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Elie Girard va succéder à l’ex-ministre devenu candidat de la France pour la Commission européenne. Il hérite d’un groupe largement remodelé, qui vient de retrouver la croissance sur son activité principale.
Par Florian Dèbes
« Et maintenant, Elie, la scène est à vous. » A chaque présentation des résultats trimestriels du groupe Atos, Thierry Breton avait pris l’habitude de cette formule pour céder la parole à celui qui fut tour à tour son directeur financier, puis son directeur général adjoint et, depuis mars 2019, directeur général délégué du groupe informatique français. Ce jeudi, ces mots ont pris un tout autre sens quand le PDG a annoncé sa démission en vue de rejoindre la Commission européenne.
Fidèle parmi les fidèles, Elie Girard deviendra officiellement directeur général d’Atos le 1er novembre prochain. Thierry Breton restera président du conseil d’administration, jusqu’à ce que sa candidature soit approuvée par le Parlement européen – qui a déjà retoqué trois candidats, dont la Française Sylvie Goulard. En cas d’approbation par les élus de Strasbourg, le plan de succession du groupe prévoit que l’actuel directeur général de CVC Capital Partners, Bertrand Meunier, prenne la présidence du groupe. Il est administrateur d’Atos depuis 2008.
Un groupe largement remodelé en dix ans
En Bourse, l’action Atos a pris 9,87 % ce jeudi. « Elie a été très bien préparé pour le poste et spécialement par moi », a souligné Thierry Breton auprès des analystes. Les deux hommes se connaissent depuis des années. A Bercy, Elie Girard était le conseiller technique chargé des finances publiques, un sujet qui a considérablement mobilisé Thierry Breton, devenu ministre de l’Economie à la fin du quinquennat de Jacques Chirac (2005-2007). C’est après sept ans chez Orange (il fut directeur de cabinet de Didier Lombard, puis de Stéphane Richard puis membre du comité exécutif chargé de la stratégie) qu’il a rejoint son mentor en 2014 chez Atos.
A quarante et un ans, Elie Girard hérite d’un groupe largement remodelé par son prédécesseur arrivé à la tête d’Atos en novembre 2008. Après les acquisitions des activités informatiques de Siemens en 2010, puis de l’icône française Bull et enfin d’une des branches de Xerox en 2014, Atos avait déjà doublé de taille. A coup de programme de réduction des coûts et d’externalisations parfois mal vécues par les syndicats, les entités rachetées ont ensuite repris des couleurs pour constituer ensemble un champion européen des technologies. Empêché par Thales de s’offrir le spécialiste du chiffrement Gemalto en 2017, Atos s’est peu après penché sur le marché de l’automatisation des tâches informatiques en acquérant la société indienne Syntel pour 3,4 milliards de dollars.
Retour de la croissance sur les activités « Infrastructure »
En parallèle, Atos s’est désengagé de Worldline, une rentable activité de services de paiement introduite en Bourse en 2014. D’après le plan stratégique du groupe, l’ambition est maintenant de se développer dans la cybersécurité et l’analyse de données tout en continuant de se positionner dans la course aux supercalculateurs et aux simulateurs quantiques.
« Atos va beaucoup plus vite que ses concurrents sur ces marchés », appréciait ce jeudi Elie Girard en commentant les résultats du groupe pour le troisième trimestre. Sur l’ensemble de ces activités, le groupe revendique 1,8 % de croissance organique par rapport à la même période l’an passé, à 2,77 milliards de recettes. En difficulté depuis plusieurs années, l’activité principale du groupe, « Infrastructure et Data Management », a même retrouvé la croissance alors que ses équipes américaines reprennent du poil de la bête sur le marché du service d’installation, d’orchestration et de maintenance de serveurs informatiques.
Florian Dèbes
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/passation-de-pouvoir-chez-atos-en-vue-du-depart-de-thierry-breton-1142743