Coup de théâtre chez Atos : les créanciers prêts à financer la totalité du sauvetage [LES ECHOS]

COPYRIGHTS LES ECHOS –

Tard vendredi soir, les hedge funds, les banques et les obligataires qui portent les 4,8 milliards d’euros de dette ont signé un accord inédit pour assurer tous les besoins de financement du géant en déroute. Seule condition : ne pas découper Atos. Une nouvelle donne pour David Layani, Daniel Kretinsky et Bain, dont les offres étaient attendues vendredi.

Par Anne Drif

Publié le 4 mai 2024 à 10:33Mis à jour le 4 mai 2024 à 12:47
.
Coup de théâtre dans la descente aux enfers d’Atos. Tard vendredi soir, l’ensemble du spectre de ses créanciers a signé un accord pour financer la totalité du sauvetage de l’ex-fleuron informatique plombé par 4,8 milliards de dette. Une bouffée d’oxygène inespérée pour Atos, en pleine dernière ligne droite de la remise d’offres par des industriels. « Le groupe n’a plus de problème de financement, nous sommes prêts à financer toutes les offres de reprise intégrales qui se présentent », témoigne-t-on dans les rangs des créanciers.

Une alliance inédite qui sert leurs intérêts tactiques : « Aucun des candidats ne pourra cette fois jouer la division entre nous comme dans les dossiers Orpea et Casino, ce qui avait affaibli chacun des camps. Aucun accord ne pourra être signé sans nous. Nous sommes incontournables, » poursuit ce témoin.

« Pas de chèque en blanc »

Selon plusieurs sources, venant confirmer les premières informations de « La Tribune », une adhésion de principe avait été trouvée dans l’après-midi entre les deux « steerco », les comités resserrés des groupes de créanciers. Il rallie d’un côté les obligataires menés par les hedge funds Boussard & Gavaudan, D.E. Shaw, Tresidor et Syquant alliés à la finance institutionnelle exposée à plus long terme – le spécialiste de la protection sociale AG2R, les gestionnaires d’actifs Schelcher Prince Gestion (Arkéa), OFI (Aéma) et Amundi, ainsi que les banques privées Lombard Odier et Pictet. Et de l’autre, les banques BNP Paribas, Société Générale, CIC (Crédit Mutuel) et Natixis (BPCE), ainsi que Commerzbank, ING et Barclays.

Mais on prévient : « ce n’est pas un chèque en blanc ! ». D’abord, le montant de leur soutien financier serait sensiblement inférieur aux derniers besoins exprimés par Atos. Après avoir fortement dégradé ses estimations, l’ex-fleuron informatique a dit vouloir effacer 3,2 milliards d’euros, et a demandé d’injecter 1,7 milliard d’euros d’argent frais quels jours seulement avant les offres.

Effacer moins de dette

Selon des sources, les créanciers seraient prêts à faire disparaître de la dette, mais nettement moins. Ils se caleraient sur les premières prévisions d’Atos , dans les alentours de 2,4 milliards d’euros. Le groupe estimait aussi alors n’avoir besoin que de 1,2 milliard de cash en plus. Et les créanciers posent surtout comme condition d’accéder… « à des chiffres fiables et correctement audités ».

Ensuite, les hedge funds, les obligataires et les banques sont favorables à l’entrée au capital d’un « actionnaire de référence industriel ». Mais il y a une condition majeure. « Nous souhaitons préserver l’intégrité du groupe. Il n’est pas question de repartir dans des négociations stériles de découpage qui le fragilise », indique un proche des discussions. Une nouvelle donne complète pour les candidats industriels qui ont remis des offres vendredi.

Préserver l’intégrité d’Atos

Plusieurs ont déjà joué carte sur table ces dernières semaines et leur intérêt n’est plus un secret pour personne. En tête, David Layani, le premier actionnaire du groupe avec plus de 11 % du capital d’Atos. Depuis plus de deux ans, il cherche à mettre la main sur Atos. Mais depuis sa première offre sur les activités digitales et de cybersécurité pour 4,2 milliards d’euros, le scenario a viré au cauchemar.

Et la valeur en Bourse de l’ex-fleuron informatique a été divisée encore par 2,6 fois à 240 millions d’euros depuis que le patron de OnePoint a franchi le cap des 5 % du capital en novembre dernier. Aujourd’hui il risque de perdre encore s’il ne réinvestit pas : Atos a prévenu que la dilution serait très significative pour les actionnaires à la suite de l’effort des créanciers. D’où son alliance avec le financier Walter Butler pour revenir à la charge.

L’Etat ouvre le jeu

Ces dernières semaines, il espérait obtenir seul 35 % du capital, en laissant une enveloppe de 40 % non contrôlante aux obligataires, qui porte la moitié des 4,8 milliards d’euros dette. C’était toutefois avant que le gouffre financier d’Atos ne se creuse encore.

Ce qui expliquerait que des pourparlers puissent avoir été ouverts avec Daniel Kretinsky pour se partager Atos, l’homme d’affaires tchèque s’intéressant à l’infogérance.

Le milliardaire tchèque revient lui dans le jeu par la grande porte, après l’échec fin février de mois de négociations autour de la reprise de Tech Foundations. Depuis que l’Etat a déclaré son intention de sanctuariser les activités souveraines d’Atos dimanche dernier, Daniel Kretinksy – que l’ont dit supporté par une très grande banque française dans ce dossier-, a les coudées franches.

Il est même courtisé. Par le premier actionnaire d’Atos, mais aussi par un nouvel entrant, le fonds américain Bain . Lui aussi peut se positionner plus clairement sur Atos depuis les déclarations de Bercy. Déjà à l’affût il y a deux ans avec Thales, le géant américain du private equity rêve visiblement toujours de consolider le groupe de services numériques Inetum (ex-GFI Informatique) qu’il a racheté en 2022, et s’intéresserait essentiellement au cyber et au digital.

Reste le canadien CGI. Il y a encore quelques jours, le groupe canadien tournait encore autour du dossier. Les hostilités pour la montée au capital d’Atos sont lancées.

Anne Drif

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/coup-de-theatre-chez-atos-les-creanciers-prets-a-financer-la-totalite-du-sauvetage-2093092

======

POSTFACE BLOG

Non, non et non Madame DRIF, Kretinsky ne s’intéresse pas à l’infogérance mais à toutes les activités du groupe Atos.

Sauf que jusqu’au 9 avril, Eviden n’était pas à vendre, raison pour laquelle il avait fait une offre sur TFCo, je vous rappelle que David Layani avait aussi fait une offre sur Eviden en 2022 et rejetée pour le motif (entre autres) que Eviden n’était pas à vendre, quant à l’offre d’Airbus d’entrer en négociations le 3 janvier 2023 elle ne concernait que 29.9% d’Eviden.

Quand comprendrez-vous que si Kretinsky avait insisté pour n’avoir une clause de non-concurrence avec Eviden que de 3 ans, c’était pour au bout de 3 ans et 1 jours proposer les mêmes offres que Eviden. C’est dingue que ça, ça imprime pas…

Donc affirmer que Kretinsky ne s’intéresse qu’à l’infogérance me fait de nouveau dire : « Leila, vous revenez quand sur le dossier Atos ? »

Deuxième ineptie. Vous dites que Bain cible Digital et Cyber. Depuis l’offre de l’état, il n’y a plus  dans la Cyber (après l’exfiltration du souverain) que Managed Secured Services (la cyber 100% civile). Or 48% à 52% des ventes de Managed Secured Services se font à TFCo. Donc Kretinsky serait suffisamment stupide pour laisser Bain prendre Managed Secured Services et lui demander de revendre ces services en sous traitance. Quand est-ce que vous arrêterez de citer des noms d’acteurs du dossier pour faire un peu d’érudition et vous pencher enfin sur le fond du dossier Atos.

Autre erreur majeure sur Onepoint dans votre article, sur le fait qu’il n’a pas le choix que de se renforcer vu la dilution. Déjà sur une dilution, à 99% qu’il passe à 15, 20 ou 25% changera strictement rien. D’autre part c’est un secret de polichinelle sur la place Parisienne, Onepoint s’est couvert sur 60 à 70% de sa position. Donc sa perte sera limitée à 10 à 15M€ sur la prise de participation Onepoint. Pour un CA de 500M€, c’est acceptable.

Mon mail et mon téléphone vous sont ouverts pour toute aide à ce sujet.

Si je suis sévère avec vous, c’est que moi je suis un média alternatif non professionnel et bénévole, mais vous vous êtes un média de masse et qui fait référence dans le domaine économique et vous alternez les articles corrects et les très mauvais sur Atos, mais surtout des clichés et généralités lourdes dignes de classe de seconde économique. Secouez-vous ! C’est sérieux, on parle d’une société au bord de la faillite !

Tel/whatsapp/telegram : +66618218859