L’entreprise d’électronique et de défense se dit potentiellement intéressée par tout actif de cybersécurité qui serait disponible à la vente. Mais les obstacles à une acquisition de la division Big Data et Sécurité du groupe informatique sont nombreux.
Par Florian Dèbes, Anne Drif . Publié le 2 févr. 2022 à 19:05
Le scénario imaginant Thales racheter les activités cybersécurité d’Atos reprend de la vigueur. Mercredi, la valeur de l’action Atos a grimpé de 8,16 % après un après-midi de rumeurs autour des intentions du groupe d’électronique et de défense qui cédait, lui, 3,09 %.
D’après Reuters, Thales aurait pris contact avec des fonds comme Bain Capital, afin d’étudier la faisabilité d’une offre conjointe sur Atos. Selon le scénario évoqué, le français conserverait la division Big Data et Sécurité et ses co-investisseurs s’octroieraient, entre autres, les activités de gestions de serveurs informatiques et d’installation de logiciels.
Un co-investissement suivi d’un démantèlement
Après la fermeture des marchés, l’entreprise dirigée par Patrice Caine n’a ni démenti, ni confirmé. Elle a précisé dans un communiqué ne pas être en discussion avec Atos mais être « potentiellement intéressée par tout actif de cybersécurité qui serait disponible à la vente ». Atos ne fait pas de commentaires.
Ce n’est pas la première fois qu’un tel rapprochement est évoqué. Pour certains, l’idée faisait déjà sens avant même la succession de déboires responsables d’une division par deux de la capitalisation d’Atos en 2021.
La sécurité, le joyau d’Atos
Tous deux considérés comme des fleurons de la sécurité informatique en France, les groupes se connaissent bien et travaillent même déjà ensemble au développement d’un logiciel souverain d’analyse de données pour concurrencer l’américain Palantir. Thales avait pris de l’ampleur sur le marché de la cybersécurité en rachetant Gemalto et ses technologies de chiffrement des données au nez et à la barbe d’Atos en fin d’année 2017.
Mais Atos est aujourd’hui le numéro deux mondial et le numéro un en Europe sur les services de cybersécurité (veille face à la menace, installation de défenses logicielles, etc.). Sa division Big Data et Sécurité (BDS) est vue par les analystes comme le joyau du groupe En 2020, elle a enregistré 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires et surtout une croissance de 15,8 % quand les revenus de l’ensemble de l’entreprise (11,1 milliards d’euros) reculaient de 3 % sur un an. Son patron, Pierre Barnabé, est sur le départ pour aller diriger Soitec.
Une question de timing
Les obstacles à cette fusion sont néanmoins nombreux. Si Thales apparaît, avec Orange, comme l’un des rares acquéreurs français à qui l’Etat accepterait de confier les dossiers sensibles sur lesquels travaille Atos depuis des années, le timing à l’aube de l’élection présidentielle pourrait faire tiquer. A Bercy, on parle de « rumeurs qui courent depuis plusieurs mois ». Les éventuelles discussions entre Thales et des fonds d’investissement n’ont visiblement pas été évoquées entre le groupe de défense et l’Etat, son premier actionnaire (20 % du capital). D’après une source de Reuters, « le gouvernement français s’opposerait fermement à un démantèlement d’Atos à l’heure actuelle ».
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Chez Atos, une revue stratégique est certes officiellement lancée depuis le printemps dernier mais l’activité BDS se classait plutôt dans les actifs à conserver. En difficulté en raison de l’engouement pour l’informatique en ligne (« cloud computing »), le groupe est dit vendeur de sa division infogérance et de ses logiciels de communication Unify. Nouvellement nommé à la direction générale en remplacement d’Elie Girard, Rodolphe Belmer (Canal+, Eutelsat) entre dans le vif du sujet.
Florian Dèbes et Anne Drif