Atos : Chapsvision défie Thales sur le dossier MCS [LES ECHOS]

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Atos : un nouveau compétiteur défie Thales sur les systèmes de défense et les écoutes

Selon nos informations, ChapsVision est intéressé par la reprise des divisions Mission Critical Systems et la cybersécurité, que l’Etat veut sanctuariser dans la déroute d’Atos.

Par Anne Drif

Publié le 3 mai 2024 à 14:26 | Mis à jour le 3 mai 2024 à 15:23
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À quelques heures du coup d’envoi de la bataille pour le contrôle d’Atos, l’appel de l’Etat porte. Thales n’est plus le seul prétendant au rachat d’actifs souverains de géant du numérique au bord du gouffre, selon nos informations. Un autre prend position : ChapsVision, prestataire de traitement de données pour les ministères de l’Intérieur et des Armées, et leurs services de renseignement.

Il vise le périmètre examiné par le poids lourd des hautes technologies de défense et sécurité Mission Critical Systems (MCS). Mais pas que. « Nous sommes intéressés par MCS ainsi que par la cybersécurité », confirme aux « Echos » Olivier Dellenbach, le dirigeant fondateur du groupe tricolore.

Ces deux actifs pèseraient de l’ordre (voire un peu plus) du tiers des actifs souverains valorisés entre 700 et 1 milliard d’euros par l’Etat. Les équipes de cybersécurité critique d’Atos développent des solutions de chiffrement, de crypto-analyse et de contrôle d’accès.

MCS conçoit les systèmes utiles au commandement du programme Scorpion de l’armée de terre (SICS), à la navigation des forces navales et à la sécurisation des réseaux de communication à bord du nouveau Rafale F4 de Dassault.

L’entité développe aussi le système de communication C4I (Command, Control, Communications, Computers and Intelligence), qui livre à la chaîne de commandement de l’armée une carte du champ de bataille mise à jour en temps réel. Plus sensible encore, MCS chapeaute la société Avantix dans les systèmes d’écoute pour les services de renseignement.

« Partenaire de référence du ministère des Armées »

« Pour ChapsVision, MCS serait une diversification intéressante. Nous voulons devenir un partenaire de référence du ministère des Armées dans le traitement de la donnée », déclare Olivier Dellenbach.

Après près d’une vingtaine d’acquisitions, ChapsVision reste en effet plus marqué « ministère de l’Intérieur » que « Hôtel de Brienne ». Le groupe de 160 millions d’euros de chiffre d’affaires est en pole position pour remplacer l’américain Palantir dans l’appel d’offres de Big Data lancé par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Quatre rachats l’ont rapproché, depuis, des états-majors de la Défense. Bertin IT en 2021, qui compte déjà plus d’une quinzaine d’années de collaboration avec le ministère des Armées, notamment la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et la Direction du renseignement militaire (DRM), sur des problématiques de cloisonnement de l’information classifiée, en plus de fournir des solutions de traitement de renseignement en source ouverte. L’an dernier, ChapsVision a aussi racheté coup sur coup Qwam, qui permet de valoriser des données textuelles, Owlint, spécialisé dans la collecte et le traitement d’empreintes numériques, et enfin les activités cyber de Risk&Co.

« Reste à savoir si le ministère des Armées souhaite faire évoluer la liste des partenaires historiques avec qui il travaille, en particulier pour le programme SICS de l’armée de terre, et si MCS est déjà dédié à rejoindre Thales », souligne toutefois Olivier Dellenbach.

Alliance avec Thales ?

ChapsVision se pose en alternative au groupe dirigé par Patrice Caine, mais aussi comme un partenaire potentiel. Car un autre actif l’intéresse aussi : Athea, la joint-venture entre Thales et Atos sélectionnée pour opérer la dernière phase du programme Artemis de traitement massif de données et d’intelligence artificielle de la Direction générale de l’armement (DGA).

C’est là un autre enjeu de la déroute d’Atos. « Si Atos vend sa participation dans Athea, Thales peut choisir d’opérer seul sa solution de Big Data, mais nous sommes prêts aussi à nous substituer à Atos », explique Olivier Dellenbach. C’est la division MCS d’Atos qui intervient justement au sein de cette alliance, celle que l’État a dit vouloir sanctuariser il y a une semaine et ouvrir à des industriels. Le groupe d’Olivier Dellenbach connaît bien les forces mais aussi les faiblesses de la joint-venture entre Atos et Thales : c’est lui qui l’a emporté face à Athea dans l’appel d’offres Big Data de la DGSI.

Anne Drif

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/atos-un-nouveau-competiteur-defie-thales-sur-les-systemes-de-defense-et-les-ecoutes-2092970

POSTFACE-BLOG

Olivier Dellenbach a clairement les moyens de racheter MCS, dont le prix devrait être de 150M€ pour un CA d’environ 100M€. Seul actif valant plus d’une fois le CA dans BDS. Pour ceux qui l’ignorent, Olivier Dellenbach a vendu sa précédente société à BlackRock and 2019 pour 1.8Md€. Quant à sa société Chapsvision, nouvellement créé, il n’y a réinvesti qu’une petite partie de cette somme, se faisant financer une partie du capital par la BPI.

Je pense qu’il sert surtout de lièvre pour Thalès et que certaines personnes n’ont pas envie que Thalès récupère MCS bradé. Thalès a survécu jusqu’ici sans MCS, je ne pense pas qu’il veuille surpayer MSC. La payer au prix oui, mais pas surpayer. Patrice Caine sait pertinemment que Chapsvision est une société de petite taille et que ses moyens financiers sont limités.

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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.

Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.

Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

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