DES ACTIONNAIRES D’ATOS RÉCLAMENT LE DÉPART DE BERTRAND MEUNIER, SON PRÉSIDENT (BFM Business)

Bertrand Meunier est au cœur des critiques depuis la déroute boursière du groupe d’informatique. Des investisseurs tentent de se regrouper pour convoquer une assemblée générale.

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Cette fois, c’est la guerre entre la direction d’Atos et ses actionnaires. Depuis l’annonce de la scission du groupe et le départ du directeur général Rodolphe Belmer, l’action du groupe de services informatiques est en chute libre. Elle a perdu 60% et enchaine les records à la baisse. De nombreux actionnaires sont furieux contre le conseil d’administration, comme l’a rapporté Le Monde. Et quelques-uns passent à l’action. Selon nos informations, une poignée d’investisseurs discutent depuis quelques semaines pour faire bouger les choses.

Parmi eux, un entrepreneur qui ne digère pas d’avoir perdu plusieurs millions d’euros en investissant dans Atos. Hervé Lecesne, fondateur de la société agroalimentaire Nactis, mène la fronde.

« Atos est une très belle entreprise qui ne mérite pas ce massacre en bourse. Je suis d’autant plus déterminé que j’ai investi mes fonds personnels, explique Hervé Lecesne. Je ne suis pas seul à demander une évolution de la gouvernance: j’en discute avec plusieurs autres investisseurs ».

Autour de lui, il y a notamment un jeune fonds activiste, Sparta Capital qui est devenu récemment actionnaire d’Atos. Son patron, Franck Tuil, s’est fait un nom chez le géant américain Elliott, qui avait investi dans Pernod Ricard et Altran.

Les grands gestionnaires se manifestent aussi

Hervé Lecesne cible la gouvernance d’Atos et son président Bertrand Meunier. Il pèse moins d’1% du capital mais compte fédérer d’autres investisseurs pour atteindre 5%. Un seuil symbolique qui lui permettrait de convoquer une assemblée générale extraordinaire (AGE) et d’inscrire la révocation du conseil à l’ordre du jour. Il n’en est pas encore là mais peut compter sur des investisseurs institutionnels plus silencieux mais tout aussi furieux contre la direction d’Atos.

Sycomore AM en fait partie. La société de gestion ne détient que 0,5% du capital, selon Bloomberg, mais elle a, selon nos informations, écrit au conseil d’administration d’Atos et engagé une discussion avec lui. Contacté, Sycomore n’a pas souhaité commenté nos informations. De son côté, Montségur Finance ne participe pas à la fronde mais ne cache pas son mécontentement contre le management. « On se manifestera en assemblée générale, prévient son patron François Chaulet. Il faut que la direction s’intéresse plus aux métiers d’Atos pour les développer ».

Les fonds activistes en embuscade

Un grand investisseur comme Amundi ne communique pas mais ne décolère pas non plus.

« Nous sommes l’un des plus gros gestionnaire européen et Atos ne prend même pas le temps de répondre à nos appels, c’est hallucinant » s’indigne un gérant de la filiale du Crédit Agricole.

Depuis deux ans, Atos est aussi la cible régulière de fonds activiste. Mais ils n’osent pas lancer de campagne de peur de se heurter à l’Etat français qui surveillent les activités stratégiques de cybersécurité. Beaucoup ont étudié le « cas Atos »: Amber, CIAM, Bluebell, Atlantic ou Weinberg Capital. La crise aigüe que traverse Atos pourrait les encourager à reconsidérer un investissement. « A 10 euros l’action et avec tous les investisseurs qui veulent faire sauter la gouvernance, on va se pencher de nouveau dessus » prévient le dirigeant d’un grand fond activiste. Le conseil d’administration d’Atos est prévenu: ses actionnaires ne lâcheront rien.

Matthieu Pechberty
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