Thierry Breton a le sentiment de s’être fait manipuler. Le PDG d’Atos, troisième SSII française, était en discussion avec Steria depuis plusieurs mois pour un éventuel rapprochement.
Par Challenges.fr le 30.04.2014 à 06h05, Lecture 2 min.
Thierry Breton a le sentiment de s’être fait manipuler. Le PDG d’Atos, troisième SSII française, était en discussion avec Steria depuis plusieurs mois pour un éventuel rapprochement. Mais la SSII a finalement accepté de fusionner avec… Sopra, déclenchant l’ire de l’ancien ministre des Finances. Le petit Steria, dont le chiffre d’affaires (1,7 milliard d’euros) n’est pas à l’échelle de celui d’Atos (8,6 milliards d’euros), préférait se marier avec une autre des SSII françaises historiques, d’une taille plus comparable – 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires pour Sopra. Furieux, Thierry Breton a décidé de prolonger jusqu’au 27 mai son OPA de 729 millions d’euros en cash, dans l’espoir de séduire le conseil de Steria. Réponse cinglante de celui-ci durant le week-end pascal, précisant « ne pas souhaiter entrer en discussion avec Atos ». Alors qu’elle aurait créé le second groupe européen, la proposition n’a même pas été examinée. Thierry Breton ne perd pas espoir de convaincre. S’il échoue, il pourra se consoler avec un autre rapprochement : il serait en discussion pour le rachat de l’activité infrastructure informatique de Lufthansa (260 millions de chiffre d’affaires environ).
Pierre Pasquier, président-fondateur de Sopra, tient bon. Malgré la contre-attaque de Thierry Breton, le patron tout-puissant de 78 ans affiche une totale confiance dans le succès de son offre d’échange sur Steria. Il sait pouvoir compter sur le soutien de l’encadrement de Steria, à commencer par celui de François Enaud, son numéro un et futur directeur général de la nouvelle entité. « Il ne serait évidemment pas DG d’Atos-Steria si Thierry Breton réussissait son coup », résume un cadre de Steria. Pierre Pasquier a su séduire les actionnaires : Steria est une société en commandite par actions qui appartient pour 23 % aux salariés, ce qui rend difficile une offre hostile. Le conseil a approuvé l’OPE qui assure une prime de 40 % par rapport au dernier cours, si bien que la proposition du PDG d’Atos apparaît comme un baroud d’honneur. L’entité Sopra-Steria affichera un chiffre d’affaires de 3,1 milliards d’euros et comptera 35 000 salariés, dont 15 000 en France.
P. L.
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