Pourquoi les attaques contre Nourdine Bihmane sont innapropriées, voire malsaines, et ses incentives tout à fait dans la norme anglo-saxonne (Article-blog)

 

Je n’ai pas tourné ma veste et je suis toujours contre cette cession spoliatrice avec subvention de 1 milliard versée par Atos à Kretinsky.

Mais, Daniel Kretinsky est tchèque, même si francophile, et il fonctionne plus selon les usages anglo-saxons que français.

1/ selon mes informations internes, Nourdine Bihmane, à défaut de pouvoir négocier des incentives pour les 50 000 salariés, a négocié des incentives pour l’ensemble du top 30 des high et middle-managers de TFCo. Il n’a pas joué solo et c’est à son honneur.

2/ Pourquoi les incentives perso de Bihmane sont plus élevées que celle des autres ?

3/ Le fait de se poser la question est, pardonnez-moi chers lecteurs, assez naïf.

Ca reviendrait à dire « pourquoi Bertrand Meunier touche une rémunération plus élevée que les autres membres du board, à dire pourquoi le DG touche un salaire plus élévé que le DGA, à dire pourquoi le DGA touche un salaire plus élevé que le directeur commercial, etc…

Chers actionnaires, ne vous égarez pas. Chez Apple, Tim Cook touche 10 fois plus que le n°2 ! Les incentives suivent simplement la hiérarchie des salaires.

Quand bien même, vous me diriez : « Nourdine ça n’est pas Tim », je vous répondrais « certes mais le n°1 de TFCo ça reste Nourdine et Tim c’est pas 4M€, mais c’est 70M€ d’incentives par an, soit 350M€ sur la période comparable. Quand à Tim Cook, ce sont des incentives quasi-sûres d’être atteintes, car Apple n’est pas en mode recovery incertaine, au contraire de TFCo. »

Est-ce que cette rancœur vient qu’il est d’origine marocaine et de première génération ?

Est-ce qu’un Français né au Maroc avec 22 ans dans la boite devrait toucher moins que Diane Galbe née en France et avec 1 an et 4 mois dans la même boite ?

Et je suis loin d’utiliser le blog pour prêcher l’immigration, à titre personnel, je suis plus pour l’immigration choisie, comme dans le pays où je réside, la Thailande dont il ne viendrait à personne l’idée de traiter ce pays de fasciste.

Donc, rassurez-vous, je ne suis pas en train de faire de la politique, je suis juste un agacé contre cette croisade inutile anti-incentives, alors que ces incentives sont pourtant tout à fait logiques en cas de rachat d’une société où l’on veut sécuriser la présence du top management post-rachat et que du coup, chers lecteurs vous vous trompez de combat. Le vrai combat c’est pourquoi Atos subventionne Kretinsky en lui donnant 1 milliard pour reprendre Atos.

Nourdine Bihmane et Bertrand Meunier sont opposés sur tout de même que Meunier s’opposait à toutes les décisions de Belmer. En quoi les incentives promises par Kretinsky pourraient influencer Bihmane alors que le CA ne fait que le court-circuiter depuis 6 mois, en négociant la vente de TFCo dans son dos avec une annonce de la vente le jour de son Capital Market Day et vous avez tous vu à quel point il était déstabilisé en montant sur l’estrade de savoir que le CA avait tranché sans le consulter.

Toutefois, quand je parle d’une logique à « incentiver » le top-management de TFCo, je parle du top management qui a un présentiel important dans Atos (de l’ancienneté pour faire simple) et qui sont indispensable au fonctionnement de TFCo.

Par contre ne me demandez pas de défendre les incentives de Diane Galbe… Là c’est un tout autre débat et je regrette que Médiapart n’ait pas plus fait la part des choses.

Et, ne croyez pas non plus que j’ai changé de camp, je suis toujours contre la cession de TFCo à Kretinsky, sauf si elle était faite pour l’euro symbolique, ce qui aurait été un pis-aller, mais là, elle est subventionnée via un chèque de 1 millard à Kretinsky.

Ces incentives sont encore plus logique dans le deal TFCo, que dans un autre deal, car avant 2 ans, Kretinsky ne pourra pas payer des hauts salaires pour sécuriser le top management, voir le contraire, il devra certainement plafonner les salaires pour sécuriser le FCF. C’est donc une stratégie de rémunération globale.

Si New-TFCo n’a pas les moyens de payer des gros salaires, son seul moyen de garder ses cadres, c’est de les motiver par des plans d’incentives à terme. C’était donc son seul et unique moyen à disposition pour sécuriser le top management, les hommes tels que Bihmane DG, Van Doren DGA, Pilcher CFO, Barbet CEO infrastructure & Cloud, etc …

Concentrez donc votre courroux non pas sur les piliers de TFCo, qui sont dans la boite depuis 10 ans ou plus et qui ont eu le mérite de ne pas céder aux sirènes de la concurrence, mais sur ceux qui sont dans TFCo depuis peu de temps ou seulement quelques années et n’en sont pas des piliers. Vous trouverez tous les noms vous-même.

Et SURTOUT ne vous trompez pas de combat. Le problème ne sont pas les incentives, mais le fait qu’on fasse un chèque de 1 Md€ à Mr Kretinsky et que Meunier nous fasse croire que Kretinsky reprend 1.9Md€ de passif sans reprendre les 1.9Md€ d’actif correspondants.

Petite anecdote pour détendre l’atmosphère. J’ai discuté avec un employé il y a quelques jours et je lui ait dit « le gars qui a pondu le communiqué de presse, il faut lui donner une médaille!! Réponse : « je te rassure Marc, il y a 5 personnes qui ont bossé dessus » 😀

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Même si Edwy Plenel a quitté les mouvements trotskystes de sa jeunesse, et qu’il est passé entre-temps par la direction Du Monde qui lui a donné un style éditorial plus neutre, il n’a jamais fait secret de valeurs personnelles, très à gauche, et donc il est dans la tradition franco-française au sujet de la détestation des gros salaires (même s’il a touché 2.9M€ pour ses parts dans Médiapart. Lire le brulot de FOG à ce sujet dans Le Point. Donc fondamentalement personne ne déteste l’argent), même si en parallèle, j’aime lire Edwy Plenel et le personnage est attachant.

L’attaque « organisée » de plusieurs médias et soutenue par les réseaux sociaux contre Nourdine Bihmane me parait insensée, tout comme la critique du montant des 25M€ d’incentives qui est un montant théorique maximal conditionné à 5 ans de présence et au fait que TFCo arrivera en 2028 à une MOP de 8% et un CA de 5 Md€ contre 3.9 Md€ au démarrage de new-TFCo et absolument pas une somme en cash.

C’est aussi conditionné aussi au fait que New-TFCo à terme soit mis en bourse pour qu’ils puissent vendre leurs actions dans 5 ans… Donc beaucoup beaucoup beaucoup de si… et très loin d’être des espèces sonnantes et trébuchantes.

Ces 25M€ si une des deux conditions devait ne pas se réaliser, pourrait se transformer en 5M€, c’est-à-dire 1M€ par an d’incentives , ce qui est plutôt dans la fourchette basse d’un DG du SBF120 voire se transformer en zéro si TFCo est à 6% de MOP en 2028 et à 4Md€ de CA.

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Enfin, je suis en désaccord total avec Médiapart sur le point particulier lié au fait qu’un tel accord devrait être signé seulement après le deal, sans pour autant nier les qualités d’investigation de Martine Orange, connues et reconnues par tous, qui à force de ténacité avait fait tomber Jean-Marie Messier en 2002.

Je ne suis pas journaliste, mais j’ai un Master en Management, et Martine un DEA de littérature, donc en journalisme je rends les armes, mais en finances, je ne suis pas novice en la matière. Aussi, même s’il n’y a pas marqué « Médiapart » sur mon front, je peux avoir un avis solide sur la question et je reste persuadé que Médiapart qui a UN ÉNORME MÉRITE d’avoir enfin ouvert la porte de pandore Atos, sur ce sujet des incentives Bihmane et ce sujet uniquement va trop loin.

Imaginez un seul instant que Nourdine soit sollicité par Cap ou par Sopra, ce qui serait DE TRÈS LOIN l’option la plus secure pour lui et qu’il refusait ces sollicitations prestigieuses pour suivre Kretinsky en janvier sans proposition écrite en mains. Puis, qu’au moment de signer le deal, Daniel Kretinsky, change d’avis sous la vindicte populaire et qu’il se retrouve avec des conditions moins favorables dans new-TFCo que celles que lui auraient proposé Cap Gemini ou Sopra.

Vous imaginez ensuite Nourdine Bihmane après leur avoir dit non, retourner voir Cap ou Sopra et leur dire « bon, finalement, j’ai réfléchi… » Vous imaginez le ridicule…?

En plus, ce n’est pas de la spéculation de supposer que Nourdine Bihmane soit régulièrement sollicité par d’autres ESN, mais plutôt du bon sens. Il y a pénurie entre l’offre et la demande.

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CONDITIONS DE SIGNATURES USUELLES DES INCENTIVES PRÉALABLEMENT A UNE ACQUISITION

J’ai une expérience presque personnelle à ce sujet. Mon frère qui travaillait dans une start-up californienne qui a été rachetée il y a 10 ans par Google. Durant les négociations, tout le staff de Google a débarqué dans les locaux pour une journée d’intenses discussions avec les cadres, et préalablement à la signature du deal global, chaque cadre s’est vu proposé un deal individuel incluant leur futur salaire (supérieur à l’actuel), et des incentives sous condition de présence, pour que Google ne se retrouve pas avec une coquille vidée de ses cerveaux.

Et c’est seulement lorsque Google a eu en main tous les deals individuels signés avec salaires et incentives post-acquisition, que Google a signé l’acquisition de la start-up en question.

Il est donc non seulement normal, mais indispensable que Kretinsky veuille sécuriser la présence future des principaux cadres dirigeants de TFCo une fois l’entreprise achetée et c’est non seulement logique et indispensable qu’il le fasse avant l’acquisition, désolé là-dessus Martine, je suis en désaccord total avec vous.

Encore une fois ce qui n’est pas normal ce ne sont pas ces incentives (sauf pour deux personnes) mais le millard de subvention de Atos à Kretinsky. Discuter de ces incentives c’est se tromper de combat. C’est pris à charge par Kretinsky l’important c’est d’annuler le deal global. Si le deal est annulé, les incentives deviennent caduques.

Quand Nourdine a repris TFCo, la marge était négative de -2%, elle est aujourd’hui positive de 3%, même si les mauvaises langues diront qu’il y a beaucoup de charges exceptionnelles qui majorent un peu artificiellement la MOP, je suis totalement transparent à ce sujet pour ne pas être taxé d’aveuglement vis-à-vis de Nourdine Bihmane, apprécié aussi de la plupart des membres du forum, oui selon moi, la MOP réelle est plutôt autour de +1%, mais c’est toujours nettement mieux que -2%.

Les charges exceptionnelles, c’est par exemple, des pénalités de ruptures de contrats récents (2020) qui sont dans la rubrique « du ROP au RN » alors que certaines de ces charges devraient être dans les charges d’exploitation. On ne peut pas tout passer en charges exceptionnelles (une des raisons du départ de Nathalie Sénéchault, un non à Meunier pour continuer d’habiller les comptes) sur le simple principe que c’était un autre DG qui était aux commandes d’Atos au moment où les contrats ont été signés. Aussi je ne donne pas un blanc-seing à la direction de TFCo, mais je considère que la direction de TFCo est un ACTIF de TFco et pas des simples noms dans un organigramme. Il est donc logique que Kretinsky veuille sécuriser cet actif.

Je cite un extrait d’un mail interne d’un employé de TFCo datant de janvier :

« …Depuis que Nourdine a pris les rennes de TFCo, tout a changé, on a retrouvé gout au travail… »

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Certains membres du forum ou de celui de Boursorama ont dit « Nourdine a menti aux actionnaires« .

Oui, Nourdine a menti aux actionnaires, sous ordres de la présidence, mais je peux vous dire de source interne qu’il ne le fait pas de gaité de cœur et que les relations entre les deux hommes sont devenus GLACIALES d’après ces mêmes sources internes.

Un chef de projet m’a rapporté la phrase suivante qu’il tenait de son chef qui lui-même aurait entendu Nourdine dire dans une réunion (le téléphone arabe 😀 ) : « si le deal est rejeté par les actionnaires, hors de question que je continue à travailler pour Meunier, je me casse. »

Propos à prendre avec les précautions d’usage, car pas de première main, et sans faire de jeux de mots, vous connaissez tous la déformation du téléphone arabe 🙂

Maintenant, chers lecteurs, lisez-moi attentivement :

Vous avez quasiment tous reproché à Rodolphe Belmer qui ne pouvait plus pifrer Meunier, d’être parti au bout de 6 mois avec son parachute doré.

Belmer a refusé de mentir aux actionnaires sous ordre de Meunier et refusé de dire que le plan de scission c’était bien, alors qu’il pensait le contraire, et vous lui avez reproché d’être parti et d’avoir fait chuter le cours de bourse.

Bihmane, pour l’instant continue à effectuer sa fonction, donc à obéir à Meunier, car il sait que son départ ferait perdre 20% à l’action. Donc il coopère et fait ce qu’on lui dit de faire, mentir sur ordre, et vous le lui reprochez aussi.

Chers actionnaires lecteurs, il faut savoir ce que vous voulez ?

Que Nourdine dise à Meunier, « désolé Bertrand, je ne suivrais pas vos instructions, j’ai l’impression déplaisante d’être dans une voiture dont le conducteur accélère à chaque virage et d’être assis à la place du mort. Tout ce que je demande est que cela ne se termine pas dans la honte et que vous partiez sur le champ. »

Puis, qu’ayant dit ça, il soit viré pour faute lourde et que le cours descende à 5€ ?? Est-ce cela que vous voulez ?

Nourdine Bihmane est dans la situation d’un homme qui n’a jamais pris de cours de gymnastique et à qui on demande tous les jours de faire le grand écart  en arrivant au bureau. Bihmane est dans la situation d’un homme pour lequel on trouve normal qu’il ait un salaire plus élevé que son directeur des ventes (salaire validé en AG par les actionnaires), mais pour lequel on voudrait qu’il ait le même montant d’incentives en action gratuites à terme, que son directeur des ventes, que son DRH,… alors que les incentives sont toujours proportionnelles au grade dans la hiérarchie de l’entreprise et qu’il sera le nouveau n°1 de new-TFCO propriété de EPEI, c’est-à-dire le grade le plus élevé dans l’organigramme.

Et si on arrêtait pour une fois ces mauvaises habitudes franco-françaises de dégouts des personnes talentueuses qui gagnent de l’argent.

Post Scriptum :

Martine Orange m’a prêté dans l’article Mediapart des propos inexacts et qui sont un montage de propos sortis à des moments différents d’un échange téléphonique d’une heure. Malgré le professionnalisme de Martine Orange dans son travail d’investigation, je regrette qu’elle ait quelque peu caviardé mes propos.

Ainsi, ma seule phrase concernant de la corruption était la suivante :

« Pour Diane Galbe, on peut se poser la question d’une éventuelle corruption passive, mais c’est compliqué de parler de corruption active dans la mesure où le package d’incentives peut valoir zéro à terme. Par contre, ce qui est sûr, c’est qu’on est dans une situation de conflit d’intérêts caractérisée dans la mesure où Meunier l’écoute beaucoup et que son rôle est de diriger la scission, et les incentives qu’elle aura avec Kretinsky sont bien bien plus élevées que celles qu’elle a dans Atos si elle restait côté Eviden, qui sont de 19 000 actions sous 3 ans. »

Voilà mes propos réellement tenus et modifiés dans l’article de Médiapart. Déclaration sur l’honneur.

Je précise aussi que c’étaient des propos tenus en off et on ne m’a jamais fait comprendre qu’ils allaient être cités dans l’article, et n’ont pas été soumis à ma relecture, comme c’est l’usage, lorsqu’il s’agit de citer des propos en off.

Enfin et surtout, l’essentiel de la discussion a porté sur le milliard d’euros versé par Atos à EPEI (Kretinsky) et alors là, pour le coup, c’est facile de citer « Marc » mais d’appeler un chèque de 1 milliard à Kretinsky « un chèque de 1 milliard à Kretinsky », là ça tourne vraiment autour du pot côté Médiapart. Pourtant c’est écrit dans le communiqué de presse, dans les slides et dans la conf-call.

Mais je n’ai aucun doute que Mediapart, média très professionnel, ayant réalisé l’article dans l’urgence se fera plus précis dans des articles qui ne vont pas manquer de suivre et je les remercie sincèrement d’avoir cité l’initiative de la création de l’Udaac.

Certains acteurs du dossier étant encore en congés, on imagine que Médiapart, fera un deuxième, voire un troisième article en étant plus précis sur tous ces points évoqués et se fera confirmer mes propos.

Quant à moi, c’est assez surprenant de me citer en précisant « il souhaite rester anonyme », tout en citant deux points qui m’identifient à 100%. En effet, il n’y a pas 36 000 « Marc créateur de L’Udaac ». J’ai aidé bénévolement à la rédaction d’un article et il va maintenant me falloir dépenser des frais d’avocats, pour protéger mes intérêts le cas échéant.

Coup de Gueule de Map

Le 27/08/2023 à 15h.

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1 Comment on "Pourquoi les attaques contre Nourdine Bihmane sont innapropriées, voire malsaines, et ses incentives tout à fait dans la norme anglo-saxonne (Article-blog)"

  1. Cosmic Gate | 28/08/2023 at 11:53 |

    La différence entre Belmer et Bihmane, c’est le temps passé dans la boite. Belmer s’est confronté à un président là depuis X années qui ne lui laissait pas les mains libres pour oeuvrer à la restructuration, vous ne voulez pas de moi Ciao. Bihmane lui bosse pour Atos (particulièrement Tfco) pour que l’organisation ait un avenir, il a grandi avec. Forcément il est obligé de composer avec Meunier et il est prêt à avaler plus de couleuvre que Belmer. Personnellement, je ne tiens pour responsable de la situation, ni l’un ni l’autre.

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