Coup de tonnerre chez Unibail : Xavier Niel et Léon Bressler remportent la bataille (LES ECHOS)

Les frondeurs entrent au conseil de surveillance du groupe, tandis que les actionnaires ont rejeté l’augmentation de capital voulue par la direction du géant des centres commerciaux. Le titre URW a flambé à la Bourse de Paris.

Par Elsa Dicharry

Publié le 10 nov. 2020 à 8:04. Mis à jour le 11 nov. 2020 à 16:10
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C’est un véritable coup de tonnerre. Appelés à se prononcer, mardi, sur l’augmentation de capital de 3,5 milliards d’euros voulue par son président du directoire, Christophe Cuvillier, et par son président du conseil de surveillance, Colin Dyer, les actionnaires d’Unibail-Rodamco-Westfield (URW) l’ont refusée.

« La résolution donnant délégation de compétence au directoire à l’effet d’émettre des actions ordinaires de la société avec maintien du droit préférentiel de souscription » a été rejetée, précise le communiqué envoyé tôt dans la matinée. Dans la foulée, le titre URW, qui avait déjà grimpé la veille, s’est de nouveau envolé. En deux jours, il a regagné près de la moitié de sa valeur, avant de reculer à nouveau ce mercredi.

Divergences d’analyse

Il aurait fallu recueillir deux-tiers des votes pour valider cette opération qui, aux yeux de la direction, était essentielle pour renforcer le bilan du géant des centres commerciaux très endetté (à hauteur de 24 milliards) et ébranlé par la crise sanitaire. « Ils ont été inférieurs à 67 % mais supérieurs à 50 %, a précisé un peu plus tard Christophe Cuvillier. Ce n’est donc pas un vote en faveur du plan Refocus proposé par les activistes [l’ancien patron d’Unibail, Léon Bressler, et le dirigeant d’Illiad, Xavier Niel, NDLR], c’est simplement un vote contre l’augmentation de capital », a-t-il insisté.

Les frondeurs, qui détiennent un peu plus de 5 % du capital et indiquent avoir récemment continué à acheter des titres, n’ont pas la même analyse. « Tout le monde s’accorde à dire que le rachat de Westfield [en 2018, NDLR] a été un désastre, et qu’il s’agit de corriger la manoeuvre. Notre ligne stratégique a été plébiscitée et elle s’imposera à ceux qui dirigeront la société demain », a affirmé Léon Bressler. Il pense toujours, comme Xavier Niel, qu’URW doit céder ses actifs américains pour se recentrer sur ses centres commerciaux haut de gamme en Europe. Il pourra ainsi alléger en partie sa dette.

« Message très clair »

Est-ce à dire que les dirigeants actuels doivent démissionner ? Interrogé sur le sujet lors de l’assemblée générale, Christophe Cuvillier a indiqué que « c’est de l’avenir de l’entreprise dont il s’agit et pas de celui de telle ou telle personne ». « Le message envoyé par les actionnaires est très clair », a au contraire estimé Léon Bressler. « Nous ne souhaitons pas passer au-dessus de la gouvernance. Nous souhaitons qu’il y ait une gouvernance qui fonctionne », a complété Xavier Niel.

En attendant, la direction d’Unibail a indiqué que si la recapitalisation avait été rejetée, elle comptait continuer à mettre en oeuvre les autres volets de son plan de sauvetage « Reset » à 9 milliards , présenté mi-septembre. A commencer par le programme de cessions d’actifs de 4 milliards d’euros – qui doivent être réalisées d’ici à la fin 2021. L’immeuble de bureaux Shift, à Issy-les-Moulineaux, vient d’être vendu à des investisseurs institutionnels pour 620 millions d’euros, a-t-elle rappelé.

« Nouvelles perspectives »

« Il nous faudra aussi examiner d’autres options pour renforcer la structure financière du groupe », a ajouté Christophe Cuvillier. Les avancées annoncées lundi dans le développement d’un vaccin contre le Covid-19 pourraient « redonner confiance aux investisseurs » et ouvrir de nouvelles perspectives de cessions pour URW, veut-il encore croire. Pourquoi pas aux Etats-Unis. « Nous allons balayer à nouveau toutes les opportunités ».

C’est un conseil de surveillance reconfiguré qui va bientôt se mettre au travail et examiner les différentes possibilités. Les actionnaires ont en effet aussi approuvé la nomination de trois nouveaux administrateurs : Léon Bressler et Xavier Niel ainsi que Susana Gallardo.

« Nous  respectons la démocratie actionnariale », a réagi Christophe Cuvillier. Il veut croire que malgré la dureté des attaques de ses opposants durant leur « campagne », un travail commun pourra être réalisé. Même si « ce à quoi nous avons assisté n’est pas ma conception du dialogue actionnarial », a-t-il regretté. « Maintenant, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre », assure-t-il. Le nouveau conseil de surveillance devrait se réunir « dans les tout prochains jours ». La date précise n’est pas encore connue.

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