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Quelques heures après l’annonce de la fin des négociations entre Airbus et Atos, Bercy a annoncé s’être emparé du sujet et vouloir « construire une solution nationale de protection des activités stratégiques » du groupe. Au lendemain de ce communiqué fracassant, des pistes se dessinent mais l’équation à résoudre comporte encore beaucoup d’inconnues.
Par Régis Soubrouillard le , mis à jour le 21.03.2024 à 09h31
« C’était un peu panique à bord chez Atos. » Hier matin, un nouveau séisme a ébranlé le fleuron tricolore à la dérive : l’arrêt des négociations avec Airbus. « La direction a fait un call d’urgence pour annoncer la fin des négociations à ses top managers et repousser la parution de ses résultats », raconte une source en interne. L’onde de choc s’est rapidement propagée jusqu’à Bercy. Le ministère qui évitait jusque-là de se prononcer officiellement sur le sujet a dégainé en fin de journée un communiqué : « L’État construira dans les prochaines semaines une solution nationale de protection des activités stratégiques ». Interrogé sur cette « solution nationale », Bercy n’en dit pas plus. Et l’avenir d’Atos, qui a encore perdu 20 % en Bourse mardi, demeure toujours aussi flou. « Ils assurent en interne qu’ils ont d’autres options sur la table mais pour le moment, on ne voit pas trop lesquelles », poursuit la source chez Atos.
Car quelles pistes reste-t-il sur la table pour sauver le soldat Atos ? Le recours à un autre repreneur français ? « Pour l’instant, il n’y a personne, l’État ne pourra pas forcer Thales, par exemple, qui est sans doute le plus crédible, à revenir dans le jeu. Et de toute façon, Patrice Caine, le PDG du groupe, n’en a absolument aucune envie », confie une autre source qui suit le dossier.
L’échec des négociations avec Airbus pourrait aussi relancer l’hypothèse de David Layani, premier actionnaire d’Atos, et candidat officiel à une reprise totale, mais des incertitudes demeurent sur ses capacités financières. Les Echos évoquent quant à eux le groupe Dassault déjà consulté en 2023, dans l’hypothèse d’un consortium pour reprendre Atos BDS mais qui n’avait alors pas manifesté d’intérêt réel pour ce projet.
Le retour de l’option Kretinsky ?
Autre piste : le retour à l’option Daniel Kretinsky. Le milliardaire tchèque avait abandonné il y a quelques semaines les négociations au sujet de Tech Foundations, échaudé par la tempête politique suscitée par l’arrivée d’un investisseur étranger dans des activités stratégiques – il devait prendre 7,5 % du capital d’Eviden incluant les activités sensibles d’Atos BDS – pour la France. Il était alors le candidat privilégié à Bercy et à l’Elysée. Et son entourage ne cache pas qu’il pourrait être disponible pour une reprise d’Atos « en cas de besoin ». Une façon claire de dire qu’il ne reviendra dans la partie que si l’on fait appel à lui.
« Si on a besoin de lui dans le cadre d’une restructuration et s’il est certain que les activités d’Atos BDS, qu’il ne veut sous aucun prétexte, sont sanctuarisées avec la bénédiction des pouvoirs publics, il répondra présent car son intérêt pour TechFoundations n’a pas changé », estime un banquier de la place de Paris. En clair, Daniel Kretinsky est toujours disponible pour une reprise de la branche infogérance d’Atos…
La nationalisation ? Une option compliquée
Autre hypothèse : celle d’une nationalisation. Des députés et des sénateurs avaient émis cette proposition, vite retoquée par Bercy. Redevient-elle crédible compte tenu du contexte ? « Ce n’est pas totalement impossible mais cela reste compliqué. L’essentiel de l’activité et des effectifs de BDS sont à l’étranger. Et ce ne sera sans doute pas très bien perçu par les actionnaires, les employés et les clients actuels d’Atos même si ce n’est pas le plus important ». Par ailleurs, dans son communiqué Bercy évoque une « solution nationale », nuance subtile mais qui n’atteste en rien d’une future nationalisation, à laquelle Bruno Le Maire s’est toujours montré réticent.
« Le vrai problème d’Atos, c’est son niveau d’endettement »
Pour notre interlocuteur proche du dossier, Bruno Le Maire n’a pas de solution évidente : « le vrai problème d’Atos, c’est son niveau d’endettement, que l’on doit en grande partie à Thierry Breton (*). Et le plus probable, c’est que l’on va aller vers une procédure de conciliation qui permettra de s’atteler véritablement au sauvetage et à la restructuration d’Atos ». Du côté de chez Atos, on confirme que l’hypothèse se rapproche même si elle n’est pas encore à l’ordre du jour.
Le niveau d’endettement du groupe affole en effet les investisseurs, avec 3,65 milliards d’euros d’emprunts et obligations à rembourser ou refinancer d’ici à fin 2025. L’hypothèse d’une cession à Airbus, était d’ailleurs un des éléments importants des discussions d’Hélène Bourbouloux, mandataire ad hoc, qui s’est vue confier la mission de négocier avec 22 établissements bancaires, sous l’œil attentif de Bercy.
L’interruption des discussions avec Airbus est un nouveau grain de sable dans le mécanisme. A tel point que le groupe a annoncé le report sine die de la publication des résultats annuels 2023 de l’entreprise, prévue ce mercredi et déjà repoussée une première fois fin février, après la fin des négociations avec Daniel Kretinsky.
Le grain de sable de trop ? Le groupe est dans le viseur du gouvernement. Celui de Bercy, évidemment. « Nous suivons étroitement les négociations avec les financeurs du groupe », avait ainsi indiqué la secrétaire d’État chargée du Numérique, Marina Ferrari, interrogée à l’Assemblée nationale fin février. Mais aussi dans celui du ministère des Sports, le groupe étant un acteur majeur de la sécurisation informatique des JO de Paris 2024. Alors oui, « c’était un peu panique à bord » chez Atos. Et il y a de quoi.
L’arrêt des négociations avec Airbus : un échec après des semaines de suspense
Au mois de janvier, Paul Saleh, à peine nommé au poste de directeur général d’Atos était très optimiste sur l’issue des négociations avec Airbus. Devant 500 managers du groupe, il assure alors que les négociations sont bien engagées et qu’elles entrent « dans cette phase de confirmation de due diligence ». Une étape qui consiste pour le candidat en un audit des risques qui pèsent sur l’entreprise ciblée et des passifs qui pourraient surgir.
L’optimisme affiché de Paul Saleh avait été assez peu apprécié chez Airbus dont la direction considérait que les négociations étaient encore loin d’aboutir : « L’annonce de la fin des négociations est quand même une grosse surprise. Jusqu’à vendredi soir, il y avait encore de l’optimisme et Bercy, qui ne veut pas voir Atos en sauvegarde, avant les JO, poussait pour l’aboutissement du deal », explique une source interne à Atos.
Des voix hostiles à la reprise d’Atos BDS se sont fait entendre chez Airbus : « Guillaume Faury, le patron d’Airbus, était plutôt favorable au deal, mais il y a eu l’expression de doutes sérieux au sein du conseil d’administration, du côté allemand et de la part d’actionnaires qui se demandaient pourquoi Airbus s’obligeait à racheter cette boîte en difficulté. Il y avait déjà eu des mésententes sur le prix : Airbus essayait de profiter du mandat ad hoc pour tirer vers le bas et Atos tenait ferme. Ils auraient pu trouver un accord mais la motivation n’y était plus chez Airbus », confiait alors une source proche de l’avionneur.
(*)mise à jour du 21/03: l’entourage de Thierry Breton conteste sa mise en cause dans le niveau d’endettement d’Atos et tient à préciser que « pour l’année 2018, la dette nette de -2872 M€ correspond exactement au montant de l’acquisition de Syntel en toute fin d’année. Atos dispose alors en face de + 3000 M€ en actions Worldline dont il est dit qu’elles serviront à payer intégralement l’acquisition en deux ou trois tranches en fonction des conditions de marché. (…) En octobre 2019, Atos vend pour 1200 M€ d’actions Worldline comme annoncé et la dette nette passe donc en contrepartie à -1736 M€. Tout début 2020 (mois de février), Atos remonétise pour 1500 M€ le reliquat Worldline, qui va apurer la totalité du solde débiteur, d’où l’annonce au marché que la dette nette de l’entreprise est bien nulle (on en revient toujours au 24 juin 2020: Investor day). Donc il est absolument exact de dire que l’endettement net de l’entreprise est nul juste après le départ de Thierry Breton ».
https://www.challenges.fr/entreprise/atos-les-pistes-pour-sauver-le-fleuron-tricolore-sont-elles-credibles_887519
NOTE BLOG : le droit de réponse de l’entourage de Thierry Breton étant fantaisiste et mensonger, le blog va y consacrer un article entier. Mais en aucun cas des actions, qui sont des immobilisations financières, ne peuvent être assimilés à du cash ou pseudo cash. En effet, nous avons vu que l’action Worldline pouvait perdre 55% en une journée, cela montre la liberté usuelle prise vis-à-vis des normes comptables et malhonnête intellectuel de ce sinistre personnage.
Donc Thierry Breton est un fiéfé menteur et cela jette de plus en plus de doutes sur la sincérité de sa comptabilité, et nous avons d’ores et déjà de multiples témoignages internes de prises de liberté prise durant cette période et mise en avant par le Crédit Suisse en 2017. Un membre de la DAF d’Atos m’a même dit « L’analyste du crédit Suisse avait totalement raison et Thierry poussaient parfois le bouchon un peu loin ».
THIERRY BRETON N’A PAS LAISSÉ UNE DETTE NETTE ZÉRO A SON DÉPART ET IL FAUT ÊTRE SOIT PARTICULIÈREMENT MALHONNÊTE OU PARTICULIÈREMENT INCOMPÉTENT POUR AFFIRMER CECI !!
Apparemment Thierry Breton est les deux 😀
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