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A quelques heures du conseil d’administration d’Atos mercredi soir, l’homme d’affaires tchèque a formulé une nouvelle offre pour reprendre l’avantage auprès des créanciers. Le groupe a repoussé son choix final en début de semaine prochaine.
Par Anne Drif
Cette fois Daniel Kretinsky a fait une concession sur ce qui faisait office de ligne rouge : donner accès au capital aux créanciers. L’homme d’affaires tchèque leur promet de leur donner jusqu’à 20% d’Atos. L’objectif est d’attirer les hedge funds qui ont racheté de la dette avec une décote ces derniers mois et qui en général réalisent leur plus-value finale en la convertissant en du capital, puis en revendant leurs titres.
Mais Daniel Kretinsky pose ses conditions : cela supposerait qu’il ait lui-même généré un certain niveau de plus-value. Certains évoquaient hier deux fois sa mise. Réussira-t-il avec cette nouvelle offre à diviser le camp d’en face qui s’est rallié, côté obligataires, à David Layani ? «C’est de la poudre aux yeux, il donne d’une main ce qu’il reprend de l’autre», critiquait-on chez les créanciers mercredi soir.
Entre David Layani et Daniel Kretinsky, le bras de fer est total. La barre est haute : in fine c’est à celui qui rassemblera les deux tiers des votes des porteurs de 4,8 milliards d’euros dette qui l’emportera.
Coude-à-coude
A ce stade, l’homme d’affaires tchèque peut compter formellement sur les soutiens d’Attestor, de BNP Paribas, et dit-on aussi de la bienveillance du CIC (Crédit Mutuel), côté banques françaises. Dans sa dernière proposition, il leur promet jusqu’à 3 milliards d’euros à terme sur les produits de vente d’actifs (digital et actifs sensibles), si leur valeur de cession atteint un niveau élevé.
En face, David Layani a signé un accord avec un noyau d’obligataires -représentés par DE.Shaw, Boussard & Gavaudan, Tresidor Syqant, SPG, Fidera mais aussi Blackrock et AG2R La Mondiale- qui a le soutien de 60% de ces créanciers pesant la moitié de la dette totale d’Atos (2,4 milliards d’euros). Un pourcentage qui monterait à 80% en incluant la quote-part de la Banque centrale européenne, le premier créancier d’Atos, met en avant David Layani dans son offre publiée lundi.
Le patron de OnePoint aurait aussi des soutiens parmi les banques internationales que compte Atos – Barclays, JP Morgan, Commerzbank et ING- et qui pèsent 60% de l’autre moitié de la dette du géant informatique.
Il les assure d’écraser moins de dette, environ 60% (2,9 milliards d’euros), là où Daniel Kretinsky veut en faire disparaître au moins 70% (3,4 milliards d’euros), voire plus. Et il leur promet que leur retour sera supérieur à celui de Daniel Kretinsky, avec une part au capital bien supérieure à la sienne.
Mais ces appuis n’ont pas suffi encore à dégager une ligne de partage nette entre lui et le milliardaire tchèque aux yeux d’Atos.
Anne Drif