Le groupe informatique a annoncé mercredi, en marge de ses résultats semestriels, avoir obtenu des banques un prêt d’1,5 milliard d’euros. Malgré de nouvelles commandes, Atos a ajusté dans le bas de la fourchette ses prévisions de marge et de trésorerie pour 2022.
Par Raphaël Balenieri, Gwénaëlle Barzic , Publié le 27 juil. 2022 à 12:19
Depuis la mi-juin et la présentation de son plan de sauvetage, Atos était attendu au tournant. Le groupe informatique français, dégradé récemment par l’agence de notation S&P, a passé le premier obstacle en obtenant le financement bancaire qui va lui permettre de mettre en oeuvre la scission de l’entreprise en deux sociétés distinctes. Atos l’a annoncé mercredi, lors de la publication de ses résultats du premier semestre par ailleurs en demi-teinte.
« Notre plan de transformation est désormais complètement financé », expliquent Nourdine Bihmane, Diane Galbe et Philippe Oliva, le trio qui vient tout juste de prendre la tête du numéro deux européen des services informatiques pour remplacer Rodolphe Belmer. Une annonce très bien accueillie en Bourse : l’action Atos prenait 10 % en fin de matinée, ce qui a permis à la capitalisation de repasser au-dessus de la barre du milliard d’euros. Depuis le début de l’année, elle continue toutefois d’accuser une baisse d’environ 70 %.
Dans le détail, le plan de financement comprend 1,5 milliard d’euros (sur les 2,4 milliards d’euros de sa facilité de crédit renouvelable) qui vont être convertis en prêt à terme non garanti. La maturité sera de 18 mois, mais Atos pourra obtenir, si besoin, deux extensions de six mois. Les 900 millions de crédit renouvelable restants sont maintenus, avec une maturité en 2025.
Descente aux enfers
Pour Atos, c’est un premier « ouf » de soulagement, après la descente aux enfers des 18 derniers mois. L’ex-pépite du CAC 40 a perdu la confiance des investisseurs depuis le projet de rachat avorté de l’américain DXC, début 2021. Depuis, les mauvaises nouvelles se sont enchaînées : réserves sur les comptes aux Etats-Unis (qui seront finalement levées), avertissements en série sur les résultats, sortie du CAC 40, etc.
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Pour redresser la barre, Atos vient de présenter un plan de scission. L’idée est de créer deux sociétés avec, d’un côté, la partie infogérance, en déclin et appelée à être restructurée. De l’autre, les activités en croissance, comme la cybersécurité et la transformation digitale, destinées à entrer en Bourse sous le nom d’Evidian. Mais les investisseurs continuent de s’interroger. Le plan coûte 1,5 milliard d’euros, soit plus que la capitalisation d’Atos au moment de l’annonce du plan. Et trouver des financements semblait loin d’être aisé sur des marchés de plus en plus adverses au risque en ces temps d’inflation et de remontée des taux.
Bas de la fourchette
D’un point de vue opérationnel, cependant, la partie est encore loin d’être gagnée. Certes, la dynamique commerciale s’améliore, avec de nouveaux contrats, dont la fourniture d’un 6e supercalculateur dans le cadre du projet EuroHPC. Mais ces commandes ne sont pas suffisantes pour tirer le chiffre d’affaires, qui recule de 0,6 % (à taux de change constants), à 5,6 milliards d’euros. Dans le détail, les activités traditionnelles d’infogérance continuent de baisser (-2,6 % à taux de change constants) même si le déclin est plus limité qu’en 2021 (-11,4 %).
Le chiffre d’affaires devrait revenir en terrain positif au second semestre, précise Atos, avec une croissance comprise entre -0,5 % et 1,5 % sur l’ensemble de l’année. Le problème est que d’ici là, le groupe va continuer de dépenser pour sa restructuration et les nouvelles embauches (+16.000), dans un contexte de forte inflation des salaires et de l’énergie.
Sur les six premiers mois de l’année, Atos a brûlé près d’un demi-milliard d’euros de trésorerie disponible et sa marge opérationnelle a été divisée par cinq, à 59 millions d’euros. Le résultat net normalisé logiquement tombe dans le rouge à -119 millions d’euros contre +162 millions il y a un an.
S’agissant des perspectives, la rationalisation des coûts devrait permettre à la marge de progresser au second semestre, mais seulement dans le bas de la fourchette (entre 3 % et 5 % de marge contre 1,1 % aujourd’hui). Le flux de trésorerie est lui aussi attendu dans le bas de la fourchette (-150 millions à 200 millions d’euros).
Interrogée sur les spéculations récurrentes concernant l’intérêt de groupes concurrents pour ses activités de cybersécurité, la direction d’Atos a assuré n’avoir reçu aucune offre, à date.
Raphaël Balenieri et Gwenaëlle Barzic
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