Tout comme le blog a fait allusion aux vaches maigres, Les Echos en remettent une couche – COPYRIGHTS LES ECHOS –
Bercy offre, de façon non engageante, 700 millions d’euros au mieux pour les systèmes utiles à la dissuasion, aux commandements des armées et aux services de renseignement du géant informatique. Une négociation serrée s’annonce sur le prix, alors que les industriels privés, notamment Thales, s’apprêteraient à entrer dans le jeu.
Par Anne Drif
C’est le bas de fourchette qu’il avait formulée fin avril, et qui, sur le papier, pouvait monter jusqu’au milliard d’euros. En pleine tempête chez Atos, Bercy s’était alors décidé à sanctuariser les systèmes utiles à la dissuasion nucléaire, aux commandements des armées et aux services de renseignement opérés par l’ex fleuron du numérique. Le gouvernement avait d’abord annoncé prendre une simple action de préférence, avant de se positionner pour racheter ces actifs pour les mettre hors de portée, alors qu’Atos s’enfonçait toujours plus dans la crise et que le milliardaire tchèque s’invitait dans le sauvetage avec les hedge funds.
Depuis, trois entités mobilisent l’attention des pouvoirs publics : les supercalculateurs employés pour la dissuasion logés dans « Advanced Computing », les systèmes utiles au commandement du programme Scorpion de l’armée de terre (SICS), à la navigation des forces navales et à la sécurisation des réseaux de communication à bord du nouveau Rafale F4 logés dans Mission Critical Systems (MCS) ainsi que les systèmes d’écoutes d’Avantix. Et enfin la cybersécurité qui sert les services de renseignement (Cybersecurity products logés dans la division BDS).
Le périmètre, qui mobilise 4.000 personnes chez Atos, pèse près environ 900 millions d’euros de revenus. Il équivaut à environ 60 % de ce qui intéressait Airbus alors prêt à en offrir entre 1,5 à 1,8 milliard d’euros, avant de se désister.
« Prix décevant »
« C’est un prix assez décevant, le conseil d’administration va continuer à discuter pour le faire remonter », affirmait-on dans l’entourage d’Atos. D’autant que l’offre est non engageante. « On ne sait pas qui sera à Bercy et à l’Agence des participations de l’Etat en juillet, l’assemblée est dissoute. Atos est obligé de tenir compte de cette réalité. Au vu des sondages défavorables à la majorité, tout ça n’est pas de la politique-fiction. Aujourd’hui l’Etat est à l’arrêt. Il faut qu’Atos sache quelle est sa vraie contrepartie ».
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« Le pire serait que le groupe s’engage sur un prix et avec l’administration en place », dit-on encore, même si Atos continuera son dialogue « de bonne foi » avec l’Agence des participations de l’Etat jusqu’aux élections.
Atos a de toute façon tout intérêt à se donner le temps de négocier. Il n’y a plus d’urgence depuis l’ouverture des négociations avec David Layani, dont l’offre n’était pas dépendante des produits de cession d’Atos.
Conscients ou pas de la tournure prise au sein de l’exécutif depuis l’annonce de la dissolution, les pouvoirs publics auraient fait comprendre à Atos que des offres en direct d’industriels pourraient être remises ce week-end. « Si Thales ou Dassault se substituent à l’Etat pour certains actifs alors la négociation se fera avec eux », indiquent des proches du dossier. Et donc potentiellement aussi dans leurs termes.
Thales intéressé
Officiellement chez les poids lourds de la défense, seul Thales s’est dit à ce stade intéressé, et uniquement par MCS qui pèse moins d’un tiers du chiffre d’affaires global des actifs visés. Le nom de Dassault circulait aussi il y a quelques semaines. Mais les discussions seraient centrées autour du groupe dirigé par Patrice Caine, dont Dassault est actionnaire. Interrogé, l’avionneur n’a pas souhaité faire de commentaires, tandis que Thales s’en tient à sa prise de position précédente.
Airbus, selon des sources, pourrait être intéressé, mais ils n’ont visiblement pas été invités dans ces nouvelles discussions autour de MCS. Le groupe aéronautique s’est déjà positionné deux fois sur les actifs d’Atos sans parvenir à trouver un accord, notamment sur la valeur. ChapsVision regarde le dossier en deuxième cercle.
Dans tous les cas, « il est probable que si offres il y a, elles se révèleront encore en dessous du prix de l’Etat », affirme une partie prenante.
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Ce qu’entendait donc contrecarrer le premier actionnaire d’Atos mercredi. Dans ses propos, David Layani ciblait les possibles tentatives des grands industriels privés de vouloir tirer la valeur à la baisse en se prévalant, derrière le paravent de Bercy, de souveraineté nationale.
Chez les acteurs qui gravitent autour du secteur on ne s’en cache pas. On estimait qu’à 700 millions d’euros, le prix annoncé par Bercy était assez élevé. « Les supercalculateurs en soit ne valent pas beaucoup et n’intéressent personne », estimait un familier du dossier. « Advanced Computing a une profitabilité qui dépend des contrats signés qui sont très granulaires, nuance un connaisseur. De plus un gros contrat a été signé qui devrait amener une bonne profitabilité fin 2025 et en 2026, et d’autres sont à suivre ».
Un marché sur la table
Soucieux de trouver une issue, Bercy aurait pris les devants et mis un marché entre les mains des industriels, notamment Thales : vous pouvez racheter MCS, à la condition de reprendre les supercalculateurs utiles à la dissuasion nucléaire. « En réponse ils posent leurs conditions. C’est oui pour le tout, mais à prix cassé », croit savoir un proche du dossier.
Certains alors de prévenir : « Si l’Etat accepte tout ça sans réelle mise en concurrence ouverte à la fin sur la vente de MCS, c’est potentiellement du favoritisme et une aide d’Etat car le repreneur privilégié rachètera l’actif à prix d’ami ».
Le conseil d’administration d’Atos sous l’égide de la conciliatrice Hélène Bourbouloux a d’ailleurs tenu à préciser vendredi « qu’aucune certitude ne peut être apportée quant à l’issue des négociations [avec l’Etat. NDLR] et à la conclusion d’un accord définitif entre les parties ».
Anne Drif
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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.
Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.
Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validées par un juge.
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