Depuis sa publication, Lucas Médiavilla l’auteur de l’article, a décidé de changer son titre. Nous avons conservé le titre original avec l’encadré ci-dessous à titre de preuve. C’est une des raisons pour lesquelles nous archivons les articles de la presse sur le blog, pour garder trace si censure ou changements. Aussi nous avons décidé de garder le titre original que nous trouvions très straight, mais décrivant une situation réaliste.
-COPYRIGHTS LE FIGARO-
DÉCRYPTAGE – Le plan de sauvetage, qui demandera 5 milliards d’euros aux créanciers et repreneurs potentiels, entre dans sa phase décisive. Les deux hommes d’affaires doivent déposer leurs offres de reprise du groupe d’ici au 3 mai.
Calcul haute performance servant pour la simulation des essais nucléaires, systèmes critiques pour le fonctionnement du programme Scorpion de l’armée de terre ou la connectivité du Rafale F4, activités critiques dans la cybersécurité… l’État cible un sous-ensemble de la division big data et sécurité (BDS) d’Atos, qui représente 4000 emplois et 900 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’objectif est « d’éviter que des activités stratégiques pour la France ne passent dans les mains d’acteurs étrangers », soulignait dimanche le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
L’objectif est d’éviter que des activités stratégiques pour la France ne passent dans les mains d’acteurs étrangers
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances
Au début du mois d’avril, Bercy s’était déjà assuré de disposer d’une action préférentielle (« golden share ») en finançant 50 millions d’euros sur un prêt d’urgence de 450 millions d’euros accordé à Atos. Celui-ci devrait se matérialiser prochainement, assurant un droit de veto de l’État en cas de menaces sur des activités critiques. « Ils vont un cran plus loin avec cette lettre d’intention, même si le marché avait déjà intégré cette idée », assure un porteur de dette d’Atos. « De notre point de vue, c’est plutôt une bonne nouvelle, car nous pourrions récupérer plus d’argent grâce à la vente. »
L’État doit trouver un partenaire industriel
L’État dit travailler à cette proposition depuis l’échec des négociations avec Airbus sur la reprise de la division big data et sécurité (BDS). Il reste du pain sur la planche pour formaliser son offre. « Le travail de détourage des activités entre TechFoundations et Eviden a été fait, mais absolument pas au sein d’Eviden, remarque Karine Dran, coordinatrice CFE-CGC du groupe. L’État veut reprendre un sous-ensemble de BDS, mais il y a beaucoup de fonctions transverses dans ces entités ».
Ce qui explique en partie pourquoi l’État s’est laissé jusqu’au mois de juin pour faire sa « due diligence » et envoyer une offre plus contraignante. Une fois détourés, il faudra trouver un industriel ou plusieurs regroupés en consortium pour opérer ces actifs. « Nous n’avons pas vocation à diriger seul ces activités, et nous sommes confiants dans la capacité à réunir des acteurs industriels autour de cette brique de souveraineté », estime-t-on à Bercy. Des discussions avec des industriels ont déjà été entamées, même si l’État refuse pour le moment de donner des noms.
Le timing de la sortie de Bercy n’a rien d’anodin. Il intervient à l’aube d’une semaine décisive pour le sauvetage de l’entreprise, entrée en conciliation depuis le 26 mars et qui cherche des fonds pour se sauver. Les créanciers et investisseurs intéressés pour reprendre Atos doivent déposer leurs offres de reprise d’ici à vendredi. La proposition non engageante de l’État pourrait apporter entre 700 et 1 milliard d’euros au groupe, selon la lettre envoyée par l’APE. À l’annonce de cette information, le cours de Bourse d’Atos a d’ailleurs bondi de 23 % lundi. Il n’empêche. L’arrivée de l’État ne règle en rien la situation du paquebot lesté de 4,9 milliards de dette.
Atos demande 5 milliards à ses créanciers
Les créanciers ont d’ailleurs eu la mauvaise surprise d’apprendre lundi que l’effort que leur demande Atos pour assurer sa survie est bien plus important qu’anticipé. Il y a trois semaines, tout juste, l’entreprise dirigée par Paul Saleh demandait à ses créanciers d’écraser la moitié de la dette qu’ils détiennent (2,4 milliards sur les 4,9 milliards de dette brute) en contrepartie d’actions du groupe, ainsi que l’apport de 1,2 milliard d’euros sous forme de liquidités supplémentaires pour financer l’activité jusqu’à 2025. Jeudi dernier, à l’occasion de ses résultats du premier trimestre, Atos avait prévenu : confrontée à une dégradation rapide de son activité, de sa rentabilité, de ses prises de commande et de sa trésorerie, l’entreprise allait revoir ses calculs.
Dans une procédure de restructuring, il peut y avoir quelques ajustements en cours de route, cela fait partie du jeu. Chez Atos, cela a atteint une ampleur énorme. Ce groupe est incapable de donner des chiffres qui tiennent la route
Un porteur de dette d’Atos
Lundi, Atos a confirmé qu’il lui faudrait 1,7 milliard d’euros de cash pour financer son activité jusqu’à la fin de 2025 et un écrasement de sa dette de 3,2 milliards d’euros (contre 2,4 milliards prévus précédemment). L’effort atteint presque 5 milliards d’euros, l’équivalent de l’ensemble de sa dette brute. « Dans une procédure de restructuring, il peut y avoir quelques ajustements en cours de route, cela fait partie du jeu. Chez Atos, cela a atteint une ampleur énorme. Ce groupe est incapable de donner des chiffres qui tiennent la route », lâche, énervé, un porteur de dette d’Atos.
Scénario très défavorable
« C’est hallucinant. Un tel revirement en une vingtaine de jours… Le management est délégitimé auprès du conseil d’administration », abonde un bon connaisseur du dossier. Selon lui, il a même fallu que Jean-Pierre Mustier, président du conseil d’administration, Helen Lee Bouygues, administratrice indépendante, et David Layani, premier actionnaire du groupe et administrateur lui aussi, tapent du poing sur la table pour que la direction se décide à réviser ses estimations.
À lire aussi : David Layani, dette, liquidités… Les vérités de Paul Saleh, le directeur général d’Atos
Le communiqué publié lundi, plus sombre sur les trajectoires de redressement des finances, porte la griffe prudente de Jean-Pierre Mustier, qui joue sa réputation dans le sauvetage du fleuron français. Atos intègre dans son nouveau plan d’affaires les conséquences de la dégradation de la situation aussi bien sur ses activités digitales, cybersécurité ou cloud (Eviden), que sur les activités d’infogérance (TechFoundations).
Les prévisions de revenus, comme celles de marge et de trésorerie, ont été revues en baisse de plusieurs centaines de millions d’euros sur l’ensemble des périmètres du groupe. Les liquidités supplémentaires demandées pour 2024 et 2025 ont, elles, été « déterminées sur la base d’un scénario très défavorable réalisé par la société en tenant compte de charges d’intérêts plus faibles liées aux objectifs de réduction de la dette ».
Une nouvelle donne?
Ce besoin d’argent frais supplémentaire et la possible prise de contrôle des activités sensibles par l’État changent-ils la donne ? Pour David Layani, l’arrivée de Bercy sonne comme un désaveu. Avec son projet de reprise intégral One Atos, l’homme d’affaires se considérait comme la meilleure réponse aux craintes de Bruno Le Maire en matière de souveraineté. Dans nos colonnes, il déclarait aussi que la « souveraineté ne se découpe pas chez Atos ». Ses appels du pied n’ont pas été entendus. Pas rancunier, le dirigeant de OnePoint reste tout de même intéressé pour le reste du groupe. Après tout, les actifs ciblés par l’État ne représentent que 10 % des 10 milliards d’euros de revenus d’Atos.
Mais le besoin de liquidités supplémentaires exprimé par la direction ne rend-elle pas l’équation plus difficile pour David Layani et son partenaire de consortium Walter Butler ? « C’est la petite musique que nos adversaires essayent de faire passer, tranche un proche. À 50 millions d’euros près, nous avions anticipé exactement les besoins d’Atos dans ce qui a été présenté lundi matin. » Selon lui, ce nouveau chiffrage est la preuve que OnePoint est dans le vrai d’un point de vue industriel. « Cela pourrait rapprocher nos positions des créanciers obligataires. »
Les repreneurs vont devoir rehausser leurs offres
« Il n’y aura pas de repas gratuit », lui répond une source du côté des porteurs de dette. Autrement dit, une négociation devrait s’ouvrir cette semaine à la lumière des nouveaux chiffres donnés par la direction d’Atos. L’objectif est de savoir quelle sera la répartition de l’effort entre les créanciers actuels, ceux qui seraient intéressés pour rejoindre l’aventure et David Layani. Si ce dernier veut conserver plus de 30 % du capital à l’issue de l’opération et rester ainsi actionnaire de référence du groupe, il va devoir revoir à la hausse les 400 millions d’euros qu’il comptait apporter pour l’augmentation de capital. Dans son entourage, on signale que ce n’est pas un problème.
Les négociations se poursuivront aussi avec Daniel Kretinsky, l’autre grand candidat à la reprise d’Atos, seul ou en consortium avec le canadien CGI. Pour le milliardaire tchèque, la situation est en réalité plus lisible avec l’intervention de l’État qu’avant. De par sa nationalité, Daniel Kretinsky n’aurait pas pu mettre la main sur les activités sensibles d’un point de vue de la souveraineté. Cela étant dit, l’homme d’affaires et ses équipes n’ont pas encore dévoilé leurs cartes. « Son holding EPH va se positionner comme l’acteur aux poches les plus profondes et de dernier recours, comme sur Casino. Il va miser sur l’incapacité de ses concurrents à suivre son offre », indique un bon connaisseur du dossier. « Leur projet est simple, c’est de reprendre l’entreprise pour la démanteler ensuite et garder TechFoundations pour lui », assure un autre.
D’autres repreneurs potentiels, étrangers, pourraient-ils se manifester maintenant que le sort des activités problématiques d’un point de vue de la souveraineté semble sanctuarisé par l’État ? « A trois jours de la reprise des offres, vous ne pouvez pas monter un dossier sur un sujet aussi complexe », tranche un financier. Il y a quelques jours, des rumeurs de marché laissaient aussi entrevoir l’idée d’une reprise du groupe par ses seuls créanciers, sans l’appui d’industriels. Une situation déjà vue dans des dossiers comme Bourbon, la Saur, Europcar ou Vallourec. « Ce n’est pas la volonté des fonds à ce stade, précise un participant aux négociations. L’enjeu des négociations de cette semaine, c’est d’écouter les propositions des repreneurs sur cette base et de tomber d’accord sur les chiffres d’ici au 3 mai. » Le sauvetage d’Atos est à ce prix.
https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/ce-groupe-est-incapable-de-donner-des-chiffres-qui-tiennent-la-route-atos-une-semaine-decisive-pour-le-sauvetage-20240429
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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.
Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.
Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.
Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.