Atos a dévoilé les grandes lignes d’une organisation simplifiée qui sera détaillée par le PDG Rodolphe Belmer le 14 juin. Celui-ci compte désormais s’appuyer sur le digital, le big data et la cybersécurité, et enfin sur Tech Foundations, cette dernière division n’étant que le relooking d’Infrastructure & Data Management (IDM).

Enfin, Atos ne va pas proposer de dividende au titre de 2021 lors de l’assemblée générale annuelle de ce mercredi 18 mai. Hormis la suppression du dividende 2019 pour cause de Covid-19, il faut remonter douze ans en arrière pour trouver un renoncement de même nature.

Robin Carcan

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