Atos et Thales face à de sérieux concurrents pour le big data des services secrets (Les Echos)

Pressée de remplacer l’Américain Palantir choisi dans l’urgence après les attentats de 2015, la Direction des services de renseignement intérieur a sélectionné trois candidats (dont Atos) pour le traitement de ses données .

Par Anne Drif

Publié le 2 janv. 2023 à 7:21

Dernière ligne droite pour l’appel d’offres qui vise à remplacer l’Américain Palantir au coeur des services secrets français. Trois candidats au projet de big data des services de renseignement intérieur ont passé le filtre de la DGSI sur neuf au départ. S’ouvre le stade critique, au cours duquel sera déterminé le meilleur au niveau opérationnel. Cette phase durera de 6 à 18 mois.

D’ici là, le groupe de Peter Thiel développé dans le giron d’ In-Q-Tel, le fonds de la CIA , qui avait été choisi dans l’urgence par le ministère de l’Intérieur après les attentats de 2015, va continuer d’officier.

En lice pour le projet de la DGSI, baptisé OTDH (Outil de traitement des données hétérogènes), l ‘alliance d’Atos et de Thales au sein d’Athea est dans les starting-blocks. Mais rien n’est joué. Le montant du budget mis sur la table par le ministère de l’Intérieur n’est pas connu. Pour Palantir, le chiffre d’une dizaine de millions d’euros par an a été évoqué. Mais la DGSI aurait des ambitions plus larges. Deux lots sont sur la table. Le premier est celui de l’enrichissement des données et vise typiquement à convertir de l’audio en texte, identifier des personnes dans une image ou du son. Le deuxième, celui du traitement et de l’analyse, cible la mise en relations et vise à identifier des connexions entre les données.

Multitude de candidats

L’alliance d’Atos et de Thales était candidate aux deux et a été sélectionnée pour le deuxième consacré à l’analyse. Il ne concourt a priori plus pour le premier consacré à l’enrichissement. Le Français ChapsVision lui, en revanche, a été retenu sur les deux. Dans la course aussi face au groupe de l’ entrepreneur Olivier Dellenbach sur le premier volet d’enrichissement figure l’ éditeur tricolore Blueway .

L’entreprise Altrnativ d’Eric Léandri, l’ex-dirigeant du moteur de recherche français Qwant, citée parmi les candidats, de même que Sopra, ainsi que la start-up d’analyse de données des réseaux sociaux Bloom, soutenue par Dassault Systèmes, seraient donc hors jeu.

Facteur important, pour les services, choisir deux groupes différents pour les stades d’analyse big data n’apparaît pas comme l’option la plus évidente. Il faudrait que les deux candidats élus prennent le temps de connecter leurs interfaces. Ce qui signifie en clair que si ChapsVision accroît plus rapidement sa couverture fonctionnelle qu’Athea et Blueway, il est assuré d’être le seul à pouvoir remporter l’ensemble de l’appel d’offres.

Or les services sont pressés de toutes parts de mettre fin au recours à Palantir. « Il va de soi qu’il faut déconnecter les logiciels Palantir qui permettent d’effectuer des recherches dans les données, car il est hors de question que l’éditeur de Palantir ait accès aux données opérationnelles traitées par le logiciel. Or c’est de plus en plus compliqué », avait estimé Guillaume Poupard, le directeur général de l’ANSSI devant la Commission de la Défense nationale en 2018 à l’Assemblée nationale.

 

Anne Drif

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