Atos / Layani : Et si Carlyle jetait l’éponge ? [Brève-blog]

 

En octobre, lorsque David Layani, le président de Onepoint annonçait la montée de son groupe au capital d’Atos il expliquait avoir négocié un financement obligataire de 500M€ avec le fonds américain Carlyle.

Si le périmètre d’Atos avait été amputé de TFCo comme prévu et éventuellement de BDS, alors le « relicat » renommé Eviden avec un périmètre de 3.5Md€ aurait constitué une cible parfait pour un budget « new money » de 500M€ qui lui aurait permis de prendre le contrôle de 51% du groupe.

Le fait que le périmètre du groupe soit finalement revenu à sa taille d’origine, 10Md€, fait que sa New Money de 500M€ ne lui permet de ne prendre désormais que 30% à 34% du groupe, et doit composer une alliance avec Walter Butler et Dassault.

Pire le besoin en financement pour traverser la période 2024-2025 passerait désormais de 600M€ de capitaux propres + 300M€ de liquidités bloqués sur 2 ans à probablement 900M€ de capitaux propres + 300M€ de liquidités bloquées sur 3 ans, soit 1.2Md€ en plus des 300M€ de cautionnement bancaires.

Bien-sûr en face la dette serait réduite, mais cela fait désormais une très grosse somme à financer et le retour sur investissement ne se fera plus sur 51% pour Onepoint, mais sur 30%, même si on peut objecter que ces 30% valent autant sur 10Md€ que 51% sur 3.5Md€. N’empêche que 51% permettait de consolider les 51% dans les comptes de Onepoint, alors que ce ne sera pas le cas avec 30%.

Carlyle n’est pas une société philanthrope loin de là. Elle conclut un contrat de principe avec Onepoint, mais ce contrat comprend de façon sûre et certaines un certain nombre de clauses suspensives, c’est-à-dire que Carlyle s’est octroyé le droit d’annuler le financement, selon les conditions du deal et de la société au moment où le déblocage des fonds sera requis.

Or non seulement les conditions ont changé, car il ne s’agit désormais plus de racheter Eviden, domaine d’expertise de Onepoint, mais le groupe Atos en totalité, et à comparer de septembre, un groupe en état de décomposition. Baisse séquentielle de la MOP au S2/2023 de 5.0% à 1.9% au T1/2024. Ces données ne changent pas fondamentalement le business plan de Onepoint mais vont changer significativement son besoin en liquidités.

Onepoint aura besoin d’au moins 200M€ de plus.  Est-ce que Carlyle suivra ?

Ce n’est pas la bonne question.

La première question est : « Est-ce que Carlyle va maintenir son prêt obligataire de 500M€ à Onepoint » ?

Bien-sûr Carlyle va demander Onepoint en collatéral, mais le but de Carlyle n’est pas de convertir des euros en actions Onepoint, le but de Carlyle est de récupérer ses 500M€ dans 8 ans. Ou de les refinancer. Mais si dans 8 ans Onepoint n’est pas à même de rembourser les 500M€ cela aurait été un échec.

Est-ce que 500M€ est une grosse somme pour Onepoint ?

Oui et non. Tout dépend de l’endettement existant. Est-ce que Onepoint a financé toutes ses acquisitions par fond propre et possède un endettement zéro ou est-ce que Onepoint est déjà endetté ? Dans un interview à BFM il y a un an, David Layani révélait faire une croissance de 30% donc la moitié par croissance organique et l’autre moitié par croissance externe.

Là-dessus, les actionnaires auraient droit d’avoir accès aux comptes du repreneur. C’est d’ailleurs un comble, ils vont possiblement se faire diluer par une société qui ne publie pas ses comptes. Dans les derniers comptes publiés de 2013 et 2014, la marge opérationnelle était autour de 5%, soit guère mieux qu’Atos.

De l’autre côté, plus de signes de David Layani depuis la présentation de son plan dans le Figaro il y a 2 mois. Aucune réaction aux communiqués du 9 avril. Aucune réaction au communiqué du 25 avril.

Je pense qu’il y a des hésitations terribles du côté de Carlyle qui essaie de faire comprendre à David Layani que les conditions ont changé et que le financement est désormais très risqué pour Carlyle.

Bien-entendu, il s’agit de déductions et aucunement d’une information. Peut-être que le financement de 500M€ de Carlyle est inconditionnel et que le fonds a conclu que dans 8 ans Onepoint  serait à 1 Md€ de chiffre d’affaires et que Carlyle estime que son Free Cash Flow à ce moment-là permettra soit en cas d’impossibilité de rembourser un refinancement sur plusieurs années. Tout est possible. Mais quand on voit aujourd’hui l’état d’Atos, on serait Carlyle, on serait très sceptique sur le retour sur investissement, le remboursement du prêt obligataire…

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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.

Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.

Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

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