Atos, les banques s’impatientent : « La société ne sait plus ou elle habite » [LES ECHOS] + Préface-blog

 

Tout d’abord un remerciements Aux Echos qui assurent depuis un mois un suivi régulier du dossier Atos, là où Le Monde, Le Figaro, et Challenges une fois n’est pas coutume, se laissent un peu aller. Mais rappelons que le quotidien est le seul « pur player » de la finance.

Ensuite, Mesdames les banques, il ne faudra pas dire que le blog ne vous aura pas prévenu. Dans un de nos article ou dans l’introduction d’un de nos articles du mois écoulé, le blog titrait en clin d’oeil à Rimbaud, « Atos est devenu un navire à la dérive avec deux capitaines ivres à la barre ».

Tout le monde avait regardé avec un peu de condescendance et de mécontentement que HSBC « donne le là » en vendant il y a 3 mois sa créance parmi les 22 autres membres du pool bancaire à des HF distress dont Attestor. Même si on se doute bien que la manoeuvre d’Attestor n’était en rien pour faire du profit, mais pour entrer à la table du pool bancaire ayant très probablement de la dette obligataire et éviter que les banques baisent les obligataires. Aujourd’hui, je pense que TOUTES les banques signeraient de suite pour 60% de décote et on tourne la page Atos. Sauf que comme le dis Anne Drif, les HF proposeraient plutôt entre 20 et 30% du nominal. Si les banques veulent du cash, ou une extension de leur créance en 2027 en cash, elles auront du mal à éviter 65% STRICT minimum de décote. Sachant qu’un HF distress est là pour faire du profit, je vois mal un HF distress mettre plus que 30% du nominal.

Il leur resterait un seul outil, attaquer la sincérité des comptes pour non-respect des convenants et utilisation d’ingénieurie financière pour faire croire que les covenants étaient respecter. C’est amusant de voir que au 31/12 par exemple il y a plusieurs centaines de factures fournisseurs non payées et hors délai, mais que Paul Saleh n’a pas tiré le découvert bancaire revolving en totalité pour payer les fournisseurs, ne l’a pas tiré non plus le 2 janvier, pour ne pas faire trop louche, mais le tire le 9 janvier pour 320M€ (sur un total maxi de 900M€) et donc laisse des centaines de fournisseurs impayés pour ne pas tirer sur le revolving. Or le delta pour manquer les 3.75 de covenants était de 275M€. Donc si Paul Saleh avait tiré le revolving vers le 20 décembre et payé les fournisseurs, la dette nette aurait été de 320M€ supplémentaire et les covenants manqués, ce qui donnait des droits préférentiels aux banques. Est-ce que cela sénioriserait leur dette? je ne saurais le dire, mais elle pouvait ne pas renouveler le prêt et mettre la société en sauvegarde plus rapidement et faire entrer un repreneur avant que le carnet de commande s’effondre.

En résumé sur le prêt revolving de 900M€, seulement 580M€ étaient tirés au 31/12, réduisant la dette nette de 320M€ et est soudainement tiré quelques jours après le début de l’exercice comme on le voit sur les remarques des auditeurs.

On voit donc bien qu’il s’agit ici d’une manipulation grossière, dont les banques ne sont pas dupes, mais un peu dépassées, je pense, car elles l’ont appris après avoir renouvelé leur ligne de crédit. Si la ligne revolving avait été tiré le 20 décembre, les covenants auraient été de 3.78. Je rappelle que le but des covenants n’est pas d’être à un centième en dessous, mais significativement en dessous. À quelques centièmes près, des banques belliqueuses pourraient déjà faire jouer certains mécanismes.

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-COPYRIGHTS LES ECHOS-

Atos : les banques s’impatientent

Alors que le géant informatique a annoncé de mauvais résultats, ses sept grandes banques doivent réviser leurs provisions. Le marché parie sur des ventes en cascade de blocs de dette bancaire. Mais rien n’est joué.

Par Anne Drif

Publié le 25 avr. 2024 à 18:43Mis à jour le 25 avr. 2024 à 19:00
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Les banques d’Atos vont-elles partir ? Plus en difficulté que prévu, le géant informatique vient encore d’alourdir la facture pour ses créanciers. Plus de 60 % de ses 4,8 milliards d’euros de dette pourraient partir en fumée, au lieu de la moitié annoncée il y a seulement quinze jours. Il faudra mettre plus de cash aussi. Aussi tous les regards se tournent vers les sept banques qui pèsent la moitié de son problème, selon des sources : BNP Paribas, Société Générale, CIC (Crédit Mutuel) et Natixis (BPCE), ainsi que Commerzbank, ING et Barclays.

Jusqu’à présent, de Orpea à Casino, elles sont sorties par la grande porte en préservant en grande partie leurs créances. Mais chez Atos, il devient de plus en plus difficile d’échapper à la tourmente. Elles ont toujours été assez réticentes à convertir leur dette. Alors vendre ? « Les banques se posent beaucoup de questions et réfléchissent à sortir en cédant leur dette. Si les banques françaises partent, ce serait en tout cas un très mauvais signal », estime un proche des discussions.

Les positions des uns et des autres seraient à ce stade partagées. BNP Paribas hésiterait, les autres banques tricolores seraient plutôt enclines, Commerzbank serait vendeur tandis que Barclays resterait accroché. Interrogées, aucune ne fait de commentaire, ni Bercy sur d’éventuelles consignes que le ministère aurait pu vouloir transmettre aux banques françaises pour ne pas fragiliser encore le dossier.

Provisions

Fin février, il y avait d’ores et déjà 800 millions de dette bancaire à vendre dans le marché. Mais les montants qui ont changé de mains sont restés faibles. On évoquait deux blocs de 22 millions et 50 millions d’euros depuis fin 2023, et un dernier de 70 millions, de la part d’une banque étrangère, sur les 2,4 milliards.

Le nom du Crédit Agricole, la banque historiquement la plus flexible sur les cessions de créances douteuses au bilan dans les restructurations, a été cité. Le groupe bancaire aurait tenté de céder une quarantaine de millions, mais n’aurait pas forcément trouvé d’acheteur ou du moins pour la très grosse majorité.

Il y avait encore il y a quelques semaines trop d’écart entre les attentes de prix des banques, autour de la moitié de la valeur faciale de leur dette, et ce qu’étaient prêts à mettre sur la table des hedge funds, soit au mieux autour de 20 à 30 %.

Blocage sur les prix

« Après les annonces de résultats et la révision des prévisions, les banques essaient de voir comment elles doivent désormais provisionner leurs créances Atos, c’est certain. De là à céder, il y a un pas réel ! » temporise une source agacée, pour qui des cessions de dettes bancaires, sur le fond, c’est ce qui arrangerait bien le groupe informatique et ses actionnaires.

« La réalité est que les mauvaises nouvelles d’Atos ne vont pas accélérer les choses, estime un connaisseur de ces dossiers. En réalité, tout va se décaler : les banques vont réduire leurs attentes, et les hedge funds vont baisser leur prix aussi. Il ne faut pas se tromper, les difficultés opérationnelles d’Atos, avec la baisse de marge, ne les rassurent pas forcément plus que les banques ! »

La société ne sait plus où elle habite…

Du côté des établissements bancaires, on évite de sonner l’alerte. Le nouveau coup de rabot sur la dette, dit-on, n’est pas totalement une surprise, selon une source. « On arrivera, comme toujours, à un deal final », estime-t-elle. « Ce qui agace est que la société ne sait plus où elle habite, à chaque fois les informations financières tardent et ne sont pas toujours fiables. »

Anne Drif

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/atos-les-banques-simpatientent-2091321

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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.

Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.

Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

www.upra.fr