Kretinsky n’a pas perdu de temps.
Il a manifesté un intérêt à reprendre les discussions suite au désistement de Onepoint et a immédiatement fait une proposition en disant que sa précédente offre étant caduque du fait que la date du 15 juin était dépassé qu’il proposait une mise à jour de son offre, sous réserve que cela se fasse de façon extrèment rapide, mais que d’ores et déjà, la nouveauté est qu’il offrait la possibilité aux créanciers (exclusivement) de participer à 49% du capital.
Télécharger la lettre d’intention.
EPEI et Attestor abandonnent aussi leur alliance.
Je pense que c’est maintenant un secret de polichinelle, mais l’audit d’ACCURACY a révélé un trou supplémentaire de 500M€ à 600M€ et donc un besoin en cash supplémentaire du même montant pour aller jusqu’à 2027.
De ce fait, il semble qu’Attestor a lâché l’affaire, tout comme David Layani dont nous saluons le geste de bon gestionnaire et à qui nous consacreront un article.
On imagine donc que Kretinsky va mettre 510M€ de fonds propres et proposer aux créanciers de mettre 490M€ de fond propre via new money et non Debt to Equity conversion pour un total de 1000M€ de fonds propres !! La grosse berta.
C’est à dire que ce qui est proposé aux créanciers c’est d’entrer sur une base d’une capitalisation à 1Md€ du groupe et d’espérer d’ici 7 à 8 ans que la capitalisation soit à 6Md€ à 7Md€ et de faire x7.
La lettre d’intention est en téléchargement sur le site Atos.net.
Hélène Bourbouloux a une occasion de rattraper son désastre jusqu’à présent avec ses copains obligataires.
1Md€ de fonds propres ce qui veut dire à vie avec 0% d’intérêt
500M€ de RCF
400M€ de factoring
300M€ de cautions bancaires
Total : 2200M€ de New Money. Au moins ça devrait permettre de passer l’hiver.
Environ 25% de la dette ancienne conservée dont 11% payé cash au closing et 30% si Syntel est vendu et il sera vendu.
Y’en a juste un qui va être pas content, c’est Paul Saleh. Il s’était fait à l’idée de partir à Noël, là il va devoir partir à la Saint-Louis 😀
UN POINT IMPORTANT SUR LA POLITIQUE COMMERCIALE
Kretinsky précise vouloir prendre en compte la politique commercial sur laquelle Atos s’est engagée depuis plusieurs semaines, et je pense qu’il s’agit ici du « One Atos », à savoir garder tout le périmètre.
RAPPEL DES CONDITIONS DU DEAL PRÉCÉDENT
La seule inconnue est est-ce que ces conditions vont être conservées ou est-ce que la carotte de monter au capital va avoir comme contrepartie un écrasement plus important de la dette.
1.1/ Conservation de dette en cash
-Kretinsky conserve 500M€ de dette en cash inconditionnelle à se répartir entre tous les créanciers. À noter et sauf mauvaise compréhension de ma part que cette somme est versé cash en une fois, au closing et non à l’expiration des échéances.
Pour ceux qui ont des souches 2028 et 2029, avoir un paiement immédiat en 2025 ce n’est pas rien.
-Kretinsky conserve 550M€ de dette en cash conditionnel, réservé pour les créanciers qui participent à la New Money (mais en cas de non participation elle est backstoppée par le consortium, donc reste financée). C’est donc 550M€ de dette supplémentaire conservée avec un ratio (à priori) de 1:1. Les premiers à souscrire se voient réservés 50M€ sans passi paru, à savoir premier arrivé premier servi, probablement la BNP
Total : 1050M€ de dette conservée dont 500M€ inconditionnelle
1.2/ Bonus sur les cessions et minimum garanti.
Par rapport à la première offre, Kretinsky offre deux bonus
A/ Bonus si le total des cessions des activités souveraine et de Wordgrid dépasse 1Md€, sur la partie au dessus de 1Md€ les créanciers toucheront immédiatement et en cash 50% de la différence.
Par exemple si la vente rapporte 1150M€, alors les créanciers toucheront (1150-1000 x 0.50) = 75M€ en bonus et en sus du minimum garantie de 375M€ qui concernent les cessions au-delà de 1250M€.
Imaginions que l’état soit très généreux et donne 950M€ pour le souverain et 300M€ pour Worldgrid, ça ferait 1250M, don là le bonus serait de 125M€, donc 2.6% de dette conservée en plus.
C’est un peu l’originalité de son offre qui complique quand même pas mal la compréhension. Les cessions sous 1Md€ servent à rembourser le financement intérimaire de 800M€ à 1000M€ entre maintenant et le closing (les 450M€ d’avril déjà encaissés et les 350M€ réclamés pour juillet).
B/Bonus pour cessions du périmètre « Digital ».
Kretinsky a dit qu’il gardait la cyber services et le cloud et à priori « transformation » (8% de Eviden), mais qu’il n’excluait pas de vendre une partie de Digital, appelé Digital bonus :
Au-delà de 1.250Md€ de cessions, en incluant les actifs souverain et Worldgrid,
il donne 50% aux créanciers, puis 60% à partir de 1.7Md€ puis 70% à partir de 2.25Md€ puis 80% à partir de 2.75Md€.
Mon point de vue sur cette spécificité du bonus « à la sauce Kretinsky » :
Beaucoup de gens, soupçonnent Kretinsky de vouloir rapidement vendre des actifs, quitte être un peu caricatural et prêter la volonté à Kretinsky de ne vouloir garder que TFCo et vendre Eviden « pour rembourser immédiatement son investissement » (phrase utilisée par Olivier Pinaud du Monde). Je pense plus que c’est un peu caricatural, car c’est plus complexe en réalité. Derrière les besoins en liquidité pour l’EXPLOITATION, il y a toujours un milliard à dépenser pour la RESTRUCTURATION de TFCo).
La part des cessions qui reviendraient aux créanciers au-delà de 2 Md€ est telle, que c’est ici un moyen de sécuriser les créanciers sur le fait que Kretinsky ne va pas immédiatement vendre Digital pour ne garder que TFCo et juste le cloud et la Cyber, crainte de nombreux créanciers, qu’il fasse une bonne affaire sur leur dos et qu’il se rembourse immédiatement par des cessions. Je pense qu’il veut ici montrer sa bonne volonté et que s’il faisait en effet des cessions rapides pour se rembourser, le plus gros irait aux créanciers. Pour l’instant seul Syntel serait vendue.
À l’inverse pour sécuriser les créanciers, au cas où il ferait zéro cession, quoi qu’il arrive, et donc même avec zéro cessions, il versera 375M€ minimum aux créanciers sous forme d’obligation échéance à 2 ans et si la cession se faisait plus tôt, elle sera versée cash au moment de la cession.
Pour les créanciers qui ne voudraient pas participer à la New Money c’est 875M€ EN CASH soit 18% de dette remboursée en cash et 1Md€ et 22% si Syntel est vendu et je peux vous dire que c’est sûr à 90% que Syntel sera. Donc à priori 1000M€ en cash quoi qu’il arrive pour ceux qui ne veulent pas de participation à la New Money soit 22% de dette conservée.
1.3/ Dette supplémentaire conservée si participation à la New Money (fond de roulement)
Enfin si les créanciers participent à la New Money il y a 550M€ conservé et remboursé en cash et surtout cette partie est séniorisée (adossé à un actif en nantissement)
Donc pour ceux qui veulent participer à la New Money, c’est donc au total 500 + 375 + 550 = 1425M€ de dette récupérée soit 29.7%, soit proche des 1600M€ demandés par Mustier et si et juste si Syntel est vendue (quasi-sûr) cela fait 1600M€ de dette récupérée soit 33.3%, ce qui fait pile la conservation demandée par Mustier.
D’où la phrase « les deux parties répondent aux conditions ».
1.4/ Apports en New Money : 1900M€
Dont : 1.2.1/ Fonds Propres : 500M€ garantis et selon la situation au closing + 200M€ soit 700M€
Dont : 1.2.2/ Liquidités : 1200M€ de fonds de roulement en RCF, factoring et garanties bancaires. Entièrement backstoppé (financé), mais ouvert aux créanciers voir ci-dessus
1.5/ Participation au capital.
C’est la nouveauté. En fonction de leur pourcentage de dette detenue, les créanciers pourront acheter sur une base de 49% du capital = 490M€, presque la moitié du capital et participer à la Recovery.
Pour une raison que j’ignore, les créanciers en plus du cash récupéraient dans la précédente offre 1% du capital post dilution, soit 70M€.