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Sébastien Lecornu a saisi le contrôle général des Armées pour examiner les offres de HP-Orange et Atos dans le cadre de l’acquisition d’un supercalculateur IA, crucial pour l’avenir des technologies de défense françaises. Alors qu’HP semble favori, le projet suscite des interrogations sur la souveraineté technologique et l’urgence de renforcer l’IA militaire.
Par Régis Soubrouillard et Vincent Lamigeon le , mis à jour le 15.10.2024 à 10h15
C’est un dossier sur lequel Sébastien Lecornu était attendu. Dès l’ouverture de l’audition du ministre des Armées sur le projet de loi de finances 2025, le nouveau président de la commission Défense, le député Jean-Michel Jacques (EPR, parti présidentiel), a interpellé le ministre des Armées sur le dossier stratégique du nouveau supercalculateur à base d’intelligence artificielle voulu par l’hôtel de Brienne. Cet outil technologique testera les algorithmes embarqués dans les équipements du futur de l’armée, à l’instar du Rafale F5. Ces algorithmes doivent rendre plus efficaces, résilients et autonomes les prochains bâtiments militaires. Ce supercalculateur, installé au Mont Valérien, sera mis à disposition des forces armées, de la DGSE et des industriels de la défense.
La Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (Dirisi) est proche de désigner le duo HP/Orange pour ce projet intitulé Asgard. Le français Atos, bien qu’affaibli par la crise qui le secoue depuis des années, semblait pourtant être le grand favori de ce marché estimé entre 200 et 300 millions d’euros par le ministre, mais dont l’essentiel est destiné aux puces Nvidia.
Un marché surtout pour Nvidia
« Le montant qui partirait chez HPE-Orange, en excluant le prix des GPU Nvidia, serait de quelques petites dizaines de millions d’euros », selon le ministère. Le choix du groupe français paraissait d’autant plus logique que l’Etat négocie âprement, en parallèle de cette compétition, le rachat de l’activité supercalculateurs d’Atos, jugée stratégique. Face aux députés, Sébastien Lecornu s’est dit très « direct », tout en assurant que le marché était toujours en cours et qu’il fallait donc faire preuve de « prudence ».
Le ministre a d’abord souligné qu’en matière d’IA, un supercalculateur est d’abord basé sur des microprocesseurs dont l’origine serait américaine et même « du Nvidia à 95 %. Il n’y a donc pas de solution française » a-t-il souligné, insistant sur les particularités d’une telle technologie qui serait basée sur le « secret-défense » et ne serait donc pas connectée.
Des offres intrigantes
Sébastien Lecornu a ensuite assuré que la mise en concurrence entre HP/Orange et Atos se faisait sur la base d’un cahier des charges. Sans préciser les détails de l’appel d’offres, il a reconnu qu’il y avait deux propositions l’une « qui semble anormalement faible » en termes de performance (celle d’Atos). Et l’autre qui est « anormalement forte » (HP/Orange). Le ministre vise ici une offre ultra-compétitive dont le prix serait très faible.
Il a donc annoncé avoir saisi le Contrôle général des armées dès ce matin « qui va reprendre la procédure pour regarder si tout cela a été fait dans les règles de l’art, d’ici 10 ou 15 jours. Car les deux réponses sont très différentes en termes, de délais, prix, performances et staffs ».
Les Armées ne lâchent pas Atos
Le ministre a insisté sur l‘importance des délais dans l’acquisition d’une telle technologie dans l’optique d’un plan de conquête en matière d’IA : « Il y a une urgence à avoir le supercalculateur sinon on décrochera en matière d’IA. Il n’aura que deux ou trois années de vie avant d’être dépassé donc il ne faut pas perdre de temps, sinon on décrochera notamment en termes de souveraineté », a-t-il souligné comme pour mettre en avant que le favori de ce marché sera le prestataire qui assure les délais les plus courts.
En conclusion, Sébastien Lecornu a tenu à souligner que le ministère avait besoin d’Atos « pour d’autres outils de calculs notamment. Je suis à leur disposition mais je ne mélange pas le marché et la montée en puissance d’une offre de souveraineté française ».
Plusieurs parlementaires avaient fait part de leur incompréhension à l’hôtel de Brienne face au choix en faveur de l’américain HP qui semblait se préciser. « Si ce choix est confirmé, il est assez incompréhensible en termes de souveraineté », estimait le député LFI Aurélien Saintoul, membre de la commission de la Défense. Le député LR Olivier Marleix, membre de la commission des Lois, était sur la même ligne ; il avait adressé une lettre à Sébastien Lecornu, le 4 octobre, pour l’interroger sur la pertinence du choix d’un équipement américain pour un besoin relevant du « secret-défense ».
https://www.challenges.fr/entreprise/supercalculateur-ia-des-armees-lecornu-veut-faire-la-lumiere-sur-les-offres-hp-orange-et-atos_908113
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