Vers une semaine sous haute tension pour Atos (L’AGEFI)

La société de services informatiques aux 112.000 salariés devra défendre ce mercredi, en AG, son projet de scission en deux entités, sur fond de contestation par des actionnaires minoritaires. Une résolution a été déposée demandant la révocation du président du conseil d’administration, Bertrand Meunier .

 

Réservé aux abonnés. La mise à disposition sur le blog a pour seul but de compiler plus de 250 articles Atos au même endroit, mais ne vous dispense pas de vous abonner aux revues payantes préalablement à leur lecture.

La semaine qui s’ouvre sera décisive pour Atos. Le groupe français de services informatiques tient, le 28 juin, son assemblée générale à son siège social, à Bezons (Ile-de-France). Il devra y défendre son plan stratégique, son projet de scission en deux entités, dévoilé il y a tout juste un an. Le tout dans une atmosphère oppressante : rarement le groupe aura connu une telle bataille de communication, émaillée, ces dernières semaines, de prises de positions parfois brutales de la part de la direction et d’actionnaires minoritaires. Plusieurs sujets épineux figureront à l’ordre du jour.

«Big bang» dans l’organisation de l’entreprise

C’est le coup d’envoi du grand chantier organisationnel annoncé par la firme aux 112.000 salariés à la mi-juin 2022 qui sera réellement donné lors de cette AG : Atos compte se séparer en deux sociétés distinctes. Une forme de démantèlement de la firme tricolore telle que construite par l’ancien PDG emblématique du groupe, Thierry Breton, parti en novembre 2019 à la Commission européenne.
La première entreprise, qui conserverait le nom d’Atos, regroupera les activités historiques de gestion d’infrastructures de centre de données. La seconde société prend le nom d’Eviden (initialement Evidian) et rassemblera les activités liées à la transformation numérique, de cloud, ainsi que celles de big data et sécurité (BDS).

Comme il l’avait annoncé il y a pile un an, le 14 juin 2022, le groupe s’est engagé vis-à-vis des investisseurs sur un calendrier de 12 à 18 mois. Donc cette scission pourrait être bouclée au cours du second semestre 2023, avec la cotation d’Eviden d’ici à la fin de cette année.

Les actionnaires actuels d’Atos conserveraient 70% du capital d’Eviden. Le produit de la mise sur le marché des 30% restants permettrait de financer les coûts de restructuration du périmètre restant d’Atos, Tech Foundations, évalués à 1,1 milliard d’euros, a indiqué l’ex-directeur général d’Atos Rodolphe Belmer, en juin 2022, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.

Le devenir de ses principaux actifs, Tech Foundations et Eviden

Quel devenir pour Tech Foundations, sa division – déficitaire – d’informatique traditionnelle ? Certes, le 7 juin dernier, le groupe a relevé les ambitions à moyen terme de sa branche : sa marge opérationnelle devrait atteindre entre 6 et 8% en 2026, tandis que le flux de trésorerie disponible avant intérêts et impôts devrait devenir positif en 2025.
Selon les informations du Monde et de BFM Business, le groupe serait en discussions depuis plusieurs mois avec l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky pour lui céder cette entité. Début juin, BFM Business indiquait que «Atos serait prêt à laisser environ 600 millions d’euros de cash dans les comptes de sa branche pour que Daniel Kretinsky finance sa restructuration».

Atos demanderait également à Daniel Kretinsky d’investir 200 millions d’euros dans l’activité Eviden, qui regroupe les actifs les plus convoités d’Atos, notamment dans la cybersécurité. D’autres se sont intéressés de près à cette entité : le groupe d’aéronautique Airbus, avant de faire marche arrière en mars. Thales et Orange se sont aussi penchés sur les activités cloud et cyber d’Atos.

Vers un plan social ?

Le 7 juin dernier, Nourdine Bihmane, directeur général délégué d’Atos, assurait à la presse que le plan de scission était sur le point d’être achevé dans les principaux pays. La vente de 700 millions d’euros d’actifs, jugée essentielle pour financer le plan de redressement de la société, est presque terminée, indiquait-il.

Dans ce cadre, environ 20% du plan stratégique, d’un montant de 1,2 milliard d’euros, a été réalisé, a-t-il précisé. Or celui-ci implique le licenciement d’environ 7.500 personnes, a précisé Nourdine Bihmane. Quel sera le périmètre de ces licenciements ? Cela ne devrait pas concerner la France à court terme : lors d’un CSE central, il y a un an, la direction s’est engagée à ne pas supprimer d’emplois en France pendant douze à dix-huit mois.

Résolutions contestataires contre la gouvernance

Cette assemblée générale devrait aussi être animée par des actionnaires minoritaires d’Atos qui comptent bien se faire entendre. Plusieurs agissent de concert avec la société de gestion d’actifs Sycomore AM, qui revendique 3% du capital d’Atos. Ils ont manifesté depuis plusieurs semaines, et même depuis plusieurs mois pour Sycomore AM, leurs doutes sur la stratégie et la gouvernance de la firme.
Ils demandent, dans une résolution, la révocation du président du conseil d’administration, Bertrand Meunier. Même si «son mandat court jusque 2024», précisait-on chez Atos, il y a encore quelques mois. Présent depuis plus de 15 ans au conseil, en poste depuis novembre 2019, Bertrand Meunier «a de ce fait une part de responsabilité importante dans la crise de gouvernance» et dans la chute de 80% du cours de l’action en trois ans, pointait la société de gestion dans une lettre adressée à ce dernier, rendue publique le 1er juin.

A lire aussi: Atos réplique aux revendications de Sycomore AM

Dans ses cinq projets de résolutions, Sycomore a aussi demandé la révocation d’Aminata Niane et de Vernon Sankey de leur mandat d’administrateur, et la nomination de Léo Apotheker comme administrateur. L’actuel administrateur de Schneider Electric pourrait ensuite prendre la présidence de l’entreprise.

Depuis le 1er juin, la bataille de communication a enflé. Le 7 juin au soir, le conseil d’Atos s’est prononcé à l’unanimité contre ces résolutions contestataires, affirmant même que la nomination de Léo Apotheker «pourrait nuire à la réputation» de l’entreprise, certains administrateurs d’Atos parlant à la presse de «tentatives de déstabilisation et de dénigrement».

Puis Sycomore AM s’est offert le 19 juin une lettre ouverte dans Les Echos.

Le 24 juin, Sycomore a aussi adressé au président d’Atos une salve de 17 questions écrites, en vue de l’AG, dans une lettre dont L’Agefi a eu connaissance. Il y interroge notamment «la genèse du processus qui a abouti au plan de scission», le nombre de départs de salariés pour les équipes de Tech Foundations et Eviden depuis le 14 juin 2022, les conditions de la cooptation de Caroline Ruellan en tant que nouvelle administratrice indépendante, ou encore, demande des détails sur les comptes 2021 et 2022 de la société.

Sycomore va-t-il rallier d’autres actionnaires à sa cause à l’approche de l’assemblée générale ? En tout cas, ISS et Glass Lewis, les deux agences américaines spécialisées dans le conseil en vote aux actionnaires, recommandent de voter contre les résolutions dissidentes présentées par Sycomore, dans leurs avis publiés le 14 juin.

Proxinvest (filiale de Glass Lewis) de son côté soutient la nomination de Léo Apotheker. Et aucune des trois ne recommande les révocations d’administrateurs.

A lire aussi: Les contestations d’actionnaires se concentrent sur les assemblées générales de fin juin

https://www.agefi.fr/news/entreprises/vers-une-semaine-sous-haute-tension-pour-atos

 

POUR ETRE AUTOMATIQUEMENT AVERTI A CHAQUE NOUVEL ARTICLE PUBLIÉ SUR LE BLOG, inscrivez vous à la NEWSLETTER, y compris pour les membres du forum. L’ESPACE INSCRIPTION est sur page d’accueil en haut de la colonne de droite, juste sous le price-ticker de l’action (sur la version PC du blog).