Les grandes agences de conseil en vote recommandent de voter contre l’approbation des comptes annuels du groupe informatique. En avril, ces derniers ont fait l’objet d’une réserve de la part des auditeurs.
La pilule n’est pas passée auprès des actionnaires d’Atos, et l’assemblée générale qui aura lieu mercredi s’annonce houleuse. Début avril, le groupe informatique a averti les marchés financiers que ses commissaires aux comptes avaient émis des réserves sur les comptes 2020. Contraints par le temps, ces derniers n’ont pas été en mesure de réaliser « l’ensemble des travaux nécessaires afin d’obtenir des éléments suffisants et appropriés » pour lever définitivement leurs doutes sur certaines entités américaines. Ces dernières représentent 11 % du chiffre d’affaires d’Atos.
Les auditeurs émettent très rarement des réserves sur les comptes d’une société cotée, surtout quand il s’agit d’un groupe du SBF 120, car les conséquences en Bourse sont très graves. En général, ces problèmes sont réglés en toute discrétion et ne sont pas rendus public.
Depuis avril, le titre a perdu 17 %
Depuis cet épisode, le titre Atos a reculé de 17 %. A cet événement vient s’ajouter un chiffre d’affaires du premier trimestre en repli, dont la publication il y a trois semaines, n’a pas été bien accueillie non plus. Il fait suite à une autre secousse boursière, début février, liée à des fuites évoquant un projet de rachat de DxC finalement abandonné.
Lors de son assemblée générale (AG), certains actionnaires pourraient ne pas approuver la résolution 2, qui porte sur les comptes annuels. ISS (Institutional Shareholder Services) et Glass Lewiss, les deux grandes agences américaines de conseil en vote ont émis un avis négatif sur cette résolution. Elles sont très influentes auprès des investisseurs. Sur les rémunérations, par exemple, on estime que les résolutions qui font l’objet d’une recommandation négative de la part de ces dernières partent avec 25 % de supporteurs en moins.
D’ores et déjà, le fonds souverain norvégien, le plus gros au monde , qui détient plus de 2 % du capital d’Atos, a indiqué qu’il n’approuverait pas les comptes annuels. Selon lui, le rapport annuel ne donne pas une présentation juste, sensée et claire de la société. Le doute existe sur les états financiers et il est difficile d’estimer les risques afférents.
Selon l’Agefi, le fonds canadien Ontario Teachers, l’américain Calvert (une filiale d’Eaton Vance) ou bien encore l’australien Local Government Super qui votent par correspondance ont déjà voté contre l’approbation des comptes consolidés 2020. C’est aussi le cas du fonds français Spinecap, cofondé et dirigé par Nicolas Ducarre.
Pas d’impact sur l’activité du groupe
Si la résolution est rejetée, cela n’aura pas d’impact réel sur l’activité du groupe. Pour être approuvée, la résolution n’a besoin de recueillir que 50 % des voix. Mais si elle est approuvée à moins de 80 %, le signal adressé à la direction sera tout de même que les investisseurs sont devenus méfiants.
En France, pour l’instant, seul Visiomed, le spécialiste de la santé connectée, a vu ses comptes annuels rejetés par ses actionnaires. C’était à l’assemblée générale de 2019 et la société vivait une période très compliquée : d’anciens dirigeants étaient poursuivis en justice. Certaines sociétés ont vu leurs comptes annuels approuvés de justesse, comme Archos, Genfit en 2020, et Auplata en 2017. Ce sont toujours des petites sociétés, et non des mastodontes comme Atos qui est dans le CAC 40.
Autre résolution (la numéro 15) qui sera scrutée de près lors de l’AG d’Atos, celle sur les ambitions de la société en matière de décarbonation. Après Vinci, début avril, les actionnaires d’Atos seront consultés sur ce point. Chez Vinci, la résolution a été adoptée à plus de 98 % par les actionnaires.
Laurence Boisseau
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