Les commissaires aux comptes du groupe informatique ont constaté des erreurs dans la comptabilisation du chiffre d’affaires outre-Atlantique. Atos relativise et assure n’avoir identifié aucune anomalie significative.
Par Florian Dèbes
Journée tourmentée pour Atos. L’action du groupe informatique français a clôturé, jeudi, sur une chute de 12,42 %, à un peu plus de 58 euros, soit son plus fort recul depuis plus de deux ans. Les investisseurs ont été échaudés après la publication d’un communiqué indiquant que les commissaires aux comptes de l’entreprise n’ont pu totalement certifier les résultats 2020 du groupe en raison d’irrégularités dans la comptabilisation du chiffre d’affaires 2020 de deux filiales américaines.
« Cela fait toujours mauvais genre », relève un analyste qui connaît bien l’entreprise. L’épisode arrive en outre quelques semaines après une autre secousse boursière liée à des fuites évoquant un projet de rachat de DxC finalement abandonné.
Ce n’est pas la première fois qu’Atos fait face à des interrogations sur la transparence de sa communication financière. En 2018, le groupe avait dû fermement défendre son choix d’employer une technique de comptabilité des créances de ses clients qui avait eu pour conséquence d’augmenter la génération de liquidité de façon artificielle selon certains observateurs.
Atos relativise
Concrètement, les commissaires aux comptes assurent cette fois avoir « identifié plusieurs points de faiblesses du contrôle interne relatif au processus d’élaboration de l’information financière » qui les « ont conduits à constater plusieurs erreurs comptables, ainsi qu’un risque de contournement des contrôles. »
Les filiales « Atos IT Solutions and Services » et « Atos IT Outsourcing Services » apportent au groupe environ 11 % de son chiffre d’affaires, sur un total de 11,18 milliards d’euros en 2020, et 9 % de sa marge opérationnelle.
De son côté, Atos relativise. « À l’exception de cette réserve – celle des commissaires aux comptes donc NDLR -, les comptes consolidés du groupe sont certifiés et les états financiers publiés le 18février 2021 restent inchangés. À ce jour, aucune anomalie n’a été identifiée par la société, sur les deux entités américaines, qui serait significative pour les comptes consolidés », indique le groupe.
Contrainte de calendrier
Dans le détail, les griefs des commissaires aux comptes évoquent une question de conformité à la norme IFRS 15, qui porte sur la reconnaissance du chiffre d’affaires. « S’il s’avère que le chiffre d’affaires de ces filiales a été exagéré, cela n’aurait pas d’impact sur le montant du résultat opérationnel mais cela diminuerait le taux de marge », poursuit l’analyste. Contrairement à certaines sociétés technologiques américaines, surtout dans l’édition de logiciel, Atos est évalué sur le marché actions à l’aune de ses recettes et de ses profits, et non selon la seule croissance de ses revenus.
Pour lever les doutes, Atos a mandaté des cabinets externes pour des « travaux complémentaires. » Mais cet appui n’a pas suffi aux commissaires aux comptes pour se faire une opinion définitive dans les temps. Contraints par la tenue mercredi 31 mars du conseil d’administration du groupe, ils n’ont pas été en mesure de réaliser « l’ensemble des travaux nécessaires afin d’obtenir des éléments suffisants et appropriés » susceptibles d’effacer leurs soupçons.
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/atos-chute-en-bourse-en-raison-dun-audit-sur-les-comptes-de-filiales-aux-etats-unis-1303610