Le blog Atos Bourse publie en exclusivité l’article des Echos de 17h36 qui annonce en exclusivité le nom des 4 candidats, là où LE FIGARO a annoncé les mêmes noms à 15h30.
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Selon nos informations, le groupe informatique en péril a reçu trois offres de reprise, en plus du plan de sauvetage des créanciers. Sur les rangs : David Layani, son premier actionnaire, un duo constitué du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et d’Attestor, et enfin le fonds Bain. Le conseil d’administration d’Atos se réunit ce dimanche soir.
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Par Anne Drif, Gwénaëlle Barzic
Selon nos informations, le groupe de services informatiques a sur la table trois offres de reprise industrielle en plus du sauvetage financier mis sur pied par les créanciers. La décision de l’Etat de sanctuariser les actifs souverains du groupe a rebattu les cartes, en ouvrant le jeu aux acteurs non français, entrepreneurs et financiers. Mais les propositions seraient assez divergentes, tant sur les montants que sur le projet industriel.
A l’offensive, Daniel Kretinsky . Evincé en février du rachat de la division infogérance d’Atos , l’homme d’affaires tchèque revient en force chez Atos avec un allié, le fonds Attestor, et une proposition radicale de réduction de la dette. En somme, le même traitement de choc que le Tchèque, déjà allié à cette occasion avec le fonds spéculatif , avait employé dans le dossier Casino.
Face à la descente aux enfers de l’ex fleuron tricolore, le milliardaire proposerait ni plus ni moins que d’effacer aux environs de 4 milliards d’euros de dette sur les 4,8 milliards qui plombent Atos, selon plusieurs sources. Un scenario plus extrême que ce sur quoi tablait le groupe dans la dernière dégradation de son plan d’affaires (3,2 milliards de dette à effacer).
Alliance Kretinsky-Attestor
Et sans pitié pour les créanciers. Dans le camp de Daniel Kretinsky, on considère qu’il faudrait ainsi effacer bien plus que ce que proposeraient les détenteurs de dette.
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Selon des sources concordantes, les hedge funds, les obligataires et les banques qui ont scellé une alliance inédite vendredi soir pour peser de tout leur poids dans les négociations, auraient atterri sur un scénario inférieur même aux premières estimations d’Atos (qui visaient à effacer 2,4 milliards). Ils veulent avoir accès à toutes les évaluations des cabinets Accuracy et 8 Advisory sur la trésorerie pour pouvoir éventuellement réviser leur estimation, rapportent des sources.
Retour à la scission
Daniel Kretinsky serait prêt à leur accorder une faveur : leur rétrocéder une part de l’argent récupéré en cédant des actifs du groupe. Un chiffre de l’ordre de 600 à 800 millions d’euros est évoqué. Reste à savoir s’il s’agit du simple transfert du produit de la vente des actifs souverains que l’Etat a annoncé vouloir sanctuariser. Ou des cessions plus lourdes, l’homme d’affaires tchèque s’étant jusqu’ici surtout focalisé sur l’infogérance.
Dans ce scenario, ce découpage pourrait faire les affaires d’un autre prétendant d’Atos : Bain Capital, actionnaire du groupe de services numériques Inetum . Dans sa marque d’intérêt envoyée à Atos, le fonds américain se serait dit prêt à reprendre quelques actifs du groupe s’ils étaient disponibles.
Mais c’est aussi sur ce point que les créanciers et l’homme d’affaires tchèque pourraient diverger : les hedge funds et les banques ont, eux, posé comme condition sine qua non à l’ouverture du capital à un tiers qu’il préserve l’intégrité du groupe. Pour ne pas revenir aux scénarios de l’ère Bertrand Meunier qui ont échoué. Mais aussi « parce que les créanciers estiment qu’un « OneAtos » leur apportera plus de valeur qu’en morceaux », analyse un connaisseur du dossier.
David Layani-créanciers : intérêts alignés ?
Dans cette partie de billard à quatre bandes, le premier actionnaire, David Layani, associé au financier Walter Butler, privilégierait un scenario médian. Le patron de OnePoint souhaiterait conserver l’ensemble d’Atos, du digital au cloud et au cyber, en passant par l’infogérance. Effacer de l’ordre de 3 milliards d’euros de dette suffirait selon l’entrepreneur, rapportent aussi des sources. « Nos intérêts sont parfaitement alignés avec ceux des créanciers », va-t-on jusqu’à affirmer dans le camp de David Layani.
Tout ne va pas se résumer toutefois à combien de dette effacer. Il reste à savoir aussi combien chacun est prêt à mettre sur la table en argent frais. Atos a revu ses besoins à la hausse de 500 millions en quelques jours pour les porter à 1,7 milliard d’euros.
Interrogées, aucune des parties prenantes n’a voulu faire de commentaire.
Vers qui alors penchera le conseil d’administration d’Atos ? L’intérêt social pourrait exiger qu’Atos veuille effacer le maximum de dette, et injecte le maximum de capital à son bilan. Mais au prix d’une découpe ?
A la différence de la restructuration à plus de 6 milliards de Casino où l’homme d’affaires tchèque a pu faire disparaître près de 5 milliards de dette, Daniel Kretinsky n’est pas actionnaire. Et Atos a-t-il les coudées franches face à ses créanciers, qui s’en considèrent déjà les propriétaires virtuels ? Coup d’envoi des hostilités lundi matin, quand Atos lèvera le voile sur les offres. Il y a fort à parier que les propositions des uns et des autres vont évoluer dans les jours qui viennent.
Anne Drif, Gwénaëlle Barzic
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/coup-denvoi-a-la-bataille-pour-le-controle-datos-2093145