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En échange d’un financement de 50 millions d’euros, l’État bénéficiera d’une action de préférence dans la filiale Bull, ce qui lui donnera un droit d’achat sous certaines conditions.
Même si le gouvernement œuvrait en coulisse depuis plusieurs mois – Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, a ainsi fortement poussé pour qu’Airbus achète les activités sensibles d’Atos, sans que cela débouche sur un accord –, c’est la première fois que l’Etat s’engage autant dans ce dossier. Le 19 mars, Bercy avait simplement dit vouloir « construire dans les prochaines semaines une solution nationale de protection des activités stratégiques » d’Atos. L’accord dévoilé le 9 avril « constitue une première étape dans la protection des activités stratégiques du groupe annoncée par le ministre le 19 mars », a déclaré Bercy.
La préservation de Bull devrait être au cœur de l’audition, le mercredi 10 avril, à 17 heures, de Jean-Pierre Mustier, le président du conseil d’administration d’Atos, et de son directeur général, Paul Saleh, par les commissions des affaires économiques et des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat dans le cadre d’une mission d’information ouverte en janvier. D’anciens administrateurs ou dirigeants du groupe, mais aussi des actionnaires, ont déjà été auditionnés par les sénateurs, inquiets de l’avenir des activités sensibles d’Atos. Certains d’entre eux aimeraient transformer cette mission d’information en commission d’enquête, ce qui leur conférerait des pouvoirs d’investigation étendus.
Multiples revirements stratégiques
L’accord de l’Etat intervient dans le cadre d’un plan de refinancement global de la dette du groupe d’informatique. Présenté aux créanciers dans la soirée du lundi 8 avril, celui-ci prévoit une réduction de près de moitié de la dette brute, pour un montant de 2,4 milliards d’euros, et une extension de cinq ans des échéances résiduelles.
Ce cadre de refinancement désormais présenté, des investisseurs tiers pourront soumettre des propositions d’apports de nouveaux fonds d’ici au vendredi 26 avril, avec l’objectif de trouver un accord global avant juillet. Les porteurs d’obligations, qui détiennent 2,4 milliards d’euros de dette, ce qui leur donne une forme de majorité par rapport aux banques (2 milliards de dette), devraient soumettre une proposition dans les semaines à venir. Ils pourraient s’entendre avec David Layani, le fondateur de la société de conseil Onepoint. Premier actionnaire d’Atos, avec un peu plus de 11 % du capital, David Layani s’est déjà dit prêt à participer à la recapitalisation du groupe d’informatique. Son but : détenir 35 % du capital.