Atos: l’addition s’alourdit encore, à près de 5 milliards d’euros [LES ECHOS]

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À quatre jours de la remise des offres, les scénarios d’affaires de l’ex-fleuron informatique virent au rouge. Le groupe doit effacer 3,2 milliards d’euros de dette et a besoin d’1,7 milliard d’argent frais.

Par Anne Drif

Publié le 29 avr. 2024 à 11:13Mis à jour le 29 avr. 2024 à 11:31
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L’addition flambe pour les créanciers d’Atos. Plus de sacrifices sont nécessaires alerte lundi l’ex-fleuron informatique, plombé par 4,8 milliards d’euros de dette. L’offre de l’Etat, de 700 à 1 milliard d’euros sur ses actifs souverains, ne suffira pas à le sauver.

Désormais, Atos juge qu’il doit effacer près de 70% de sa dette, soit 3,2 milliards d’euros. Il y a seulement quinze jours, il n’était question que de la moitié , et, en fin de semaine dernière même , les projections tournaient plutôt autour de 3 milliards.

Pour survivre et garder une notation crédible, sa dette doit peser moins que deux années d’Ebitda, au lieu de trois années précédemment.

Atos veut aussi beaucoup plus d’argent frais : pas moins de 500 millions en plus, soit 1,7 milliard d’euros. Au total, l’addition va donc frôler l’équivalent de sa dette d’aujourd’hui, à près de 5 milliards d’euros !

«Risque plus élevé de résiliation de contrats»

En cause ? Atos a dégradé d’un coup tous les indicateurs de son plan d’affaires de ses trois divisions (digital, cyber et infogérance). Jean-Pierre Mustier, le président d’Atos, a dû taper du poing sur la table en conseil d’administration fin de semaine dernière pour exiger la pleine transparence sur l’avenir du groupe, dans l’attente des offres.

Finalement les revenus vont baisser en 2024 de 3,3 %, au lieu de 2 %. A moyen terme aussi, les perspectives sont moins brillantes que prévu (+2,3 %, contre +3,1 %) anticipés début avril. Dans l’infogérance, Atos évoque même un « risque plus élevé de résiliation de contrats ». La rentabilité baisse, et dans le numérique, les frais de restructuration vont être plus élevés l’an prochain

Pour noircir encore le tableau, d’ici 2027, les flux de trésorerie du géant du numérique vont fondre 500 millions d’euros supplémentaires, soit 800 millions d’euros.

« Pire que Casino »

Du côté des créanciers, on est plus agacés qu’affolés. « Qu’est-ce que ça change ? Les chiffres bougent toutes les semaines, c’est pire encore que Casino, commente un proche des discussions. Toute la question est : « est-ce qu’on peut légitimement rester confiant dans la direction générale ?! ».

Les hedge funds et les obligataires, qui portent la moitié de la dette de l’ex-fleuron, accueillent positivement l’annonce de Bercy du week-end : « C’était anticipé, c’est de l’argent qui rentre, donc une bonne nouvelle ». Message aussi bien reçu en Bourse où le titre a bondi de l’ordre de 20 % en début de séance lundi malgré la nette dégradation du plan d’affaires.

La proposition de l’État est de fait tombée à point nommé alors qu’Atos a reporté en fin de semaine dernière de quelques jours son tombereau de mauvaises nouvelles. De quoi s’éviter un choc trop violent.

Mais pour le reste, ajoute cette source chez les créanciers : « on fera une offre à nos conditions et comme on a envie de la remettre ». Prochain verdict, le 3 mai, à la remise des plans de sauvetage.

Anne Drif

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/atos-laddition-salourdit-encore-a-pres-de-5-milliards-deuros-2091782

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-COPYRIGHTS LES ECHOS –

Atos exprime sa « satisfaction » après l’offre de l’Etat sur ses activités souveraines.

Par Anne DrifNicolas Madelaine

Publié le 28 avr. 2024 à 19:17Mis à jour le 29 avr. 2024 à 11:10
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Bercy a envoyé à Atos une lettre d’intention pour lui racheter ses systèmes utiles à la dissuasion, aux commandements des armées et aux services de renseignement. En attendant, le groupe en difficulté a revu à la hausse ses besoins de liquidités et de réduction de dette.

L’Etat passe à la vitesse supérieure en pleine descente aux enfers d’Atos. Bercy devance les créanciers et repreneurs qui discutent de la restructuration du groupe et fait une offre sur les activités dites « souveraines » de l’ex-fleuron informatique. « Nous avons manifesté ce week-end notre intention d’acquérir ces activités, a annoncé Bruno Le Maire sur LCI. L’Etat agit depuis longtemps sur Atos. Il y a des activités souveraines qui doivent rester sous contrôle exclusivement français. »

L’Agence des participations de l’Etat a envoyé à Atos ce week-end une lettre pour lui proposer un rachat des supercalculateurs nécessaires à la dissuasion nucléaire (logés dans la division Advanced Computing), ainsi que les systèmes critiques utiles au commandement du programme Scorpion de l’armée de terre, et aux connectivités du nouveau Rafale F4 (l’entité Mission Critical Systems). Une troisième division spécialisée dans les activités cyber stratégiques pourrait aussi entrer dans l’escarcelle de l’Etat.

Les actifs hérités de l’ex-Bull ont aussi une portée hautement sensible car ils servent les intérêts des services de renseignement en matière d’écoute, de communication et de crypto-analyse.Ce lundi, Atos a affirmé qu’il « accueille avec satisfaction cette lettre d’intention qui protégerait les impératifs stratégiques de souveraineté de l’Etat français ». Le titre affichait une hausse de 14 % à 2,17 euros à l’ouverture, mais accusait toujours une chute de près de 70 % depuis le début de l’année.

Bercy avait déjà mis un pied dans la porte en prenant une action de préférence début avril. A ce stade, l’Etat n’évoque pas la nationalisation de force s’il ne trouve pas d’accord avec la direction d’Atos. Pour mettre la main sur ce périmètre d’environ 900 millions d’euros de revenus et mobilisant 4.000 personnes, Bercy a formulé une fourchette de prix, qu’il ne souhaite pas rendre publique. Ce lundi, Atos évoque une valeur d’entreprise indicative comprise entre 700 millions et 1 milliard d’euros. Ce périmètre équivaut à environ 60 % de ce qu’Airbus visait, et pour lequel il envisageait de dépenser moins de 1,5 à 1,8 milliard d’euros.

Négociations avec des industriels

Dans un second temps ou en parallèle, l’Etat va ouvrir le capital de cette entité sensible à des industriels. Le cabinet de Bruno Le Maire n’a pas voulu préciser si Dassault et Thales étaient engagés dans des discussions. « Cela fait plusieurs semaines que des discussions sont lancées avec des acteurs », a indiqué le cabinet de Bruno Le Maire.

L’entité Mission Critical Systems intéresserait notamment Thales, selon des sources. Le nom de Dassault est revenu ces derniers mois.

Si les négociations échouent, comme avec l’avionneur, le cabinet de Bruno Le Maire ne dit pas s’il passera en force sachant que les parlementaires poussent en ce sens depuis des mois. L’Etat a déjà envisagé d’entrer en minoritaire dans ces activités sensibles, mais le projet a échoué faute d’accord justement sur une valorisation.

A ce stade, l’Agence des participations de l’Etat dit vouloir mener des « due diligences » plus approfondies, en vue d’une remise d’offre qui pourrait n’être qu’indicative, début juin. Ce que le groupe confirme ce matin.

Une course contre la montre

Mais c’est une course contre la montre pour Bercy chez Atos. Le géant du numérique explique ce matin avoir besoin de 1,1 milliard d’euros de liquidités pour financer l’activité sur la période 2024-2025, comparé à 600 millions d’euros annoncés précédemment. Il vise aussi désormais un effacement de sa dette de 67 %, soit 3,2 milliards sur 4,8 milliards d’euros, contre 50 % précédemment.

Atos a par ailleurs réduit ses prévisions de chiffre d’affaires pour 2024 (9,8 milliards d’euros contre 9,9 milliards communiqués précédemment) et à horizon 2027 (11 milliards contre 11,4 milliards). Le groupe a aussi révisé sa marge future à 9,9 % contre 10,3 %.

Pas sûr que cela conforte les éventuels candidats : des hedge funds qui portent la moitié de la dette de la société, David Layani (son premier actionnaire) ou Daniel Kretinsky et le canadien CGI. D’autant qu’ils se voient là déjà privés d’une partie du périmètre par l’Etat, à quelques jours de la remise de leur offre.

Anne Drif et Nicolas Madelaine

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/letat-fait-une-offre-sur-les-activites-souveraines-datos-2091695

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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.

Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.

Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

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