Atos : et si le point de non-retour avait déjà été dépassé ?? [Brève-blog]

 

La pillule bleue a-t-elle déjà été gobée par Mustier. « On reste dans la matrice » ?

Dans un de mes articles des 6 dernières semaines, j’avais évoqué un point de non-retour le 15 avril. Et donc la pillule bleue en référence au film culte, tout reste comme avant.

Ce point théorique n’était pas la signature du plan complet de refinancement bien-sûr, même en plaçant Atos en dossier ultra-prioritaire, il y a des délais incompressibles dans la justice, mais j’avais dit, il me semble, « si à cette date aucun repreneur n’est désigné, on sera à un point de non-retour vers le démantèlement » car le business sera trop endommagé.

Dès la finale de Champion’s League et l’Euro terminé, L’UEFA va probablement dénoncer son contrat. Je ne pense pas que pour ce genre de deal, un Petit Poucet, même si à ce jour, il reste temporairement en pole, sera de nature à infléchir la décision de l’UEFA, avec qui plus est zéro expérience en infogérance.

Réfléchissez maintenant à Carlyle et à Kretinsky.

Quand Onepoint a dit qu’il avait un financement de 500M€ de Carlyle, ça ne voulait pas dire qu’il avait l’argent sur son compte. C’est un financement très lourd puisqu’une fois le CA de Onepoint. C’est-à-dire que si le projet Atos était un échec, il faudrait que Onpoint provisionne et bloque 65M€ de fonds chaque année pour rembourser l’échéance dans 8 ans, soit la totalité de son RN estimé. Compte tenu de la mise à jour des guidances  d’Atos, ce sera uniquement les revenus de Onepoint qui vont payer les intérêts. Quant au principal, la visibilité est faible…

Si Carlyle a donné un pré-accord, on imagine bien qu’il aura un droit de regard sur le dossier avant déblocage des fonds, ainsi qu’un nantissement du fonds de commerce de Onepoint, certaines clauses suspensives sur l’État de la société rachetée au moment du déblocage des fonds, puisqu’on imaginait bien qu’entre l’accord de principe signé avec Carlyle et le déblocage des fonds, des évènements imprévus pouvaient arriver. D’autre part avec la part de risque, on imagine bien qu’un tel financement ne s’est pas fait à 4%, mais plutôt autour de 7 à 8%. Il y aura donc 40M€ de charges d’intérêt par an.

Compte tenu des nouvelles donnés de jeudi, je considère désormais le plan de Onepoint comme plan semi-Kamikaze et emet les plus vives réserves sur le déblocage des fonds par Carlyle dans les nouvelles conditions.

Donc le résultat net, amputé de ces frais de dette, ne permettra pas de provisionner le remboursement à 8 ans des 500M€ pour Onepoint.

Je le dis haut et fort, moi je suis Carlyle, après le résultat du 25 avril, j’active une condition suspensive et je bloque le financement à Onepoint.

Dans le tapis rouge déroulé à Kretinsky (voir article) avec ce report des dépôt de candidature face à un Kretinsky qui n’avait pas bougé le petit doigt à 48h de la date limite, dérouler le tapis rouge à Kretinsky, ce serait aussi un moyen de sauver la face à Layani en faisant porter le choix sur Kretinsky avec un Layani qui se retirerait sans avoir à discloser que Carlyle a fait jouer une clause suspensive.

Ceux de mes lecteurs qui connaissent bien ce fond ou ce type de fonds peuvent me dire par mail ce qu’ils en pensent, mais vous voyez Carlyle envoyer les fonds avec un tel gouffre financier et un book to bill du S1 qui ne sera pas à 64% cette fois, mais à 30%.

Donc on peut imaginer plusieurs scénarios derrière ce report. Layani qui annonce à la dernière minute que Carlyle fait jouer des clauses suspensive après avoir eu quelques jours avant nous un preview du T1 et Layani qui informe Atos qu’il se retire.

Mais même avec toute la bonne volonté de JP de faire baisser la culotte des créanciers de 50 à 60% (sources Les Echos, pas de commentaires de Atos) est-ce que l’ami Kretinsky qui dans le dossier a fait fondre des créances dont pourtant une partie importante étant séniorisée et/sécurisées de 7000M€ à 1800M€ (conversion en capital inclus), se contenter d’un écrasement de 60% sur des simples créances chirographaires sans aucune sécurité. En dessous  de -70% il ne bougera pas un orteil. À partir de 75% il commencera à avoir un oeil attentif.

Mais ce que l’on voit c’est qu’actuellement la boite perd 100M€ par mois. Simple à constater. Le cash au 29 février (interview Paul Saleh Le Figaro) était de 1100M€, il est un moins après de 1000M€.

Je rappelle que 450M€ ont été injectés, mais en avril il y a un pic de salaires avec les variables à payer que votre serviteur, aidé par des insiders a estimé à 300M€. Donc les 2/3 des 450M€ seront bouffés par les variables d’avril et l’argent n’étant pas encore arrivé sur les comptes d’Atos d’après le communiqué du 25, croisons les doigts, vous les forces vives d’Atos que vous aurez vos salaires le 28 avril. En Inde ils sont payés le 26, je devrais avoir quelques échos.

Et si même avec 70% d’écrasement de la dette, Kretinsky disait non, le business est trop abimé. Après tout Noudine Bihmane était censé être le DG de TFCo. Kretinsky l’apprécie et lui avait attribué un variable de 10M€ sur 5 ans (qui dans des conditions imaginaires inventées par Martine Orange de Médiapart aurait donné 25M€, à savoir 3Md€ de cap boursière de TFCo en 2029), on imagine bien que si Nourdine Bihmane a quitté l’entreprise il était encore en contact avec Kretinsky et savait que ce dernier ne ferait une offre globable qu’à des conditions très basses, qu’il s’avait que Mustier ferait barrage durant une semaine ou deux et que à un moment il dirait « astalavista baby », et que comme TFCo est un actif à valeur négative, personne ne le reprendra, l’entité sera liquidée à part peut-être Digital Workplace et TS. Et encore pour TS il suffit de débaucher les consultants avec un gros welcome bonus plutôt que de racheter la boite.

En résumé si je devrais refaire l’article d’il y a 6 semaines aujourd’hui, est-ce que je dirais que le point de non-retour du 15 avril pour désigner le repreneur est acté et qu’il n’y aura pas de reprise possible ?

Oui et non.

Je dirais que selon moi, la probabilité qu’on aille vers un démantèlement tellement les actifs ont perdu de la valeur est désormais de 50%/50% et il se peut qu’il y ait zéro offre au final.

Donner Atos à Layani dans cet état, ce serait abuser de son obsession de devenir le propriétaire d’Atos et un bien mauvais service à lui rendre. Je lui ai écrit cette nuit et lui ai dit qu’il était 165ème fortune de France et qu’il prenait le risque de perdre tout ça pour un challenge surhumain et totalement bancal. Je lui ai rappelé une conversation où j’avais déjà été très négatif sur Eviden (on avait pas évoqué TFCo qui était en bonne voie de cession alors) et que la situation avait empiré de façon considérable depuis cette discussion.

Un salarié d’Atos m’a dit que selon lui pour faire preuve d’un peu d’optimiste, il visait 55% de chance de reprise et 45% de chances de démantèlement. Je vais faire sienne la prévision de cet article, car c’est un salarié qui m’apporte beaucoup d’informations, pas du buzz, mais sur le fonctionnement interne d’Atos.

Il a eu une image très dure, encore plus sombre que celle de mon image du fruit pourrit qui a besoin d’une chimio, il a utilisé l’image d’un siège bouffé par des termites dont on a l’illusion qu’il tient encore debout, alors qu’il est à un souffle de l’écroulement.

Je pense donc que pour le plan Layani, oui, on a passé le point de non-retour. Une reprise par Layani compte tenu de la dégradation de la situation ne sauverait pas l’entreprise. En effet, les commerciaux ne pourraient pas rassurer les clients, car au-delà de l’Exagone personne ne connait le nom de OnePoint. Pire, quand les clients sauront que le nouveau propriétaire dégage un EBIDTA d’environ 100M€, ils ne seront pas plus rassurés qu’aujourd’hui, et les concurrents ne manqueront pas de rappeler que l’apport de cash a été fait à crédit, et que l’entreprise supporte désormais deux crédis, un direct, l’endettement propre d’Atos, et l’autre indirect, l’endettement auprès de Carlyle et que ça fait un endettement global qui resterait à 3Md€, voir un peu moins si réduction de la dette de 60%.

Pas dit que S&P ne cumule pas les deux endettements d’ailleurs dans sa future note sur Atos, c’est presque même un acquis.

En conclusion, oui, pour moi le point de non-retour est déjà dépassé et les chances d’un démantèlement sont désormais de presque 50%

Si une offre n’est pas retenue le 10 mai il sera dépassé à 95%

Et si une offre n’est pas retenue le 20 mai, il sera dépassé à 99% et le 30 mai si rien n’est décidé définitivement, il n’y aura plus de non-retour, la pilule bleu !

Attention, cela ne veut pas dire qu’au final, il n’y aura pas de repreneur, mais simplement que le repreneur tiendra au plus 6 mois et redemandera de nouveau l’aide de la justice ou fera lui-même le démantèlement.

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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.

Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.

Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

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